Instaurée à grand renfort de publicité par le gouvernement de Oumar Tatam Ly, la journée de la salubrité qui devait donner aux villes maliennes une ère de coquetterie, a du mal à sortir de l’ornière. C’est le moins que l’on puisse dire quand on sait que depuis le mois de janvier où l’opération a été lancée, la ville de Bamako n’a jamais été aussi insalubre.
Il est de notoriété publique dans ce pays que quand une autorité cède son fauteuil, ce n’est pas que sa seule personne qui est remplacée. Ce sont aussi ces idées bonnes ou mauvaises qui partent en lambeau. Le principe selon lequel « l’Etat est une continuité » ne s’applique pas à l’administration malienne. Dire le contraire c’est nier l’évidence. Depuis la démission du gouvernement Tatam Ly et surtout avec le changement du titulaire du portefeuille du ministère de l’Environnement de l’Eau et de l’Assainissement la journée de la salubrité instituée tous les derniers samedi de chaque mois est reléguée aux calendes grecques.
Pendant ce temps les Bamakois vivent sous le joug de la tyrannie des déchets. La quantité de déchets entassée s’accroit à vue d’œil. Et rien ne semble pouvoir mettre fin à cette évolution ou plutôt cette révolution inexorable des déchets. Toutes les tentatives pour la repousser sont vouées à l’échec et pendant ce temps les dépotoirs sauvages se multiplient dans chacune des communes du district de Bamako.
Une illustration parfaite de l’impuissance des mesures prises face à cette invasion des déchets dans la Cité des trois caïmans est le Programme d’Urgence d’assainissement et d’embellissement de la ville de Bamako qui était supposé être la solution miracle. En effet, initialement lancé en 2012, ce programme d’une enveloppe financière de 900 millions CFA devait permettre entre autre d’évacuer 09 dépôts de transit et entretenir la décharge de Doumanzana en commune I. Il a été relancé en 2013 par le ministre de l’Environnement Ousmane Ag Rhissa nouvellement réinstallé dans ces fonctions. Pour la bonne de marche du programme une Commission de suivie avait même été crée par la Décision n° 2013-027/MEA-SG du 20 février 2013. Depuis, plus rien. Du moins jusqu’à la journée de la salubrité de Tatam Ly. Pour en savoir un peu plus sur la suite réservée à cette journée, nous nous transportés à la Mairie du District où elle a été lancée en grande pompe le 25 janvier 2014. Inutile de dire que nous n’avons trouvé personne pour éclairer notre lanterne. C’est soit à la Direction des Services Urbains de Voirie et d’Assainissement (DSUVA), soit à la Direction Nationale de l’Assainissement et du Contrôle des pollutions et Nuisances (DNACPN) qu’il faut se rendre, nous a confié un agent.
L’insalubrité dans les villes maliennes est inquiétante surtout quand on connait ses conséquences sur la santé humaine et végétale. Dans un pays où le revenu dans les ménages est déjà éprouvé par la flambée des prix des denrées alimentaires le gouvernement doit s’armer pour stopper l’invasion des déchets. C’est une question de santé publique qui est avant tout une question d’intérêt national.
Mamadou TOGOLA