Au moment d’écrire la présente chronique, mille sujets se bousculaient dans ma tête, mais je n’avais encore rien retenu de précis que je pourrais mettre sous les yeux de mes lecteurs que je sais de plus en plus nombreux et exigeants. Tout rédacteur, fut-il abonné aux « chiens écrasés », se doit bien de respecter son audience qui est, d’après ce que je sais, le levain de sa production intellectuelle. Dans mon cas, le choix se fait toujours sur le fil du rasoir, presque à l’ultime moment au-delà duquel je ne rentre plus dans les petits calculs du bouclage. Ceci dit, mon sujet n’est toujours pas marqué au fer rouge et mon esprit continue de gamberger. A ce moment-là, j’ai une idée lumineuse : pourquoi ne pas « tailler » une petite visite » à mon idole, Mister President Donald Trump. Avec lui, pas moyen de sécher, même après une cuite digne des beuveries à la Bacchus. Bingo, en plein dans le mille ! C’est un article du quotidien Le Monde (07/09/2017) qui m’exhorbite les phares : « Zuckerberg contre Trump, l’affiche dont rêve la Silicon Valley ». Encore un scénario digne d’Hollywood qui nous tiendrait en haleine toute une vie si sa trame, que j’imagine des plus complexe, ne nous conduit pas directement six pieds sous terre. Pourtant, selon la correspondante à San Francisco du journal français, Corine Lesnes, ce scénario est du béton et même la Maison Blanche semble y donner du crédit. Au propre comme au figuré, Mark Zuckerberg, à seulement 35 ans, 5ème fortune du monde, pourrait être dans les starting blocks pour la présidentielle américaine de 2020. En somme, le fondateur de Facebook, le réseau social aux deux milliards d’abonnés contre le président sortant, milliardaire et activiste hors norme devant l’Eternel sur le réseau social Twitter. J’en bave et piaffe d’impatience de voir l’échéance du premier mandat du président républicain dont la première expérience de l’exécutif ne semble pas agréger les suffrages de ses concitoyens. Notre consoeur croit savoir que les spéculations, à ce sujet, ont commencé en mai 2016 quand Facebook a créé une nouvelle catégorie d’actions permettant à son fondateur de garder le contrôle de la compagnie même s’il « occupait une charge officielle ». Corine Lesnes croit savoir aussi que les spéculations ont enflé après l’élection de Donald Trump quand le fringant leader de la Silicon Valley s’est embarqué dans une tournée à l’écoute de l’Amérique profonde, ressemblant fort aux book tours (« tournées de campagne ») des prétendants à la Maison Blanche. Depuis, tous les faits et gestes du « Petit Zuck » sont scrutés à la loupe, analysés et décortiqués par les médias, les stratèges politiques, les lobbyistes … et même par la bourse américaine à la fois très friande et très sensible à ce genre d’informations. Notre consoeur précise que, pour mettre en scène son road trip en « Trump country », Zuckerberg a recruté des conseillers politiques, dont l’ancien sondeur de Barack Obama et d’Hillary Clinton, Joel Benenson, et le photographe Charles Ommanney, familier des portraits politiques. Et « la galerie publiée par Facebook n’a rien à envier aux tournées électorales : Zuck dans une église fréquentée par des Afro-Américains, Zuck à la rencontre des camionneurs de l’Iowa, Zuck à son premier rodéo, au Texas. L’ambition est manifestement d’humaniser le très peu charismatique patron de Facebook ». L’article de notre confrère français relève aussi que « Le patron de Facebook s’est fait remarquer par un discours très politique devant les étudiants d’Harvard, où il a plaidé pour un nouveau contrat social ». Le lifting de l’image du jeune homme ne s’arrête pas là : « il a choisi David Plouffe, l’ex-stratège de Barack Obama, l’un des meilleurs connaisseurs de la carte électorale américaine, pour diriger son organisation philanthropique, la Chan-Zuckerberg Initiative (comme le fondateur de Microsoft, il a associé sa femme à ses activités sociales) ». In fine, les politiques tout comme les instituts de sondage américains semblent le prendre au sérieux même si, disent ces derniers, il est encore très mal connu de l’électorat américain. La preuve, « selon une enquête de mi-juillet, 47 % des électeurs n’expriment ni opinion positive ou négative à son sujet) ». Trump et la vieille classe politique américaine sont avertis, un jeune loup aux dents acérées rode dans les environs, prêt à bondir au bon moment pour ravir une mise qui perd de la valeur chez tous les bookmakers. L’analyse de notre consœur semble accréditer la thèse d’un intérêt des démocrates pour une telle sortie du bois du patron de Facebook. En effet, le parti de l’âne (symbole du parti démocrate) serait à la recherche d’un second souffle et accueillerait, avec une certaine bienveillance, l’arrivée d’un Mark Zuckerberg pour redorer son membership. Mais ma consœur me laisse un peu sur ma faim et je sais, d’expérience, que vous êtes du même avis que moi : si le scénario annoncé se réalisait, Facebook permettrait-il à Donald Trump de faire campagne sur sa plateforme ? A vos paris !
Serge de MERIDIO