Centre médio-psycho éducatif (AMALDEME) : Le spectre de la fermeture

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L’Association malienne de lutte contre la déficience mentale (Amaldeme) n’arrive plus à mobiliser de l’argent pour soutenir le centre médico-psycho éducatif de Lafiabougou. Cet établissement de rééducation des déficients mentaux frôle la faillite depuis la mort de son ancienne directrice madame Sanogo Kadiatou Bagayoko, le 16 novembre 2006.

Créé en 1984 par l’Amaldeme, le centre médico-psycho éducatif de Lafiabougou frôle aujourd’hui une crise financière récurrente qui l’empêche de se hisser à la hauteur des attentes de ses usagers. Selon Soungalo Traoré, directeur du centre, l’établissement vit aujourd’hui de gros ennuis de mobilisation de fonds en vue d’assurer son fonctionnement normal. À l’en croire, les motivations qui ont accouché de ce centre sont en chute depuis quelques années. «Aujourd’hui, le centre médico-psycho éducatif est confronté à plusieurs problèmes. Les membres de l’AMALDEME qui, avant, remuaient ciel et terre à la quête de financements pour assurer le fonctionnement de l’Etablissement, semblent aujourd’hui baisser les bras. Les moyens mis à la disposition de la structure sont aujourd’hui loin de couvrir les dépenses malgré les efforts du personnel qui, parfois au-delà de son occupation déjà invraisemblable, se lance aussi souvent dans la joute de collecte des fonds», affirme Soungalo Traoré. En effet, ce centre qui a été au temps de sa splendeur, une référence au niveau sous-régional dans la rééducation des malades mentaux et de leur réinsertion sociale, est devenu aujourd’hui un sac à problèmes pour ses travailleurs qui sont au four et au moulin. Ayant fini par porter les enfants (déficients) dans leur cœur, ils ne trouvent d’autre alternative que de se battre sur deux fronts pour assurer le fonctionnement du centre. Pour cause : les apports financiers  déployés par l’Etat et les adhérents de l’Amaldeme en faveur de la couverture de ses activités ne sont plus à mesure de soutenir le budget de la structure malgré la gestion rigoureuse des fonds dont la direction de l’établissement fait preuve depuis quelques années.

Parmi les problèmes, on dénombre aujourd’hui le délestage électrique pour cumul d’impayés (qui s’élèvent aujourd’hui à plus de 10 millions de FCFA) et les retards de salaires récurrents du personnel. À cela s’ajoute le problème de la formation des encadreurs du centre. Pour son directeur, la plupart des agents que l’Etat met à la disposition du centre ne sont pas aptes à fournir les prestations escomptées. «Une fois qu’ils sont affectés au centre, nous sommes obligés d’organiser des séances de formation à leur endroit en faisant appel à des professionnels étrangers. Ce qui coûte très cher», a déclaré le directeur. Face à ces multiples problèmes, la direction du centre s’est aussitôt vue contraindre de limiter l’effectif de ses élèves, malgré la demande accrue de postulants. Ce qui se fait le plus souvent sous le regard réprobateur des parents d’élèves. Pour aplanir ces difficultés, pour la direction du centre, une exigence s’impose. L’Etat, au-delà des subventions qu’il met chaque année à la disposition du centre (estimées à six millions par an dont 1.000. 000 de francs CFA en espèce et le reste en nature), doit prendre le relais pour éviter la catastrophe. Pour Soungalo, les adhérents de l’Amaldeme ont simplement voulu donner l’exemple à l’Etat pour lui dire que c’est possible de le faire. «C’est à l’Etat qu’il incombe d’éduquer ses enfants», a-t-il conclu.

En effet, contrairement aux croyances populaires, la déficience mentale n’est pas l’œuvre des mauvais esprits. Comme toutes les autres maladies, ce mal humain a aussi une explication scientifique et fait l’objet de cures capables de donner une certaine autonomie mentale à la personne déficiente, en rendant possible son intégration sociale. Au Mali, l’exemple a été donné par Mme Sanogo Kadiatou Bagayoko en 1984. Pour avoir elle-même été mère de deux enfants déficients mentaux, cette femme est venue de la France briser le mythe, en créant le premier centre médico-psycho éducatif du Mali avec un groupe de bénévoles. Quelques années plus tard, grâce au soutien financier et à la demande des parents des victimes de déficience mentale, ces mêmes personnes de bonne foi, parvinrent à construire sept autres centres dans tous les chefs lieux de région du pays à l’exception de la région de Koulikoro.

Résultat: pendant plusieurs années, ces écoles de rééducation de déficients ont réussi à faciliter la réinsertion socio-économique des centaines d’enfants victimes de cette maladie dont certains sont aujourd’hui des majeurs responsables. La présidente de l’association aura toujours su ménager ses efforts pour négocier les financements nécessaires en faveur du fonctionnement normal de ces centres médicaux. Ainsi, durant des années, ces centres ont été une lueur d’espoir pour les malades mentaux et leurs parents jusqu’à sa mort en 2006. Sans doute, l’organisation payera cher la mort de cette dame. Quelques mois après le décès de la cofondatrice de l’Amaldeme, les problèmes pointeront aux portes de ses centres de rééducation. Conséquence : les activités des antennes du centre sises dans les régions ont fortement ralenti à la grande surprise des parents et des enfants victimes de déficience mentale. Les fonds récoltés par les adhérents de l’association en vue du fonctionnement des centres n’arrivent plus à supporter les financements des activités. Aujourd’hui, tout comme dans les régions, le centre de Lafiabougou est menacé de graves problèmes de dysfonctionnement.

Youssouf KEITA

 

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