Créé en vue de combler le déficit d’information juridique, judiciaire et administrative sur et pour les femmes, le Centre d’Appel Juridique « Hakew Kunafoni » est une contribution à une justice plus efficace et efficiente. Et pour Me Tall Nadia Bioule, il contribue aux objectifs de zéro VBG au Mali.
Lancé le 3 mars 2022 par le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, le centre Hakew Kunafoni (Ndrl : information sur les droits) est un centre d’appel disposant d’un numéro vert gratuit répondant aux besoins des usagers.
Les renseignements préalables à la requête d’aide juridique par les justiciables sont fournis 24/24 par 30 jeunes juristes les télé-conseillers installés au centre d’appel, en langue officielle et locales à la demande de l’usager. Et comme le présente Me Lury Nkouessom, Chef de file Composante Accès à la justice USAID-MJP, le centre Hakew Kunafoni est une initiative conjointe du ministère de la Justice et de Mali Justice Project (MJP) financé par l’USAID. Ce centre vise à fournir les informations et orientations de base aux citoyens sur les questions juridiques et les démarches administratives, mais également il permet une mise en relation avec des professionnels de droits. D’autre part M. Nkouessom ajoute que le projet prévoit assistance aux personnes vulnérables à travers 14 ONG partenaires qui se chargent d’accompagner la personne jusqu’à la résolution de son problème.
A ce jour, le centre enregistre plus de 200 appels, et 87% sont des hommes contre 13% de femmes. Un taux de fréquentation que les gestionnaires du centre souhaitent voir très vite augmenter surtout quand on connait la vulnérabilité des femmes souvent confrontées aux problèmes fonciers, conjugaux, et autres liés à leurs activités etc. Et selon Me Tall Nadia Bioule : « S’agissant de la lutte contre les violences basées sur le genre et la lutte contre les violences faites aux femmes, le Centre d’Appel Hakew Kunafoni s’érige en dispositif efficace pour consolider les efforts en cours afin d’atteindre zéro VBG en république du Mali. Les femmes victimes de violence trouveront en ce centre d’appel un interlocuteur privilégié, instantané pour être orientée sur leurs droits et démarches en justice ».
Hakew Kunafoni est donc une opportunité à connaître par les femmes et saisir pour accéder à la justice et défendre leurs droits. « Si Hakew Kunafoni était plus connu et utilisé par ces dernières comme le déclare Mme Aïcha Bourema Diarra du Wildaf. En effet, l’Ong Wildaf à Koulikoro est parmi les 14 ONG partenaires de MJP sur ce projet. Selon Mme Aïcha Bourema Diarra, Hakew Kunafoni peut être une contribution aux efforts des défenseurs des droits humains singulièrement ceux des femmes. « Vous savez, il n’est pas toujours aisé pour les femmes en conflits avec leur partenaire de pouvoir se déplacer, certaines déclarent même que leur moindre déplacement, faits et gestes sont surveillés ; Toute chose qui rend un peu plus difficile notre travail aussi si elles ont connaissance du centre, elles pourront passer des appels gratuits. Et le centre va les renseigner et orienter, les cas nécessitants un accompagnement seront référés à des Ong telle que le Wildaf ou l’APDF les Ong partenaires du projet ». Le centre Hakew Kunafoni semble peu connu du grand public, en effet interrogés, ils sont nombreux les citoyens à ignorer son existence. Cependant le gérant du centre Sinaly Diarra soutient que le centre a été utile à plus d’un. A ses dires, beaucoup de personnes ont appelé pour se faire renseigner sur des démarches administratives et avoir de meilleure compréhension des procédures de justice (casier judiciaire, problème avec un bailleur, l’évolution de leur dossier au niveau du tribunal etc). Des informations qui trouvent leur pertinence quand on sait que l’accès à la justice et à de bonnes informations constitue un droit pour chaque personne. La déclaration universelle des droits de l’homme à laquelle le Mali a adhéré, dans son article 8 indique que toute personne a droit de recours devant les juridictions nationales contre les actes de violences les droits fondamentaux reconnues par la constitution ou par la loi.
Khadydiatou SANOGO/Ce reportage est publié avec le soutien de JDH, Journalistes pour les Droits Humains et National Endowment for Democracy-NED