Don de médicaments pour les déplacés, témoignages d’acteurs intervenant dans l’humanitaire, exposition… sont quelques-uns des temps forts qui ont marqué la Journée mondiale de l’aide humanitaire. Un événement célébré à Ségou par le ministère de la Solidarité et de la Lutte contre la pauvreté et la Coordination des agences humanitaires du Système des Nations unies.
Instituée après l’attaque en Irak en 2003 ayant causé la mort de plus d’une vingtaine d’employés des Nations unies, cette journée est mise profit pour rendre un hommage mérité aux hommes et aux femmes qui se battent pour l’amélioration des conditions de vie des personnes en situation difficile dans des zones de crise.
Au Mali, cette journée ne pouvait pas passer inaperçue compte tenu du contexte de crise sécuritaire que traverse le pays ayant occasionné de nombreux déplacés internes et des réfugiés.
C’est pourquoi pour la célébration dans la salle de conférence du gouvernorat de Ségou, on pouvait noter autour du ministre de la Solidarité et de la Lutte contre la pauvreté, Hamadou Konaté, la Coordonnatrice des actions humanitaires des Nations unies, Mme Mbaranga Gasarabwe, l’ambassadeur d’Allemagne au Mali et le gouverneur de la région de Ségou. Sans oublier de nombreuses ONG qui interviennent dans l’humanitaire.
Premier à intervenir, le maire de la Commune urbaine de Ségou a apprécié le choix porté sur sa circonscription et la région de Ségou qui ont été affectées par cette crise sécuritaire et des aléas climatiques, notamment des inondations entraînant ainsi de nombreux déplacés et sinistrés.
“La région de Ségou compte aujourd’hui plus de 22 000 déplacés internes provenant majoritairement de la région de Mopti à travers les cercles de Djenné, Bandiagara, Bankass, Ténenkou, Koro… et du cercle de Macina pour la région de Ségou”, a précisé le maire. Selon lui, les derniers résultats du cadre harmonisé de mars 2019 ont révélé que plus de 51 000 personnes sont en situation de crise d’urgence alimentaire tandis que plus 400 000 autres sont sous pression et pourraient être en insécurité alimentaire.
L’édile d’ajouter que malgré les efforts des autorités locales, des partenaires et des personnes de bonne volonté, de nombreuses contraintes demeurent dans les domaines de la santé, de la nutrition, de l’éducation, la sécurité alimentaire. Il a profité de l’occasion pour lancer un cri du cœur aux 912 déplacés internes du cercle de Tominian qui vivent dans les conditions précaires.
La coordonnatrice des actions humanitaires des Nations unies, Mme Mbaranga Gasarabwe, a rappelé que de l’attaque du bureau des Nations unies à Bagdad en 2003 à ce jour, plus de 4000 humanitaires ont été tués, blessés, détenus, kidnappés ou empêchés de mener à bien leurs activités. Cela représente en moyenne 300 cas par an.
Elle a rappelé que Ségou fait partie des zones où ils ont besoin de renforcer la réponse d’urgence au vu de l’évolution du contexte humanitaire.
“En 2012 et durant les années qui ont suivi, les conséquences de l’insécurité liée au conflit affectaient surtout les régions au nord du pays notamment Gao, Kidal et Tombouctou mais depuis environ deux ans, le contexte a bien changé avec la recrudescence des conflits dans le Centre. Ces conflits ont entraîné des violences sans précédent affectant les civils dans la région de Mopti mais également un accès limité aux services sociaux de base et aux moyens de subsistance. L’accès à la santé, à l’éducation, à l’eau et même aux champs est parfois limité dans les zones affectées par les conflits. De plus, ils ont causé d’importants déplacements de personnes”, a-t-elle précisé.
Selon l’oratrice, 47 % des personnes déplacées internes vivent dans les régions de Ségou et Mopti avec actuellement 79 900 déplacés comparativement à environ 19 850 l’année dernière à la même période. A l’en croire, cette situation accentue les besoins humanitaires préexistants dans ces deux régions et dans les autres localités du Mali notamment ceux en rapport avec l’insécurité alimentaire, la malnutrition et les inondations.
“La 7e édition de la Journée mondiale de l’aide humanitaire au Mali se déroule dans un contexte où environ 3 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire dans les secteurs de la protection, de la sécurité alimentaire, de la nutrition, de la santé, l’éducation, de l’eau, des abris, entre autres. Ainsi l’assistance des partenaires humanitaires qui appuient le gouvernement est dirigée vers les personnes déplacées internes, les retournés, les réfugiés, les familles-hôtes et aussi les personnes touchées par l’insécurité alimentaire et nutritionnelle et les inondations sur la seule base de la vulnérabilité”, a-t-elle soutenu. Cette réponse aux urgences n’est qu’un aspect important du travail des humanitaires.
Journée dédiée cette année aux femmes humanitaires
Pour le ministre de la Solidarité et de la Lutte contre la pauvreté, Hamadou Konaté, cette journée doit être perçue comme un moment important pour non seulement avoir une pensée envers ces personnes mais également pour célébrer les efforts et actions des travailleurs humanitaires qui visent à sauver des vies parfois au péril des leurs. Il a aussi révélé que cette année, la communauté humanitaire a décidé de rendre particulièrement hommage aux femmes humanitaires.
“Partout dans le monde, les femmes jouent un rôle vital dans tous les aspects de la réponse humanitaire, même lorsqu’elles ont elles-mêmes tout perdu. Les femmes constituent un grand nombre de tous ceux qui risquent leur vie pour sauver les autres. Elles sont souvent les premières à réagir et les dernières à partir. Leur présence est plus que jamais nécessaire pour renforcer la réponse humanitaire mondiale. Et les dirigeants du monde, ainsi que les acteurs non étatiques, doivent veiller à ce que la protection qui leur est offerte par la loi internationale soit garantie à tous”, a déclaré le ministre.
Selon le ministre Konaté, le Mali, à l’instar des autres pays du monde affectés par des conflits, est confronté à de nombreux défis humanitaires.
“Aujourd’hui, plus de 285 000 Maliens sont déplacés à l’intérieur du pays ou dans les pays voisins à cause de l’insécurité (plus 147 000 personnes déplacées internes et plus de 138 000 réfugiés au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger). Le Mali accueille aussi quelque 2000 personnes venues chercher refuge.
Dans le Nord et le Centre du pays, l’insécurité limite l’accès aux services sociaux de base tels que la santé, l’eau et l’éducation et même aux foires hebdomadaires. L’insécurité alimentaire et la malnutrition restent des gageures dans notre pays comme dans d’autres parties du Sahel”.
Il a affirmé tout l’engagement du gouvernement malien et de ses partenaires pour l’assistance aux personnes en situation difficile. Un des temps forts de cette journée a été la remise par l’OMS de médicaments essentiels pour 4000 personnes déplacées durant 3 mois. Des attestations ont été offertes par les organisateurs aux personnalités comme Mme Diaw Kadiatou Tall qui se sont distinguées dans le domaine de l’humanitaire dans la région de Ségou.
La célébration a pris fin par la visite des stands des organisations intervenant dans l’humanitaire au Mali.
Kassoum Théra, envoyé spécial