Le Mali est, dit-on, un pays de droit. Mais on y vit plus, avec la loi de la jungle qu’avec celle du législateur.
Les compagnies d’assurance n’échappent pas à cette règle. Les neuf grandes compagnies d’assurance du Mali, en 2010, ont réalisé un chiffre d’affaires global de 23 milliards F CFA. Bénéfice record, mais dérisoire, par rapport à celui réalisé, au même moment, par les compagnies d’assurance de la cote d’ivoire: 120 milliards F CFA. Cette disparité des chiffres d’affaires est due, en grande partie à l’état de méfiance des citoyens vis-à-vis des compagnies d’assurance. Cela résulte du fait que celles-ci n’honorent pas toutes, leur contrat. En témoignent, le cas de Mme Aminata Coulibaly, domiciliée à Kalaban-coura. « J’avais, nous dit elle, avec mes économies, réussi à acheter un taxi. En mai 2009, ce taxi est entré en collision avec un autre taxi. Ce dernier m’a dit que c’est l’assurance qui couvrira les frais de réparation ». Elle s’est rendue donc chez l’assureur en question pour que son taxi puisse être remis en état. Deux mois après, son taxi attend toujours dans un garage. Elle décide alors de réparer son taxi, pour être remboursée après. Apres deux ans, elle n’a toujours pas eu un centime de la part de l’assureur. « Je laisse pour moi à Dieu, dit elle avec une voix nouée par la colère. S’ils ne payent pas ici bas, ils le payeront dans l’au-delà ». Chaque fois qu’elle passe voir l’assureur, pour toute réponse on lui dit : « la procédure n’est pas finie». Nombreux sont les particuliers qui sont dans ce cas, victimes de l’arnaque de véreux assureurs. Ces propos en disent long sur cette pratique : «Certains assureurs, peu rigoureux dans l’indemnisation des sinistres, entament la réputation de toute la profession. Le défi de notre corporation, c’est de faire en sorte que ce genre de comportement disparaisse. » Confiait Mamadou Fofana secrétaire général du Comité des compagnies d’assurance du Mali (CCAM), au magasine Jeune Afrique.
Mamadou Togola