Dans cet entretien, le coordinateur national du Mouvement ‘’Nouvel Horizon/Faso Djo Sira’’, Cheick Oumar Diallo dit COD donne son avis sur une éventuelle arrivée du groupe de sécurité privée russe Wagner au Mali.
Selon M. Diallo l’arrivée de Wagner ne devrait pas être une grande fierté car on ne ferait que passer d’une influence à une autre. Pour lui, l’arrivée du groupe sécuritaire privé Wagner n’est pas la garantie d’un changement sur le plan sécuritaire, mais semble plutôt répondre à une pulsion souverainiste et de défiance anti-française.
D’après ce qu’on entend sur les conditions du contrat, ces formateurs n’ont pas de vocation opérationnelle sur le terrain et leur arrivée entraînerait le départ de l’essentiel de nos partenaires. “Si l’arrivée de 1000 formateurs entraîne le départ de 15 000, il faut bien mesurer les conséquences avant de s’engager”, rappelle COD.
Il ajoute que ce n’est pas une société qui vient pour le développement, mais c’est une entreprise qui vient pour faire du chiffre d’affaires puisqu’on parle de 6 milliards de F CFA par mois et 3 mines d’or en activité. Il faut faire extrêmement attention et mesurer toutes les conséquences nationales et sous-régionales. “On ne se l’interdit pas, bien au contraire car ça prouve qu’on peut aller voir ailleurs sans complexe, mais il faut se poser les bonnes questions”, dit-il. Ce sont des revirements stratégiques extrêmement importants qui doivent faire l’objet de larges discussions internes et avec les membres du G5-Sahel pour qu’ensemble, populations et acteurs majeurs du Mali, sachent dans quoi on est en train de s’engager. “Nous avons le plein droit de diversifier nos relations, mais nous devons prendre le temps de mesurer le pour et le contre”, explique-t-il.
“Quand on voit la réaction de la plupart des acteurs nationaux que ce soit les politiques, des groupes armés et certains acteurs de la société civile, il y a une grande méfiance, sans compter les fortes réticences de nos pays voisins et de nos partenaires internationaux”, ajoute-t-il. Il y a fort à craindre que si nos partenaires se retirent, un grand nombre d’opérations logistiques s’arrêteront aussi.
“Il faut un débat dépassionné sur ce sujet et que l’on agisse par la raison et non le cœur”, dit-il ajoutant, “j’espère que ce débat autour de ce sujet aboutira à une prise de conscience sur les enjeux qui sont en cause”. Il conclut “pour le moment, ce ne serait qu’une rumeur, donc attendons voir mais en tout cas chacun sait maintenant ce que ça provoquerait comme réaction”.
Tidiane Bamadio
(stagiaire)