En mission à Bamako, nous avons rencontré notre compatriote Kaya Abdoulaye l’Expert en Communication de l’Autorité du Bassin du Niger (ABN). Dans cet entretien qu’il a nous accordé, il fait le point des grandes réalisations de l’organisation sous-régionale qui s’apprête à souffler ses cinquante bougies.
Le Prétoire : 26 novembre 1964- 26 novembre 2014, l’ABN souffle ses cinquante bougies50, pouvez-vous dire que le but assigné à l’ABN par ses pères fondateurs est atteint aujourd’hui?
Kaya Abdoulaye : Avant de répondre à cette question, permettez-moi d’abord de remercier, en tant que chef de mission, le ministre de tutelle, ministre de l’Environnement de l’Eau et de l’Assainissement pour son accessibilité, sa disponibilité et son engagement personnel en faveur de l’Autorité du Bassin du Niger, ce qui démontre l’intérêt des autorités maliennes vis-à-vis du Bassin du Niger. Nous adressons également une mention spéciale au cabinet du ministre, à la structure focale nationale pour la qualité des documents qu’ils ont bien voulu mettre à notre disposition, et les multiples facilités accordées à la mission.
Revenant à votre question, les pères fondateurs, en créant l’Autorité lui ont assigné le but de promouvoir la coopération entre les États membres et d’assurer le développement intégré du Bassin du Niger dans tous les domaines de l’énergie, de l’hydraulique, de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et de la pisciculture, de la sylviculture et de l’exploitation forestière, des transports et communications, de l’industrie.
En effet, après la traversée de la crise financière au cours des années 90 et à la faveur du processus de la Vision Partagée pour un développement durable du Bassin du Niger – lancé à partir de février 2002 par le Sommet des Chefs d’État et de Gouvernement de l’ABN – les pays membres ont manifesté leur volonté politique réelle de coopérer en agissant sur la solidarité pour une gestion concertée et durable des ressources naturelles du Bassin. Suivant cette nouvelle volonté politique, le cadre juridique et institutionnel de l’ABN a été renforcé avec l’adoption de la charte de l’eau et de ses annexes. Cinquante ans après, nous pouvons affirmer avec fierté que le premier but, à savoir la promotion de la Coopération entre les pays membre, est atteint.
Est-ce possible de dresser un bilan des actions de l’ABN en direction des populations en termes de développement intégré du Bassin?
Concernant le développement intégré du Bassin, des actions déterminantes et des évolutions majeures ont été réalisées, permettant de dresser un bilan positif et des perspectives prometteuses : l’amélioration de la connaissance des ressources en eau du Bassin avec le suivi régulier de 105 stations hydrologiques dont 32 plateformes de collecte de données, et la constitution de 9 bases de données au niveau des pays et une base de données au niveau régional, permettant l’échange d’informations entre les pays ; le développement d’outils d’aide à la décision pour la planification des actions et la prévision des évènements hydrologiques extrêmes dans un contexte de changement climatique ; l’adoption du Plan d’action de Développement Durable (Padd) assorti d’un Programme commun d’investissements pour la période 2008 – 2027.
Chiffré à 4.126 milliards de FCFA, le Plan d’Investissement du Padd comporte la réhabilitation d’ouvrages structurants existants (Kainji et Jebba, Lagdo) et la construction de nouveaux barrages (Fomi, Taoussa, Kandadji, etc.), des actions de protection des ressources et des écosystèmes et de renforcement des capacités des acteurs.
Le montant total des annonces faites par les Partenaires Techniques et Financiers représente 1755,51 millions de dollars (USD), dont des conventions signées pour 900 millions de dollars et 158 millions de dollars en cours de mobilisation.
14 projets régionaux (sans barrages structurants) ont été mis en œuvre ou sont en cours : Itdte/FEM (13,5 millions d’USD), Niger Hycos phase 1 (4,2 millions d’Euros), PRC/Acdi (7,5 millions de CAD), Plce- phase 1 (23,09 milliards de FCFA), P-, PLCE- consolidation-Uemoa (2,6 milliards de FCFA), P-Dregde/Banque mondiale (444 millions d’USD), Projet-GIZ « Appui à l’ABN » (7 millions d’Euros), Ffem/OBN-AFD (1,2 millions d’Euros), Ppfn1/KFW-Mali (10 millions d’Euros), Prpip/KFW-Niger (11 millions d’Euros), Gire2/AFD (3,4 millions d’Euros), PRC-BID (0,3 million d’USD), Boad (9 milliards de FCFA), P-Ages (2,5 millions d’Euros).
Trois projets régionaux sont en instance de démarrage ou en préparation : P-Orio (6,83 millions d’Euros), Pidacc/BN (300 millions d’USD), PRC-GRC/Banque mondiale (2,5 millions d’USD).
Dans ce bilan, on relèvera particulièrement l’importance du portefeuille de projets, qui montre bien la confiance des Partenaires Financiers envers l’ABN et ses États membres. Il est vrai que l’ABN, après la traversée de périodes très difficiles, constitue aujourd’hui un modèle d’inspiration en matière de gestion de bassin transfrontalier, aussi bien en Afrique qu’à travers le monde.
Votre mot de la fin?
Aujourd’hui, les États membres et le Secrétariat Exécutif se doivent de maintenir le cap en continuant de susciter l’adhésion des PTF aux actions de l’ABN, lesquelles sont menées au bénéfice de plus de 160 millions de personnes.
En corolaire, nous voudrions demander aux Partenaires Techniques et Financiers de l’ABN, notamment à la Banque mondiale, leur Chef de File, de poursuivre leur soutien à l’Autorité afin de consolider les acquis de la Vision Partagée et surtout de renforcer la résilience des populations du Bassin aux effets néfastes de la variabilité climatique.
Propos recueillis par Nouhoum DICKO