La pauvreté et l’analphabétisme empêchent la plante démocratique de croître, même si on l’arrose matin et soir. Un éminent homme l’avait dit il y a 20 ans.
L’ancien président français, Jacques Chirac, a déclaré que l’Afrique n’était pas mûre pour la démocratie. Son propos lui a valu, à l’époque, le doux épithète de “négrophobe”; pressés de venir au pouvoir, les opposants africains l’ont soupçonné de sympathie avec les dictateurs du continent. L’histoire donne aujourd’hui raison à Chirac. Depuis 1992, les Maliens pratiquent la démocratie sans savoir ce que c’est. Exactement comme le brave monsieur Vautrin, qui faisait de la prose sans le savoir.
Pour nombre de Maliens, démocratie signifie anarchie. Un régime où chacun fait ce que bon lui semble. Demandez aux gens de Yerewolo Ton: ils vous diront qu’en démocratie, la personne d’un chef de l’Etat, surtout intérimaire, n’a rien de sacré et mérite une copieuse bastonnade. Les politiciens qui, pour assaisonner leur marmite, voulaient coûte que coûte tenir une Convention Nationale croient fermement que la démocratie passe le “ho ha ho”, le diktat de la rue. La race très répandue des courtisans et des laquais, abonnée aux restes de gâteaux du chef, pense que le chef a tous les droits, que les opposants du chef ont tous les devoirs et que quiconque critique le chef ne peut être qu’un “hasidi” (envieux). Beaucoup estiment qu’en démocratie, seule la victoire électorale compte, quels que soient les moyens employés. A leur entendement, les voix des électeurs s’achètent comme au marché Dibida: il suffit, pour cela, de distribuer à tour de bras des sacs de mil ou de poster non loin du centre de vote un marchand de voix muni d’espèces sonnantes et trébuchantes. Ceux qu’on appelle “notables”, les chefs de villages et consorts, ont fort bien compris le système : sachant qu’aucun candidat ne repassera les voir après le scrutin, ils reçoivent tous les candidats avec les mêmes tambours, empochent le traditionnel “prix de cola” (entendez les pagnes et les ballons de campagne) et…boudent les urnes ! Résultat : depuis 1992, le taux de participation électorale n’a jamais atteint 39%. Chez nous, il existe aussi un troisième tour des élections; elle se joue devant la Cour Constitutionnelle, cette très auguste juridiction qui, sans se soucier de ce que les Maliens ont voté sous un soleil ardent, a l’habitude d’annuler des milliers de voix avant de désigner le candidat de son choix. C’est dire que sous nos tropiques, l’élection est plutôt judiciaire: tout candidat qui a les faveurs de la Cour posera ses valises à Koulouba, d’autant que les décisions des 9 sages sont insusceptibles de recours. Enfin, nos soldats croient savoir qu’ils ont le droit de chasser le président de son palais et, en ses lieu et place, de “redresser la démocratie” et de “restaurer l’Etat” (quel programme, wallahi!). En tout cas, ils ont si bien appris leurs leçons de républicanisme qu’à l’exception du très rusé Alpha Oumar Konaré, ils n’ont laissé aucun président terminer son mandat. Modibo Kéita a fini ses jours dans une geôle; Balla, après 10 ans de taule, coule des jours tranquilles au bord du fleuve Niger; quant “Vieux Commando”, il reprend, à Dakar, ses esprits et son souffle pertubés par une longue nuit de fuite.
Dans ce contexte de démocratie tropicalisée où tout bûcheron a sa propre interprétation des lois, il ne sert à rien de pondre des programmes. Les électeurs, majoritairement analphabètes, ont besoin de thé, pas de paperasses. Voilà pourquoi les programmes finissent à la poubelle ou entre les mains des vendeuses de beignets; les plus joliment illustrés sont affichés au mur des toilettes.De toute façon, les promesses contenues dans ces programmes-là n’engagent personne, pas même leurs brillants auteurs, puisque nul ne sait où trouver l’argent nécessaire au financement des milliers de ponts, de routes, d’écoles et de dispensaires promis. Tel candidat promet des millions d’emplois alors que lui-même n’a pas de travail garanti et devra retourner au chômage s’il n’est pas élu. Tel autre jure de doubler les salaires alors que l’Etat, pauvre comme Job, vit de la charité internationale. D’aucuns annoncent une vaste reforme universitaire alors qu’ils éprouvent de la peine à articuler deux phrases correctes en français. Certains parlent de faire venir l’océan atlantique au Mali (rien de moins!), oubliant que l’Etat, depuis 30 ans, n’arrive ni à désensabler le lit du fleuve Niger, ni à éviter les délestages électriques. D’autres candidats, prenant sans doute les électeurs pour du bétail de foire, jurent, la main sur le coeur, de transformer le sable du désert en énergie solaire et de fournir gratuitement l’électricité à tous les citoyens. Bien entendu, du fait de l’analphabétisme ambiant, il se trouve de bonnes âmes pour boire ces paroles mielleuses et voir dans leurs auteurs d’authentiques Père Noël. Et du fait de la pauvreté générale, il se trouve toujours des électeurs pour prendre les biscuits de campagne et voter en conséquence.
