Le dimanche 6 février 2022, le terrain municipal de Bougouni a abrité les festivités de la célébration de l’édition 2022 de la journée internationale « Tolérance zéro » aux Mutilations Génitales Féminines et à l’excision (MGF-E). C’était sous la présidence du secrétaire général du Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille (MPFEF), Siaka Magassa, représentant son ministre tutelle. Le représentant des Partenaires techniques et financiers (PTF), Yves Sasseranth, les populations du Banimonotié (autorités régionale communale, coutumière, religieuse, traditionnelle, associations, etc.), ont pris massivement part à la fête. À travers des sketchs, chants, Bougouni s’est engagée à peser de tous ses efforts pour mettre fin aux MGF/E.
Cette année, sur le plan mondial, la journée internationale « tolérance zéro » aux MGF/E est placée sous le thème: « Accélérer les investissements pour mettre fin aux mutilations génitales féminines ». Sur le plan national, le thème retenu est: « Accélérer les actions pour mettre fin aux mutilations génitales féminines au Mali ». L’objectif visé à travers cette célébration, indique Siaka Magassa, est d’informer et de sensibiliser les populations sur les diverses conséquences de la pratique des mutilations génitales féminines au Mali en vue d’y trouver des réponses nationales et endogènes.
Selon Siaka Magassa, ce sous thème offre davantage d’espaces de dialogue et de responsabilité pour les parties prenantes pour renforcer l’information et la formation des populations sur les violences basées sur le genre et les droits sexuels et reproductifs en général, les MGF-E en particulier, en vue d’accroître leurs possibilités d’exercer leurs droits et de réaliser leur plein potentiel en termes de santé, d’éducation et de revenus. Il s’agit à l’occasion, dit Siaka Magassa, de projeter les actions à venir pour accélérer l’atteinte de la tolérance zéro aux MGF d’ici 2030. Fêtée depuis 2004 au Mali à travers le MPFEF et dans le monde, la journée internationale « tolérance zéro » aux MGF/E, précise Siaka Magssa, est l’expression de la volonté politique de l’Etat. Sa réussite est faite, dit-il grâce aux soutiens, à l’accompagnement du Système des Nations Unies (FNUAP, UNICEF), aux organisations de la société civile et aux personnes de bonne volonté.
Le représentant des PTF, Yves Sasseranth, a indiqué que malgré les efforts déployés, les statistiques restent interpellateurs : « 73% des filles de 0-14 ans et 89% des femmes de 15-49 ans ont été excisées. Le même rapport montre que 76% des filles ont subi les MGF/E avant l’âge de 5 ans ; 70% des femmes et 68% des hommes pensent que l’excision est exigée par la religion et 3/4 des femmes (76%) et des hommes (74%) de 15-49 ans ont subi une forme quelconque de MGF, tant en milieu rural qu’urbain, selon l’Enquête national démocraphique et de santé (EDS, 2018) », a expliqué Yves Sasseranth. Malgré les conséquences graves sur la santé reproductive des futures adolescentes et des femmes, ajoute Yves, 74% des hommes et 76% des femmes de 15-49 ans ont déclaré que la pratique de l’excision doit continuer. Il existe un fort sentiement d’obliogation sociale qui conduit à la perpetuation de cette pratique.
Au Mali, poursuit Yves Sasseranth, les efforts et actions ont permis à 2776 villages de signer la convention d’abandon des MGF/E, soit 23% des 12000 villages. De son point vue, cette lutte contre les MGF/E nécessite la collaboration de toutes les parties prenantes : décideurs, société civile, agents du changement, les autorités judiciaires. A l’occasion, l’UNFPA et l’UNICEF ont remis au MPFEF des matériels composés de : base des données nationale VBG (Violences basées sur le genre) ; 250 tablettes pour les producteurs de données VBG ; 600 téléphones mobiles destinés aux jeunes adolescentes des groupements féminins ; 500 exemplaires de la bande dessinée « la bande Awa » ; 500 exemplaires de la publication statistique de l’UNICEF sur les MGF. Ces dons entrent dans le cadre de l’Initiative Spotlight, précise Yves, et permettront de contribuer davantage à la prévention, et d’orienter les politiques, programmes et stratégies pour des actions qui répondent aux besoins spécifiques des femmes et des filles ; renforcer et gérer les cas des VBG par les membres desdits groupements féminins au niveau des communautés villageoises respectives.
Le Maire adjoint de Bougouni, Issa Coulibaly, a rassuré les autorités de l’implication des populations du Banimonotié dans la lutte contre les MGF/E. L’illustration, dit-il, est que 62 comités d’éveils et d’alertes et 236 points focaux sont installés dans la région pour la cause. A travers des sketchs et chants, Bougouni s’est engagée à mettre fin à la pratique des MGF/E pour permettre aux femmes et filles de s’épanouir pleinement.
Hadama B. FOFANA