Chômage des jeunes au Mali : Fatalité ou défaillance politique?

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La quête de l’emploi demeure une préoccupation majeure de plusieurs jeunes Maliens eu égard à ses effets sur le plan financier que psychologique. Aujourd’hui, sur les chaines de télévision et de radio, les autorités en charge de la question ne cessent de tromper les citoyens. On développe la stratégie camouflée de la notion de théorie définie par Albert Einstein selon laquelle : «La théorie c’est quand on dit tout et que rien ne marche et la pratique c’est quand tout marche et qu’on ne sait comment».

Autrement dit, à entendre nos responsables, la lutte contre le chômage est leur grande priorité. Mais en réalité, rien ne marche ! Même si les choses vont bon train comme ils le prétendent, les arguments pour soutenir cet état de fait demeurent encore et toujours à la traîne. Malgré la libéralisation de l’enseignement qui se doit pourvoyeur d’emplois, il ressort des enquêtes que l’ANPE (Agence nationale pour la promotion de l’emploi), l’APEJ (Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes) et le FAFPA (Fonds d’appui à la formation professionnelle et à l’apprentissage) présentent des lacunes financières et se caractérisent par le favoritisme lors des recrutements.

L’école est devenue une entreprise de fabrication des chômeurs. Le manque de volonté et l’hypocrisie de l’autorité compétente ont leurs empreintes sur cette défaillance. Les jeunes qui préféraient autre poste que l’enseignement se ruent sur ce métier devenu une étape de purgation des chômeurs. Le nombre de postes proposés lors des concours de recrutement est insignifiant par rapport au nombre de demandeurs d’embauche. Face à cette situation, la culpabilité de l’autorité provoque des migraines qui malmènent l’emploi des jeunes. Les jeunes diplômés sans emploi voulant se lancer dans l’aventure de l’enseignement peuvent être recrutés, si les autorités et leurs partenaires de l’éducation s’appliquent davantage dans un processus de fiabilité et réglementariste.

La vérité fade de Baba Akib Haïdara

Lors d’une interview accordée en Août dernier à nos confrères de l’ORTM, le conseiller spécial de l’enseignement privé au Mali Baba Akib Haïdara avait indiqué que le texte réglementaire de l’enseignement privé doit impérativement être révisé. Car, avait-il dit, la majeure partie de nos écoles ne donnent plus des enseignements de qualité aux élèves à cause de la libéralisation des postes d’enseignant à tous. L’enseignement est aujourd’hui à la portée de tous, les meilleurs et les mauvais. Les promoteurs d’écoles ne se soucient de la pédagogie et de la déontologie de l’enseignement. On reçoit les enseignants de tout bord car on les paye à de minables salaires contrairement à ce que recommande le code salarial de base du Mali. Compte tenu de la convoitise de ces postes, les prétendants sont obligés de travailler afin de subvenir à leur quotidien.

Alors nos autorités ne sont-elles pas au courant de ces actes esclavagistes? Sont-elles en complicité avec les promoteurs d’école qui exploitent les jeunes chômeurs parce qu’ils sont en manque d’emploi? Pourquoi ne pas prendre des mesures en révisant des textes sur l’éducation nationale?

Pour remédier à ce problème, l’Etat doit exiger aux promoteurs d’écoles privées  en complicité avec l’autorité en charge de l’emploi des jeunes, un accord de non autorisation de recrutement d’enseignants hors concours. À cet effet, un salaire de base pour le paiement de des enseignants de qualité doit aussi être exigé. Des mesures doivent être prises contre tous les promoteurs ne respectant pas ces règles. Car un pays sans enseignement de qualité restera toujours à la queue.

Dognoumé Diarra

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