Chronique : L’initiation

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L‘initiation! Une pratique séculaire en voie de disparition avec les effets de la modernisation. Nos ancêtres s’y sont référés, dans les sociétés africaines, pour forger l’âme des hommes et des femmes. C’était un exercice, mieux une formation physique, morale et spirituelle à l’issue de laquelle le jeune homme ou la jeune femme était apte à servir la société. L’initiation avait fait des valeurs morales un tremplin de la société, une espèce de miroir dans lequel le courage, la loyauté et la justice se miraient. Puis, les Blancs à leur arrivée, l’ont combattue, nous taxant de sauvages et barbares. Ils ont construit des églises et la parole des “Mon père” a germé dans nos cœurs. Ils ont pris nos terres, inscrit nos enfants à l’école. Ils nous ont appris à lire leur Bible et à prier comme eux. Ils ont rejeté nos fétiches. Ils nous ont enseigné la “bonne parole” comme si celle dont nous nourrissaient les mânes des ancêtres était impie. Nous étions des damnés, et eux sont arrivés en sauveur pour nous libérer de nos chaînes.

Les églises et les mosquées poussent aujourd’hui et les fidèles se comptent par millions. Pourtant, c’est maintenant que notre société traverse des crises sans précédente. Il est de notoriété publique que la morale agonise, si on ne l’a pas enterrée déjà. Elle n’a d’autre sépulture que le mensonge, les détournements, les plaisirs du bas-ventre, etc. On célèbre ses funérailles à coups de champagnes sautés dans des salons feutrés de notre capitale. En campagne, ses résidus sont la preuve qu’il existe encore des gens qui préfèrent crever de faim que de se nourrir à coût de mensonge. Cela nous rappelle la célèbre formule de Sékou Touré qui nous enseigne à “préférer la pauvreté dans la liberté à la richesse dans l’esclavage.” Vivre pauvre et libre, c’est le sens que certains ont donné à leur passage terrestre. Même si cela peut paraître non conforme de ne pas passer à table en ces périodes de vie chère et de vache maigre. Mais la vie chère n’est qu’une conséquence de notre cupidité et de notre égoïsme. Nous en paierons un prix douloureux.

La solution, ce sera le retour aux sources, car “la meilleure façon de vivre digne, c’est de vivre africain”, pour paraphraser Thomas Sankara. Ce qui suppose que nous avons d’abord la volonté de le faire. Les moyens viendront par “l’initiation”. Cette initiation-là consiste à prendre pour exemples, les hommes illustres qui ont existé ou qui existent encore de nos jours. Elle est guidée par l’amour du prochain en religion et la justice sociale en politique. Chacun de nous a la possibilité d’être initié.

L’enseignement civique et la morale ont déjà montré leurs limites. Le maître lui-même n’étant plus une référence, encore moins son inspecteur. En pédagogie, dit-on, l’enseignant n’enseigne pas ce que l’on sait, mais ce qu’il est. Si nous lisons la Bible et le Coran, et si nous mettons en application ce qui y est enseigné, nous serons des initiés. Si nous puisons dans nos valeurs ce qu’il y a d’important, nous deviendrons des initiés. Sans initiation, que d’âmes perdues!

Henri Levent

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