Sidi Lamine Omar, le Malien chargé des droits humains au sein de la Coordination des mouvements de l’AZAWAD, était de nouveau à la barre du Tribunal militaire de Ouagadougou le vendredi 2 novembre 2018.
Sidi Lamine Omar a-t-il été en contact téléphonique avec le Général Gilbert Diendéré, à qui il a proposé d’apporter un soutien en hommes, dans un contexte où la reddition des éléments du RSP n’était pas complète ? La réponse est oui pour la partie accusatrice, et non pour la partie défenderesse, notamment l’accusé qui reconnaît avoir promis de mourir aux côtés du Général Diendéré.
« Chez nous, dans notre culture arabe, il n’y a rien derrière le fait de dire à quelqu’un qu’on va mourir derrière lui. Nous utilisons couramment cette expression pour exprimer notre amitié envers quelqu’un. J’ai dit ça juste pour apporter mon soutien moral à un ami qui était en détresse », se justifie Sidi Lamine Omar qui a atterri au Burkina Faso pour la première fois en octobre 2013.
Tout comme lors du premier jour de son audition, l’accusé qui se réclame Représentant du Bureau Politique de la Coordination des mouvements de l’AZAWAD, est revenu sur les conditions de son incarcération. « Il y avait de gros moustiques dans ma cellule. Je n’ai jamais vu des moustiques comme cela. En plus, je n’arrivais pas à bien respirer. Je me couchais au bas des portes pour pouvoir respirer », déplore le prévenu malien qui est aujourd’hui en résidence surveillée.
Le missionnaire de la communauté internationale continuera à clamer son innocence dans cette affaire de coup d’Etat dont il est poursuivi pour incitation à la commission d’attentat à la sûreté de l’Etat. « Je n’ai rien à voir dans ce putsch. J’avais souhaité que mes téléphones soient expertisés, parce qu’il y a beaucoup d’éléments qui me déchargent », insiste-il.
Diendéré : « Je n’ai pas voulu laisser entre les mains des subordonnés »…
Le Parquet, se basant sur les expertises réalisées sur les téléphones du Général Diendéré et du Colonel Abdoul Karim Traoré, tente de confondre l’accusé. Mais, les avocats du prévenu soulèvent une objection. Pour Me Aouba Zaliatou, le Ministère public est à court d’arguments concrets imprimant les éléments infractionnels contre son client, puisque les téléphones de ce dernier n’ont pas été expertisés.
L’un des avocats des Parties civiles, Me Guy Hervé Kam, fait observer que l’accusé, dans sa stratégie de défense, a décidé de nier en bloc tous les faits à lui reprochés notamment les écoutes téléphoniques et les SMS. Il revient sur l’amitié qui liait Sidi Lamine Omar au Général Diendéré. « Le Général Diendéré était l’ami de tout le monde, aussi bien au Mali qu’au sein des Mouvements de l’AZAWAD », répond le mis en cause.
Son avocat, Me Michel Traoré, se dit toujours en attente des preuves sur l’incitation à la commission d’attentat. Il est convaincu qu’au moment des faits, plusieurs autorités notamment militaires ont exprimé leur soutien au Général Diendéré qu’il cite en ces termes conformément aux dépositions de celui-ci : « Je n’ai pas voulu laisser entre les mains des subordonnés. Sinon, les conséquences allaient être pires que ce que nous avons connues ».
Me Traoré conclut que du moment où même le Général Diendéré reconnaît n’avoir rien planifié, son client ne saurait l’inciter à commettre quoi que ce soit. Jusqu’à la fin de l’audition de cet accusé, son avocat dit être resté sur sa soif, quant aux éléments de preuve apportés par le Parquet et les Parties civiles. L’audience du jour a été suspendue à 17h moins. Elle reprend le lundi 5 novembre 2018 avec à la barre le Commandant Abdoul Aziz Korogo, Chef de corps par intérim de l’ex-RSP.
A.M.C. avec Burkina 24