Alors qu’une crise politico-sécuritaire frappe le pays, les produits de grande consommation prennent l’ascenseur. Les Bamakois ploient sous le poids des prix du gaz, du charbon, du bois de chauffe, du transport ou encore de l’eau et de l’électricité. Au même moment le gouvernement dort sur ses lauriers.
Vendu il y’a quelques mois à 2000 F Cfa, la bouteille de gaz de 6 Kg monte à 2500 puis à 4000, un record absolu de cherté. Alors qu’au même moment, le même produit est cédé dans certains pays de la sous région (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Niger) à 1600 F Cfa. Conséquence, les consommateurs se rabattent sur le charbon de bois. Le petit sac est vendu de 3500 à 4500 F Cfa selon les lieux. Et le gros sac est cédé au double de ce prix. Profitant du prix excessif du gaz, les charbonniers font de la surenchère. « Dès qu’ils ont su que le prix du gaz a augmenté, les vendeurs de charbon n’ont pas hésité à faire grimper le prix du charbon. Un charbon qui n’est même pas bon, on nous vend le sac à 8000. C’est trop ! », S’offusque Astan Coulibaly.
« C’est vraiment dur pour nous actuellement, imaginez qu’on ne peut plus passer la journée avec 800 francs de charbons. Des clients commencent déjà à se plaindre de mon travail. C’est vraiment dur mais on s’en remet à Dieu », lance pour sa part, Yacouba Dembélé, blanchisseur de son état.
Ce qui met en danger les forêts classées qui peuvent connaître une ruée de coupe abusive de bois. Le bois de chauffe n’est pas aussi en reste, il est l’objet de toutes les spéculations. Il coûte cher et souvent même introuvable.
Pour ne rien arranger à la situation, le coût du transport augmente. Consécutivement à l’augmentation du prix du carburant. « Les agents des eaux et forets nous prélevaient 100.000 à 125.000 F Cfa sur chaque 10 tonnes, mais maintenant ils vont jusqu’à 150.000 souvent même plus », a affirmé Bréhima Diarra, un grossiste de charbon. C’est pour toutes ces raisons que le charbon coûte un peu cher.
L’eau et l’électricité ne sont pas en reste. Les tarifs ont augmenté de 3% à 7% selon les catégories. L’augmentation des tarifs de l’électricité survient suite à une crise multidimensionnelle que connait actuellement Edm-sa.
L’augmentation du coût des transports collectifs (Sotrama) sème la colère chez les jeunes de Magnambougou ainsi que d’autres quartiers de la capitale. Passant de 150 F Cfa à 200 ou 300 F Cfa selon la destination, les Bamakois subissent des durs moments. Une hausse qui s’explique par la pénurie et la cherté du carburant. Toutefois, certains usagers ne sont prêts à en souffrir davantage de la surenchère du quotidien et sont prêts à tout pour se faire entendre malgré l’Etat d’urgence. C’est ainsi que certains jeunes de Magnambougou, après les manifestations du samedi dernier dans différents quartiers de la capitale, se sont réunis ce lundi matin, vers 8 heures, au bord d’un carrefour dudit quartier pour empêcher aux Sotrama de circuler. Sur les bouts de cartons qui flottaient en l’air, on pouvait lire ‘’non à 200 F’’.La situation déprime de plus en plus les populations qui ne savent plus à quel saint se vouer face à cette hausse sans appel des prix des denrées de première nécessité puisque l’Etat aussi fait semblant et croise confortablement les bras.
C’est justement ce qui met en colère beaucoup de Maliens. Le silence assourdissant du gouvernement. Un gouvernement qui affiche son incapacité à trouver une solution à cette vie infernale des Maliens. Les différents gouvernements successifs avaient adopté la même situation devant le problème sécuritaire qui minait le pays depuis des lustres. Conséquence : des aventuriers occupent 2/3 du Mali et on connait la suite.
Aboubacar Dicko
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