Eh bien ! Jacques Chirac avait compris, avant tout le monde, que la démocratie ne s’accommodait pas de la pauvreté et de l’analphabétisme. Ce sont ces deux fléaux qui nous valent, Etat comme citoyens, d’agir constamment en marge des lois, au point de léguer le nord du pays aux jihadistes d’Iyad Ag Ghali. C’est encore la pauvreté et l’ignorance générales qui conduisent des candidats à vouloir nous convaincre que tel aurait travaillé avec le “Vieux Commando” et représenterait l’ordre ancien alors que tel autre représenterait l’ordre nouveau. Balivernes ! De 2002 à 2012, tous les partis politiques qui comptent ont siégé dans les gouvernements du“Vieux Commando”; tous ont mangé et bu à sa table; à ce titre, tous partagent son bilan, en bien comme en mal. L’électeur n’a, en réalité, que l’embarras du choix entre…les disciples, compagnons, et fils spirituels, parents, amis et alliés du fuyard du 22 mars. Même YounoussHamèyeDicko, le très bruyant patron de la Copam 2 a assidûment partagé la marmite du “Vieux Commando”.Il ne commença à ruer dans les brancards que lorsqu’on lui ôta le pain de la bouche. Venir à présent nous parler de changement, de révolution et patati et patata, c’est vraiment nous raconter les fables de La Fontaine !
Tiékorobani
ce texte est d’une pertinence inégalée et d’une évidence indiscutable, et de loin l’un des meilleurs jamais publiés sur MW. il décrit parfaitement l’état d’âme du “citoyen démocrate” malien dans toute sa splendeur.
c’est incompréhensible qu’un peuple répudie si bruyamment un régime jusqu’à soutenir un putsch contre celui-ci, pour ensuite voter aux élections suivantes pour les caciques, les barons et autres ténors du même régime. comme pour narguer tout changement, il pense alors faire du neuf avec du vieux. en effet, les scores cumulés (près de 70%) des trois candidats arrivés en tête au premier tour (par ailleurs représentants des trois partis majeurs ayant accompagné le Généralissime président dans sa gestion consensuelle du pays) en sont une preuve indéniable. heureusement, les règles de la démocratie sont impitoyables, car si c’est le peuple qui élit son président, c’est aussi lui et lui seul qui en récolte très justement les pots cassés. il n’y a rien de hasardeux, à chaque acte sa conséquence, voulue ou subie, immédiate ou lointaine…
Nous osons esperer que IBK se departira des ces pacotilles de “technocrates” de “democrates patriotes et sinceres” de “democrates consensuels” marinés dans les eaux boueuses et nauseabondes de la delinquance financière et impunité! Sinon, LE PEUPLE INVESTIRA LA RUE POUR SE FAIRE JUSTICE. A bon entendeur salut!
BELLE ANALYSE QUE DES VERITES RIEN QUE DES VERITES
qu’avons nous à apprendre de ce piètre ramassis de journaleux , ô combien le ridicule ne tue pas dans ce pays ? ce post à l’allure d’un pamphlet ne dit rien de neuf quand bien même que les choses qu’il rémunèrent sont des faits inéhérents à toutes les société ayant emprunté le dur chemein de la democratie.Le pauvre Tiekorobani Kilibani oublie que l’europe et les USA ont mit des siècles entier pour aller à l’école de la démocratie et que nenni ! c’est pas à nos sociétés de copier in-extenso cette version occidentale de la démocratie qui d’ailleurs couve en son sein beaucoup de travers et de tares CQFD: une démocratie n’est pas l’atteinte d’une sommité car elle est à améliorer chaque jour que dieu ait fait et non à parfaire ! donc que les pauvres journalistes besogneux , nécessiteux et sournois laissent le peuple en paix !
Babylone je ne crois pas vous soyez un intellectuel vous devriez savoir qu’on invente plus la roue vous voulez qu’on attende des années encore pour installer la démocratie on doit s’inspirer de l’expérience des autres pour avancer regarder les pays de l’Amérique latine et de l’Asie qui étaient au même niveau de dictature que nous dans les années 60 actuellement ces pays ont fait un bon considérable en matière de démocratie souffrez souffrez on attendra pas des siècles pour ça le peuple se lèvera
Bien noté,
En parfait accord avec votre analyse des faits, le Mali restera en perpétuel règlement de compte car c’est des prostitués intéllectuels qui en ont la charge depuis l’indépendance. Son image sera toujours terni avec des types de gens comme AOK, ATT et consors que le Mali ne devrait même pas connaitre.
Les cadres du mali ne connaissent que deux choses: Adultère et délinquence financière.
Donc au Mali on ne jure que par la mécréance.
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