Chronique d’une fin annoncée au CNPM : Le secteur privé, le grand perdant ?

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Depuis quelques mois, le Conseil national du patronat du Mali (Cnpm), ce haut lieu des affaires, jadis connu pour sa notoriété publique, au point de passer comme une véritable institution du pays, est en passe de sombrer dans une féroce bataille judiciaire de leadership qui ne sert pas les intérêts du secteur privé. Un secteur privé qui avait pourtant gagné des marques dans l’échiquier national et qui risque de tout perdre de son crédit, arraché de haute lutte, si la déflagration judiciaire n’est pas arrêtée à temps chez les patrons des patrons. Chronique d’une fin annoncée…

Avant le feuilleton judiciaire qui secoue le Cnpm, et indépendamment du camp où l’on se trouve, il y avait, au Mali, une évidence dans le monde des affaires : grâce à l’entregent et le dynamisme d’un homme et de son équipe, le secteur privé, ces derniers temps, avait progressivement gagné des galons sur l’échiquier national. Au point de faire passer le Cnpm, à peine connu par les Maliens, il y a seulement quelques années, comme une véritable institution nationale, incontournable dans le monde des affaires.

Il a fallu quelques mois de tourmente judiciaire, à partir d’un bicéphalisme imposé à la tête du patronat, pour voir tous les acquis économiques engrangés par le secteur privé partir en fumée. Au-delà de la lutte pour le contrôle du Cnpm, qui met aux prises le président sortant, Mamadou Sinsy Coulibaly, ce capitaine d’entreprises dont l’entregent est connu par tout le monde, et Diadié dit Amadou Sankaré, l’un des vice-présidents du bureau sortant, c’est la fin de la notoriété publique pour le secteur des affaires qui est véritablement en jeu.

Avec le déclin du monde des affaires, à la suite de ce feuilleton judiciaire imposé aux acteurs économiques, c’est en fait une certaine vision du secteur privé qui est ainsi gravement atteinte. Une vision futuriste et dynamique, portée par l’équipe dirigeante du Cnpm, et qui, en dehors des segments réels de l’économie, cherchait à imprimer à la marche même des affaires de la nation, dans sa globalité, une certaine orthodoxie juridico-politique et institutionnelle, susceptible non seulement de crédibiliser la capacité d’action de l’Etat, mais aussi de renforcer la confiance des acteurs nationaux, y compris le citoyen lambda, dans la gestion des affaires nationales, en tant que telle.

Voilà le credo du Cnpm au cours de ces cinq dernières années, où l’on a vu une équipe dirigeante à l’avant-garde du combat contre la corruption et la mauvaise gouvernance, sur toutes ses formes. C’est pourquoi contre vents et marées, et envers tous, le patron des patrons, dans sa quête d’un développement économique harmonieux du pays, n’a pas porté de gants pour dénoncer les manquements à l’orthodoxie financière et économique à travers la gestion des affaires nationales. Ce combat pour l’assainissement public, il l’a placé au cœur de sa vision stratégique pour permettre à l’Etat de jouer pleinement son rôle de régulation de la vie publique.

Eh bien ! Il est clair pour tout le monde, sans aucun parti pris, que le président sortant du Cnpm, Mamadou Sinsy Coulibaly, n’a jamais vouluse hisser à ce poste prestigieux pour en bénéficier, à titre personnel, quelques attributs ou prébendes qu’ils soient. Non ! Loin s’en faut : il est donc de notoriété publique que ce chef d’entreprises hors pair, doublé d’un visionnaire à toute épreuve, lorsqu’il est arrivé à la tête du patronat, il y a cinq ans, était animé d’une vision de refondation de l’univers des affaires dans son pays.

Une action de réformateur au Cnpm, concrétisée par de nombreuses initiatives, aussi courageuses et prometteuses, visant à garantir la moralisation des mœurs publiques. Et cela, dans tous les compartiments de la vie nationale, aussi bien dans la sphère publique que privée. En fait, par sa volonté inébranlable  de changer en profondeur les choses, et les actions hardies qui vont avec, le Cnpm, sous le leadership de cet homme, s’est inscrit dans une logique de création de richesses à la fois diversifiées et pérennes. Cela a permis au pays de s’atteler au seul combat qui vaille pour son futur, celui de son développement économique, partant de l’épanouissement humain de ses citoyens, indépendamment de leur clivage idéologique et sociologique.

A y regarder de près, en dehors des contingences culturelles et linguistiques, les pays qui ont réussi le développement économique au fil des âges et assuré le progrès social à leur peuple, ce sont ceux-là mêmes qui ont su renforcer la conquête des libertés individuelles et collectives des citoyens, tout en garantissant leurs droits sociaux et économiques.

C’était l’option choisie par l’équipe dirigeante du Cnpm, pendant toutes ces années de leadership de Mamadou Sinsy Coulibaly, dont la vision, à long terme, s’acheminait vers la garantie totale de la sécurité alimentaire dans le pays qui est, à n’en pas douter, l’un des axes majeurs de la politique économique qu’il a entreprise à la tête du Patronat. Il s’agit là, au-delà de la rhétorique économique, d’un trait dominant de l’attribut humain, sous tous les cieux ; aucune richesse ne vaut que la garantie de la sécurité alimentaire, à travers l’ensemble national, via les ménages et les communautés.

C’est cette vision futuriste, assurant le plein épanouissement humain, qui animait ce dirigeant d’entreprises à la tête du Cnpm. Et c’est, depuis toutes ces années qu’il s’est  dédié, aux commandes du patronat, pour ces travaux d’Hercule au service de l’épanouissement économique de son pays. Une vision stratégique qu’il a partagée avec pas mal d’acteurs nationaux et étrangers, dont beaucoup d’entre eux reconnaissent en lui ce défenseur infatigable de la promotion du secteur privé.

Hélas ! Comme un coup de massue, c’est cette vision futuriste pour le redressement économique et social du pays qui vient d’être brutalement interrompue par cette bataille pour le leadership qui n’a aucun sens aujourd’hui, et dont nul ne prévoit les conséquences dangereuses pour le pays et pour le monde des affaires.

Gageons que la raison prime rapidement sur l’exacerbation des ambitions demeurées, à la fois sordides et égoïstes pour le rayonnement futur du secteur privé malien.

Oumar KONATE

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