Le jeudi 21 avril 2022, le Premier ministre de la Transition, Choguel Kokalla Maïga était devant le Conseil National de Transition, qui joue le rôle de parlement pendant cette transition. C’était dans le cadre de la session d’avril où le Premier ministre a été convoqué pour faire le bilan de son programme d’action gouvernemental (PAG) et répondre aux questions des membres du CNT sur la vie de la nation.
Le PAG s’articule autour de quatre (4) axes. Il s’agit du renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national ; des réformes politiques et institutionnelles ; de l’organisation des élections générales ; et de la promotion de la bonne gouvernance et l’adoption d’un pacte de stabilité sociale. Après son intervention, les avis sont divers sur l’appréciation du bilan et les réponses données.
Zoumana Koné, professeur de l’enseignement secondaire et diplomate de formation :
Au regard de l’intervention de la majorité des membres du CNT, le bilan du PM est très critique. Très critique parce que sur l’ensemble des axes que le gouvernement avait présentés comme PAG, il n’y a qu’un seul axe visiblement qui est à saluer. C’est la montée en puissance de l’armée. Le PM n’avait pratiquement rien à défendre sauf l’aspect sécuritaire et c’est la raison pour laquelle il n’a pas été du tout convaincant.
À peu près dix mois à la tête des affaires de l’État, aucune réforme (institutionnelle et politique), mauvaise volonté de la part du PM à trouver un terrain d’entente avec la CEDEAO (communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) pour une meilleure sortie de crise.
Clivant au sein de la classe politique, des déclarations à caractère activiste, ce qui n’est pas du rôle d’une deuxième personnalité de l’État. Puisque c’est le PM lui-même qui avait dit en août dernier devant les Maliens et les membres du CNT et dans l’exécution, il n’a pas pu, il doit consciencieusement se faire des reproches. Le CNT doit donner son avis sur cette évaluation.
S’il faut renouveler sa confiance ou pas à un gouvernement qui est évidemment très critique. Vu la cherté de la vie, nous proposons au gouvernement de s’entendre rapidement avec la CEDEAO sur un calendrier raisonnable sinon l’économie est souffrante, et trouver une solution politique qui est à la base de tout. Bref, le gouvernement a beaucoup travaillé à proroger la durée de la transition qu’à refonder l’État. C’est ce qui a valu ce bilan très critique.
Sékou Samassekou, juriste :
À mon avis, comme c’est aussi visible pour tous, ce gouvernement est en train de poser des actes incroyables. Surtout pendant une période où tout semble être compliqué pour le pays, le gouvernement parvient à une résistance inimaginable. Nous ne devons pas nous attendre à une perfection car elle est divine. Sinon, nous voyons des efforts considérables de ces autorités. Nous devons laisser de côté toutes les considérations personnelles et soutenir le peuple puisque ce gouvernement est patriotiquement engagé et décidé à changer la donne.
Sibiry Koné, jeune leader politique et d’association
Au regard de tout ce qui a été prévu et le but de cet exercice démocratique, je dis merci et bravo au PM car durant toute la journée, il nous a rassurés sur les sujets qui préoccupent bon nombre de Maliens de manière lucide.
Dans les différents axes, le premier axe qui concerne le volet de la sécurité est aujourd’hui à 95% d’exécution que tout le peuple salue aujourd’hui avec l’acquisition d’importants matériels de combat de dernière génération grâce à la coopération Mali-Russie et l’on sait que sans la sécurité il n’y a pas de développement.
Je profite de cette occasion pour lancer un appel à tous les Maliens d’ici et d’ailleurs que l’heure n’est pas aux divergences. Nous devons tous aider nos autorités de transition à surmonter ces obstacles sans parti pris aucun, et il est temps qu’on sorte de ces critiques obsolètes et en laissant nos égos qui ne mènent le Mali nulle part. Il est temps qu’on soit uni comme un seul homme derrière un seul homme car les hommes passent mais leurs œuvres restent.
Bama Mariko, citoyen
Le conseil national de la transition a voulu user d’une de ses prérogatives qui est le contrôle de l’action gouvernementale. C’est pourquoi il a demandé au Premier ministre de venir donner des explications sur la conduite du pays par le gouvernement.
Entre le PM et les membres du CNT, le débat était dès le début poignant. Quand le Premier ministre intervenait, Nouhoum Sarr accusait carrément le PM de médiocrité dans le résultat, 30% de réalisation des objectifs ou encore 3 sur 10.
Selon lui comme beaucoup d’autres membres du CNT, le gouvernement manque à satisfaire les Maliens conformément au programme proposé. Le seul domaine dont les Maliens ont senti l’impact positif est celui de la défense et de la sécurité qui aurait atteint 70% des objectifs. À part ce domaine les autres sont loin des 50% de réalisation ; d’autres sont même à 12% de réalisation.
Le PM, quand il a eu la parole, s’est félicité des actions menées dans le domaine de la sécurité et de la défense notamment l’acquisition de nouveaux matériels.
Pour le manquement dans beaucoup de domaines, il prend pour cause le contexte dans lequel le pays se trouve, en crise avec une bonne partie de la communauté internationale comme la Cédéao, la crise avec l’Uemoa et bien d’autres, la crise sanitaire du Covid 19, des éléments ayant créé des situations inattendues d’où un virement c’est-à-dire une réorientation de politique. Le PM, dans ces propos, ne s’attendait pas à tout ça par manque de clairvoyance politique. Bref, il s’est défendu à sa manière mais en réalité sans convaincre.
La vérité est que le PM a échoué. Il est à l’aise juste pour critiquer, attaquer des politiciens. C’est pourquoi il ne manquait pas de riposter face aux propos de certains de ses anciens camarades du M5. Il serait là parce que ceux-ci ont échoué. Je pense que le succès du domaine militaire n’a rien à voir avec Choguel K. Maïga.
La transition est dirigée par les militaires qui étaient au front, donc ils savent déjà ce qu’il faut dans ce domaine. Le président colonel Assimi Goïta et son groupe ont besoin de quelqu’un qui pourrait les aider sur les plans politique, administratif, social ; un grand rassembleur et bosseur.
Propos recueillis par Mantan Koné