S’il est un domaine qui a particulièrement bénéficié des avancées technologiques, c’est bien celui de la santé. Que l’on se comprenne : on ne remplace pas l’homme pour le moment ! Mais dans un horizon qui ne saurait être renvoyé aux calendres grecques, l’homme devra batailler dur contre la machine pour sauver des emplois et des postes. Le moment venu, il ne faudra surtout pas s’en plaindre car, comme dirait l’autre, c’est la rançon du progrès. Justement, les progrès technologiques observés depuis plus d’une décennie dans les différents secteurs de la médecine sont prodigieux. Aujourd’hui, les blouses blanches font une place de plus en plus prééminente à des ingénieurs, techniciens et spécialistes de domaines très pointus. Résultats, les robots et le numérique font une irruption massive et très efficace dans la prise en charge de pathologies les plus complexes. Concomitamment, le champ sémantique s’enrichit de concepts à la fois fleuris et complexes à appréhender pour nous autres profanes et analphabètes. Média Médecine, Télémédecine, Télésanté, e-Santé… sont un échantillon de ces néologismes qui suggèrent tous la place désormais prise par la robotique, le numérique, la pratique à distance… dans le diagnostic, le soin, le suivi… des malades. Dans un article du Figaro que nous avons exploité pour cette chronique, il est clairement indiqué que la télémédecine permet d’établir un diagnostic ; d’assurer, pour un patient à risque, un suivi dans le cadre de la prévention ou un suivi post thérapeutique ; de requérir un avis spécialisé ; de préparer une décision thérapeutique ; de prescrire des produits, de prescrire ou de réaliser des prestations ou des actes, et d’effectuer une surveillance de l’état des patients. Dans cette nouvelle jungle conceptuelle, il y a besoin de s’entendre sur un minimum. Ainsi, la Commission européenne propose-t-elle des essais de définition : « l’expression «télésanté» recouvre les différents instruments qui s’appuient sur les technologies de l’information et de la communication pour faciliter et améliorer la prévention, le diagnostic, le traitement et le suivi médicaux ainsi que la gestion de la santé et du mode de vie. Cela englobe les interactions entre les patients et les prestataires de services de santé, la transmission de données entre établissements ou la communication de poste à poste (P2P) entre patients ou professionnels de santé. Elle comprend également les réseaux d’informations médicales, les dossiers médicaux électroniques, les services médicaux à distance, ainsi que les systèmes transportables et portables, dotés de fonctions de communication, pour le suivi et le soutien des patients. Le terme e-santé désigne l’ensemble des technologies et services – pour les soins médicaux spécifiquement – basés sur les technologies de l’information et de la communication ». La télémédecine offre une palette extraordinaire d’applications : la téléconsultation, la télésurveillance, la téléexpertise, la téléchirurgie, la téléassistance médicale, les réseaux de soins, la téléformation et la régulation médicale. De la théorie à la pratique, l’Opération Lindbergh est la meilleure illustration des prouesses que peut réussir la télémédecine. En effet, le 19 septembre 2001, il a suffi 45 mn à une équipe chirurgicale située à New-York (USA) pour pratiquer une ablation de la vésicule biliaire sur une patiente hospitalisée à Strasbourg, en France. Première mondiale dans l’histoire de la chirurgie ! Cette nouvelle discipline aux énormes potentialités séduit forcément de nombreux pays africains qui ont décidé de créer des structures ne serait-ce que rudimentaires pour prendre date avec l’avenir. C’est le cas notamment du Mali qui a créé une Agence Nationale de Télésanté et d’Informatique Médicale (ANTIM). Celle-ci a organisé en octobre 2014 des journées de téléconsultations gratuites entre Bamako et Caen (France) portant sur les malformations maxillo-faciales, dont les acteurs étaient deux éminents spécialistes en chirurgie maxillo-faciale : le Pr. Hervé Benateau (Caen) et Dr. Hamady TRAORE (Bamako). Derrière cette fabuleuse révolution se cachent de gros intérêts économiques. En effet, de nombreuses start-up investissent le secteur et proposent des solutions innovantes. C’est le cas de ce fauteuil intelligent à qui il faut seulement sept minutes pour évaluer notre état de santé. Qui dit mieux ?
Serge de MERIDIO