Le 8 mars, Journée Internationale des Droits des Femmes, a été fêtée hier au Mali sans rassemblement digne de ce nom comme elle se faisait dans le passé par les plus hautes autorités du pays. Raison évoquée: la pandémie de la Covid-19 qui sévit dans le monde. Bien que les cas des contaminations et de décès aient baissé, les autorités ont décidé d’adopter la mesure de la prudence en évitant les attroupements. Néanmoins, elles ont décidé de retransmettre en direct sur les chaînes de l’ORTM (Télévision, radio) pour permettre à toutes les femmes du Mali de suivre les événements en temps réel. La cérémonie s’est déroulée à Koulouba, sous la présidence du président de la transition, Bah N’Daw. Cette 27ème édition de la Journée Internationale de la Femme (8 mars 2021) a été placée sous le thème : «Leadership féminin, pour plus d’égalité au Mali dans le contexte de la COVID-19». Ce thème, dit d’entrée Mme le Ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille (MPFEF), Mme Bouaré Bintou Founé Samaké, met en évidence les efforts déployés par les femmes pour avoir un futur et une relance économique plus égalitaires suite à la pandémie de la Covid-19. Selon Bintou Founé, la situation de la COVID-19 au Mali, à la date du 05 mars 2021, fait état de 8.470 cas confirmés depuis le début de la maladie, dont 6 424 guéris, soit un taux de guérison de 76% et 357 décès, soit un taux de létalité de 27,7%. Et d’ajouter que les femmes malades de Covid-19 représentent les 35% et le sexe féminin domine dans la tranche d’âge de 15 à 19 ans. L’impact de cette pandémie sur les femmes, explique le ministre Samaké, se fait sentir à tous les niveaux. Elle a aggravé les inégalités entre les sexes. Selon lui, les femmes sont très nombreuses dans les secteurs fortement affectés : le petit commerce, les emplois informels, le nettoyage, les services domestiques rémunérés. « Dans ce contexte, les femmes en situation de pauvreté et de grande vulnérabilité sont les plus touchées, non seulement par l’augmentation de la charge, mais aussi par la perte de revenus », a souligné le Ministre Bouaré. De l’avis du ministre de la PFEF, l’une des conséquences les plus préoccupantes de cette pandémie est l’augmentation de la violence à l’égard des femmes et des filles. « Cela est dû aux restrictions de mouvements, la quarantaine et l’auto-isolement, les tensions, combinées à la peur et aux impacts négatifs sur les revenus des ménages », dit-il. Malgré cette pandémie, des acquis ont été obtenus comme la mise en œuvre de la loi n°2015-052 du 18 décembre 2015, instituant des mesures pour promouvoir le genre, dans l’accès aux fonctions nominatives et électives, la participation des femmes à la Conférence d’Entente Nationale à hauteur de 30 % des participants ; la mise en œuvre de projets de réinsertion sociale et économique des femmes ; la création du Programme National de lutte contre les Violences Basées sur le Genre (PN-VGB) qui vise à répondre au nouveau défi institutionnel et opérationnel lié aux questions de violences multiformes auxquelles les femmes font face dans le pays, etc. L’arbre ne doit pas cacher la forêt. A côté de ces acquis, indique le ministre, demeurent de nombreux défis, notamment le contexte sanitaire et sécuritaire ; la diminution et/ou la perte de revenus des femmes ; la problématique de l’accès aux intrants et au marché ; l’incapacité des femmes d’entreprendre des activités de transformation en groupe ; les Violences Basées sur le Genre au sein du ménage à cause de l’insuffisance de revenu ; la problématique de l’accès aux matières premières. « Afin de mieux protéger les femmes et de tirer pleinement profit du potentiel de leur leadership en matière de préparation et d’intervention face à la pandémie, ajoute le ministre Bouaré, les perspectives des femmes et des filles dans toute leur diversité doivent être intégrées dans la formulation et la mise en œuvre des politiques et des programmes dans tous les domaines. C’est pourquoi, dit-elle, nous estimons que pour atténuer les impacts de la COVID-19 sur les femmes, il faut tenir compte de leurs besoins spécifiques. Il s’agit entre autres, de la participation des femmes, des filles et des jeunes, ainsi que les organisations des femmes et des jeunes, dans la riposte contre la COVID-19 (en tant que agents de santé, au sein des communautés, dans la mise en œuvre des activités de prévention et dans l’aide à la surveillance) ; de fournir aux femmes, des kits de protection contre le coronavirus (gel hydro alcoolique, kits de lavage, les masques) ; de la protection sociale en soutenant les ménages vulnérables ; d’appliquer les principes de commandes publiques sensibles au genre en mettant en place des dispositions politiques et administratives pour soutenir les AGR des femmes ; de faciliter l’accès au financement tel que les Fonds de roulement pour soutenir le fonctionnement des activités économiques ; de faciliter l’accès au crédit adapté aux entreprises dirigées par des femmes qui ne disposent pas de garanties exigées par les institutions financières et de faciliter l’accès aux intrants.
Selon le président Bah N’Daw, au Mali, les femmes constituent plus de la moitié de la population et représentent la grande partie de la population active. Le rôle d’épouse et de mère leur confère un statut social et leur donne la charge morale de gardiennes des us et coutumes. Analphabète dans sa grande majorité, dit Bah N’Daw, la femme malienne est pourtant présente dans tous les domaines d’activités de la vie. « La participation de la femme à la vie économique est un élément important pour sa promotion et son rôle dans la société. Ainsi, la promotion de la femme doit s’apprécier à travers sa participation aux activités économiques et sa capacité d’accéder aux ressources pouvant lui permettre d’avoir une certaine autonomie financière », dit-il. Cependant, poursuit le premier responsable de la transition, la maladie à coronavirus, survenue dans notre pays, a beaucoup affecté la vie quotidienne des femmes.
Les femmes payent le plus lourd tribut, car la plupart d’entre elles évoluent dans le secteur informel et en zones rurales. Le thème retenu, indique-t-il, appelle à une relance économique plus égalitaire suite à la pandémie de la Covid-19 dans notre pays. «Je ne doute point du leadership affiché des femmes dans tous les domaines de développement.
Les associations de femmes et des défenseurs des droits des femmes, bien antérieurement à la période de la pandémie, se sont toujours mobilisés pour réclamer la prise en compte pleine de l’égalité du genre dans toutes les sphères de décision aux plans politique, économique et social, mais également dans tous les processus de réformes », a fait savoir le président. Pour terminer, il s’est dit convaincu que, dans notre pays, rien ne se fera sans s’appuyer sur nos valeurs qui sont la solidarité, la cohésion sociale et la tolérance.
Hadama B. Fofana