Circoncision en milieu bamanan : Le « sehma » est chargé de former le caractère du nouveau circoncis

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Au moment où les nouveaux circoncis sortent du « solimablon » (là où ils étaient internés), ils doivent au préalable subir un « toilettage » de tous les mauvais caractères de leur vie d’adolescents car une fois circoncis, ils passent à la vie adulte, revêtus de vrais caractères reflétant leur maturité.

Autant un « bilakoro » (non circoncis) a n’a pas droit à une épouse, autant il ne peut être initié au « komo » (fétiche). Il faut donc être circoncis pour devenir un véritable homme susceptible de se défendre face aux multiples dangers de ce monde. Aussi, pour être dans les secrets du « komo », qui un rituel initiatique à caractère moral, éducatif et pédagogique pour passer de l’adolescence à la vie adulte. « Nii tè komo la, i tè tiè yé » : « Si tu n’es pas dans le komo, tu n’es pas un homme »).  « Ni muso téi bolo, i ka tièya ma dafa » : « Si tu n’as pas de femme, ton état d’homme n’est pas accompli ». Tout cela pour die qu’un « bilakoro » (non  circoncis) n’adhère pas au « komo » et n’a pas non plus le droit à se marier. Pour prétendre à  une femme en milieu bamanan, il faut non seulement être brave, mais être aussi un homme adulte au sens le plus vrai du terme. Par conséquent, il faut traverser une étape dure, instructive, moralisatrice et éducative sur la vie adulte faite de responsabilité et d’autorité. La circoncision est un mode de vie en communion dans un  même endroit où des adolescents du même groupe d’âge et de la même génération sont assujettis à la même autorité : celle du « sehma », c’est-à-dire le chef des nouveaux circoncis, leur guide, leur maître, celui qui est chargé de leur apprendre la vie adulte et à devenir responsable et autoritaire, bref, un vrai homme mûr.

Une des missions du « sehma » : apprendre au circoncis les bons caractères d’un adulte

Si le circoncis sort du « solimablon » avec un mauvais caractère, alors il ne pourra plus s’en débarrasser jusqu’à sa mort » : ça, c’est selon la sagesse populaire, la tradition ou la légende. C’est pour cette raison que les sages bamamans se sont attelés à faire de la circoncision une cérémonie, un rituel de purge, de toilettage, de redressement du caractère. Dans tous les cas, le circoncis qui vole et ment est considéré comme irrespectueux. Donc, avant, pendant ou après le cérémonial de la circoncision, un  tel impoli ayant tous les défauts continuera à les trimballer jusqu’à la fin de sa vie. Aussi, c’est pour prévenir, de tels mauvais caractères que les sages ont institué un « sehma », un chef, un maître, un adulte de bon caractère et de bonne moralité pour éduquer, moraliser et apprendre aux circoncis les meilleurs caractères possibles pour devenir un adulte et un homme exemplaire. De leur séjour en groupe à leur guérison (les plaies des circoncis durent un mois environ), ce « sehma » se charge d’enseigner les circoncis, tant en théorie qu’en pratique. Il leur conseillera de ne plus voler, mentir,  désobéir ou être paresseux, d’être bon et courageux, d’aimer ses prochains, d’avoir l’instinct d’entraide et, de secours aux autres en danger, etc. Au sortir du « solimablon », le nouveau circoncis ne doit plus porter ses anciens habits qui lui sont désormais interdits. Aussi, il s’habillera en neuf parce qu’il est devenu un nouvel homme qui devra désormais affronter une nouvelle vie de responsabilité. En elle-même, la circoncision est une opération qui consiste à couper le prépuce d’un garçon de moins de 18 ans environ. Quant au pansement et au traitement de la plaie, ils se font en généralement sans danger majeur, quoiqu’on jase par rapport au VIH-SIDA. En fait, sous nos cieux, le forgeron qui pratique cette circoncision est non seulement considéré comme un homme de caste, mais aussi le dépositaire et protecteur de la tradition et du savoir. Et pour toute rétribution, le « noumoukè » (forgeron) n’accepte aujourd’hui qu’un savon et 2000 FCFA par garçon à circoncire.

Abdoulaye Faman Coulibaly

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