C’est désormais effectif, le Colonel Assimi Goïta, tout juste investi Président pour la période de transition, a nommé, lundi dernier, Premier Ministre, Choguel Kokalla Maïga, l‘un des Chefs de file du collectif qui a mené en 2020 les contestations populaires contre le Président Ibrahim Boubacar Kéïta.
Le choix de Choguel Kokalla Maïga comme Premier Ministre est très judicieux tant il aura fait preuve de vision, de rassemblement, de dynamisme et de cohérence, le tout avec une rigueur et une constance hors du commun tout au long de son parcours politique. Compétences, expériences et constance sont les termes qui caractérisent le mieux Dr Maïga.
En effet, ces caractéristiques, cet Ingénieur titulaire d’un Doctorat en Télécommunications en a fait preuve tout au long de son cursus scolaire et universitaire. Très brillant durant les premières années de sa scolarité dans le septentrion malien, d’où il est originaire, il poursuit ses études dans les années 1970 au lycée technique de Bamako (de bonne renommée), avec option « Mathématiques et Techniques industrielles » (MTI). Il sort major de sa promotion, avec en poche un Baccalauréat technique. Il effectue ses Etudes supérieures essentiellement dans l’ex-Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS).
Jeune, il tâte le terrain politique, notamment au sein de l’Union nationale des jeunes du Mali, association phagocytée par le parti unique de l’époque, UDPM. Après la chute du Régime de Moussa Traoré, Choguel est resté fidèle à ses convictions. Pour les Maliens, il incarne le courage, la persévérance et la capacité d’anticipation. Plus d’un Adversaire a salué, en lui, ses qualités. Redoutable polémiste, visionnaire, serein, affable, Dr Choguel K. Maïga, dès sa jeunesse, fait preuve de lucidité et d’une grande ouverture d’esprit. Le journal l’Essor écrivait déjà dans les années 1990 : « De nombreux Analystes s’accordent plutôt pour louer son réalisme politique. En tant que Leader, il ne manque pas de punch, d’éloquence… lorsqu’il s’agit de haranguer les militants. L’Homme se bat avec vigueur pour un inventaire critique mais honnête du bilan de la IIe République et reste intransigeant vis-à- vis des Dirigeants actuels dont il fustige les erreurs et les dérives ».
En outre, Choguel K. Maïga aura démontré sa compétence dans toutes les fonctions qu’il a occupé. Ainsi, il a représenté le Mali dans les différentes négociations internationales sur le Commerce et le Développement dont les plus emblématiques furent les négociations au sein de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) où, en fin négociateur, il a mené la célèbre « bataille du Coton » pour protéger les intérêts des paysans maliens et africains contre les subventions des pays développés.
Dans ces différents forums, en sa qualité de négociateur en chef choisi par ses pairs, il a défendu les intérêts du Mali et s’est fait le porte-parole aussi bien de l’ensemble des pays africains producteurs de coton que de ceux des pays les moins avancés (PMA) des autres continents.
Les résultats de cette bataille épique sont unanimement reconnus. Pour la première fois, dans les négociations commerciales internationales, le Mali, l’Afrique et le Tiers monde en général ont su et pu défendre dignement leurs intérêts. Cela s’est traduit par des retombées importantes pour notre pays et le monde paysan.
Par ailleurs, lorsqu’il était Ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga a conduit les Délégations du Mali dans plusieurs rencontres consacrées aux Accords de Partenariat Economique (APE) entre l’Union Européenne et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Il a mené à terme le processus de qualification du Mali au visa textile AGOA pour l’accès des produits textiles maliens au marché américain sans droit de douane.
L’Histoire retiendra aussi de lui qu’il a été l’initiateur ou l’un des concepteurs d’actions et de projets vitaux structurant l’Economie nationale au profit des couches les plus exposées de la population.
Tenace
Le Dr Choguel K. Maïga a démontré sa constance et fait preuve de vision, de rassemblement, de dynamisme et de cohérence, le tout avec une rigueur et une constance hors du commun tout au long du combat pour le changement du M5-rfp.
En effet, Dr Maïga a été à la pointe de la contestation contre la mauvaise gouvernance de l’ancien Régime. Le Président du Comité stratégique du M5-rfp n’a cessé de dénoncer la mauvaise gouvernance et le gouffre dans lequel IBK et son Régime avaient plongé le pays. Ce combat a finalement abouti, le 18 août 2021, avec la chute du Régime d’Ibrahim Boubacar Kéïta.
Créé le 5 juin 2020 et composé de partis et de mouvements politiques, le Rassemblement des forces patriotiques a désigné Choguel Maïga comme son « Président du Comité stratégique ». Choguel Maïga s’impose comme « la voix » de la contestation et fera preuve de leadership au sein du mouvement.
Comme d’autres Responsables du mouvement, il montre son courage physique. Le 10 juillet 2020, les mouvements réunis au sein du M5-rfp battent encore une fois le pavé. Des bâtiments publics sont saccagés. Au moins deux morts et de nombreux blessés. Dans les jours qui suivent, les Responsables et militants du M5-rfp sont arrêtés. Parmi eux, Choguel Kokalla Maïga. Les militants montrent leurs muscles. Ils sont décidés. Les personnes arrêtées sont malgré tout libérées.
