Secrétaire ! Selon le Larousse, c’est une personne (homme ou femme) chargée au niveau d’un service, de diriger le courrier, de classer les documents, de préparer les dossiers, etc…
Aujourd’hui, au Mali notamment, secrétaire est singulièrement, une femme ou plutôt une jeune fille (et pas n’importe laquelle) qui doit être belle, élégante, fine, célibataire, très disponible et très « attachée » au patron. Surtout au patron. Ensuite, notre bonne dame doit savoir préparer du café pour le chef, lui décortiquer des arachides et lui prêter une attention très particulière.
Ces critères suffisent pour faire une bonne secrétaire… à condition qu’ils ne soient pas du théâtre, tout juste pour se faire embaucher. Car dans ce cas, la moindre erreur conduira la secrétaire « l’escroc » dans la rue.
Et pour cette autre qui respectera les « conditions » qui ne se dictent pas au moment du recrutement, c’est toutes les portes de la facilité qui s’ouvrent.
Elle bénéficiera d’un double salaire l’un du service, l’autre de la poche du patron.
Peu importe qu’elle soit analphabète ou… presque. Sa beauté, son élégance, son charme et surtout son « attention » très particulière envers le chef, feront d’elle, la maîtresse des lieux, l’adjoint ou même le patron du Patron.
Elle devient intouchable, incontournable et intraitable.
Ayant toujours « quelque chose à faire » dans le bureau du chef, ces braves secrétaires sont rarement assises à leur bureau où le téléphone sonne à vous fendre les oreilles. En vain.
Et lorsque la maîtresse des lieux est à son bureau, gare à vous, si vous n’êtes pas richement habillé avec entre les mains, un téléphone cellulaire « dernier cri », un gros attaché-case et une clé de voiture.
Sans ces ornements, mademoiselle secrétaire ne daignera même pas répondre à votre salutation, à fortiori, vous introduire dans le bureau de son mari, pardon de son patron.
Car le chef ne doit pas recevoir n’importe qui.
Mais seulement ceux qui lui ressemblent. Les autres ne viennent que pour mendier ou lui faire perdre son temps.
Aussi, c’est la secrétaire qui décide, sur une lecture « psychologique » de votre apparence, de juger nécessaire de vous mettre en contact avec le « chef de famille » ou de vous éconduire, prétextant (si son humeur est bonne) que le patron est en réunion ou ne reçoit personne ce jour.
Mais avant, elle aura d’abord pris une heure de temps au téléphone en conversation avec une amie ou… autres ou encore, de marchander un bracelet, une bouteille de parfum ou un soutien-gorge avec un bana-bana. Pour le reste, « allez-vous plaindre où vous voulez, on ne vient pas ici pour me monter sur les pieds ».
Secrétaire, ce n’est plus un métier pour n’importe quelle femme, encore moins pour un homme.
Il faut être une jeune fille, avec toute « la classe » que cela requiert, et être très gentille avec le chef. Car beaucoup d’autres attendent de lui prendre son patron, pardon son poste.
Que reviennent rapidement les temps des secrétaires.
Simplement, mais totalement secrétaires.
Boubacar Sankaré