Dans un Rapport, la Gendarmerie où ils étaient détenus précise : « Monsieur Maïga n’avait pas du tout l’air affecté par la détention. […] Il recevait des appels téléphoniques d’un peu partout. »
Alors que les nouvelles Autorités de la Transition boudaient le M5-rfp et face à la tournure que prenait la direction de la transition, Dr Choguel n’avait pas hésité à monter au créneau pour prévenir des risques d’impasse du chemin emprunté par les Autorités de l’époque. Et il ne s’est pas simplement contenté de dénoncer. A l’appui, il proposait toujours des pistes de solutions à travers des déclarations du M5-rfp. L’Histoire lui donne finalement raison. Cela illustre bien la vision et la cohérence du nouveau Premier Ministre.
Mémé Sanogo
Propos de Choguel
Tout au cours de son parcours, Choguel K. Maïga aura livré des analyses justes et pertinentes sur les différents sujets qui préoccupaient la Nation.
Le 5 août 2019 : Sur la révision constitutionnelle en 2019 : lors d’un entretien à l’Aube : «L’objectif inavoué de la révision constitutionnelle c’est la partition du Mali ! »
La partition du pays n’est pas encore totalement consommée. Mais, si les Maliens ne redoublent pas de vigilance, le pouvoir en place risque, par un tour de passe-passe, de les mettre devant le fait accompli, comme ç’a été le cas en 2016, lorsque le Premier Ministre et deux membres du Gouvernement se sont entendus comme larrons en foire avec les Mouvements armés, pour adopter en catimini le document appelé « Entente sur les Autorités intérimaires », document que le Premier Ministre était allé faire valider jusqu’au Conseil de Sécurité de l’ONU, le 16 juin 2019, sans aucun débat préalable en Conseil des Ministres. Ce document, véritable Acte de trahison des intérêts nationaux, a servi de base pour remplacer en catimini tous les organes et Responsables élus par les populations du Nord par des Hommes désignés par les Mouvements armés au niveau des Régions, des Cercles et même au niveau de certaines communes. On se rappellera que les protestations des braves populations de Gao (qui avaient résisté avec honneur et bravoure aux séparatistes pendant l’occupation en 2012-2013) contre ce qu’elles avaient considéré à juste titre comme une trahison, ont entraîné alors la mort de plusieurs personnes. C’était le 12 juillet 2016. C’est une expérience malheureuse qui nous interpelle et nous oblige à être extrêmement prudents et vigilants. Par une interprétation abusive de l’Accord pour la paix, le Gouvernement venait, par cet Acte, de donner aux Séparatistes, sous la table, ce qu’ils n’ont pas pu obtenir ni par les armes ni par la Diplomatie, sans que cela ramène ni la paix ni la sécurité. Je crois que c’est la même technique qui sera utilisée, dès que la révision constitutionnelle est adoptée, pour organiser, à travers divers types de textes (Lois, Ordonnances, Décrets, Arrêtés, Ententes, etc.) la mise en pièce de l’Etat unitaire du Mali. Les Maliens n’auront alors que leurs yeux pour pleurer. Du reste, on se rappelle qu’en novembre-décembre 2018, en accord avec les Séparatistes, le Gouvernement avait voulu jouer le même coup aux Maliens en imposant le Découpage territorial bidon et injustifié, qui a échoué grâce à la vigilance et à son rejet par l’Opposition et l’opinion publique. C’est pourquoi cette fois-ci, ils veulent tout baliser à travers la révision constitutionnelle, qu’ils feront passer immanquablement à travers le bourrage des urnes ».
27 juillet 2020 : Sur la gouvernance d’Ibrahim Boubacar Kéïta, interview au journal le pays : « Près de 7 ans après son arrivée au pouvoir, nous avons 75 à 80% du territoire national qui échappent totalement au contrôle de l’État. Et si nous ne faisons pas attention, d’ici trois (3) ans, les 20 à 25 % du territoire qui reste vont être occupés par les mouvements terroristes. Ce qui est grave, l’entourage du Président a carrément pris le pays en otage. Il a installé un système oligarchique qui capte toutes les ressources de l’État, orienté toutes les administrations, désorganisé toutes les institutions. Il a désorganisé l’armée et a installé un système de corruption. Ce qui fait que toutes les ressources destinées aux secteurs essentiels notamment la défense et la sécurité sont essentiellement détournées. C’est tout cela qui fait aujourd’hui que les Maliens se disent que le fait que IBK soit élu ne fait pas des Maliens ses esclaves. Dans une démocratie, l’élection est un permis que le peuple donne à quelqu’un pour le diriger. Et s’il ne fait que causer du tort, le peuple lui retire son permis. Le peuple est souverain, il est au-dessus de la constitution.
IBK a provoqué la guerre civile au centre du Mali. Il a échoué dans la stabilisation du pays. Aussi, IBK ne fait que violer la Constitution depuis qu’il est arrivé au pouvoir. La prorogation illégale du mandat des députés ; la violation, par les membres de la Cour Constitutionnelle, du Règlement Intérieur de l’Institution concernant la procuration pendant les présidentielles sont des exemples frappants. Aucune institution, à part le président de la République, ne fonctionne. Le Gouvernement ne fonctionne pas, la Cour Constitutionnelle est discréditée depuis 2018, la Cour Suprême n’a pas de Président depuis un an, la Haute cour de justice ne fonctionne pas, l’Assemblée Nationale est contestée, le mandat du Haut Conseil des Collectivités a pris fin depuis longtemps, le Conseil Economique et Social ne fonctionne pas ».
7 juin 2021 : Devant les jeunes et les femmes du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP) après sa nomination comme premier ministre : « Dans tous les domaines, on va faire la rupture, une rupture positive dans l’intérêt des Maliens. Nous allons donner l’exemple. Ça sera ne gouvernance de rupture, une gouvernance par l’exemple l’Équipe-là, c’est une équipe qui va sortir le Mali de l’ornière, inchallah ».