Célébration au Mali de la journée mondiale de la protection civile : Les soldats du feu décidés à accélérer leur montée en puissance

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Demain, mardi 1ier mars 2016, le  Mali à l’instar des autres pays de la communauté internationale  célèbre la Journée Mondiale de la Protection Civile. Cette date a été retenue dans le calendrier des journées mondiales, comme étant celle de l’anniversaire de l’entrée en vigueur de la Constitution de l’Organisation Internationale de Protection Civile (OIPC) en tant qu’organisation intergouvernementale, le 1er mars 1972. Au Mali, pour l’édition 2016 de cette journée, la Direction générale de la Protection Civile a retenu plusieurs activités comme des campagnes de sensibilisation sur les mesures à adopter en cas de catastrophes et des activités culturelles et sportives. A InfoSept, nous profitons de cette journée pour parler entre autres dans ce dossier de l’historique de la protection civile au Mali, ses missions, ses moyens matériels, ses domaines d’intervention et les difficultés auxquelles elle fait face.

 

Faut-il le rappeler, l’OIPC  est une organisation intergouvernementale qui s’est fixée comme objectif principal de contribuer à la mise en place  par les Etats de mesures et d’organisations propres à assurer la protection et l’assistance aux populations face aux catastrophes naturelles et à celles causées par l’Homme. Les objectifs affirmés de cette journée sont, entre autres, d’attirer l’attention du public sur son rôle majeur dans la vie quotidienne des populations et surtout de sensibiliser celui-ci sur les mesures à adopter en cas de catastrophes naturelles. La journée permettra d’organiser toute une série de manifestations, de conférences, de débats, d’expositions et même des exercices de secourisme et de préparation aux catastrophes.

 

L’avènement du service de protection civile au Mali

Un bref aperçu historique sur le parcours des sapeurs pompiers, ce que nous appelons aujourd’hui protection Civile, fait ressortir que c’est en 1952 que furent incorporés les premiers sapeurs-pompiers de la Municipalité de Bamako. Ils étaient constitués à l’époque principalement d’agents de la Voirie. Ainsi, en 1960, après l’éclatement de la Fédération du Mali, quatorze sapeurs-pompiers professionnels de Dakar ont intégré le Service de Lutte Contre l’Incendie et de secours de la ville des trois caïmans. Selon l’actuel directeur Général de la Protection Civile, le Colonel Seydou Doumbia, ce service, peu organisé avec un effectif très réduit, se caractérisait surtout par son inefficacité opérationnelle, faute de personnels d’encadrement, de formation et surtout d’équipement. En 1969, après le sévère incendie de la Fabrique de cigarettes Djoliba à Bamako, la France mettra à la disposition du Mali, le Chef de Bataillon FRANCESCHI, un inspecteur Général de la Protection Civile française. Celui-ci proposa la création d’un Service chargé d’assurer les missions de la Direction de la Protection Civile. C’est ainsi  qu’un arrêté  a été pris  le 15 avril 1970 et qui assimilait les sapeurs-pompiers à des gendarmes. Cet arrêté les plaçait sous l’autorité du Commandant de la Gendarmerie Nationale. Le 7 mai 1971, 120 élèves sapeurs-pompiers étaient admis dans le Corps de la Gendarmerie Nationale. En 1972, l’Ordonnance N°41/CMLN du 16 septembre 1972 créait la Direction Nationale de la Protection Civile, placée sous l’autorité du Ministre chargé de l’Administration Territoriale et du Développement à la Base. C’est en 1982 que les Compagnies des sapeurs-pompiers furent érigées en Groupement de Sapeurs Pompiers de Bamako. Avec l’avènement de la Démocratie en 1991, la Conférence Nationale recommandera la création de la Direction Générale de la Protection Civile. Ainsi, la Loi N° 06-004 du 06 janvier 2006 créa  la Direction Générale de la Protection Civile, et lui assigna ses missions.

 

Les Missions de la Direction Générale de la Protection Civile

Toujours, selon le premier responsable des soldats du feu du Mali, le Colonel Seydou Doumbia, la Direction Générale de la Protection Civile a pour mission d’élaborer les éléments de la politique nationale en matière de protection civile et de veiller à sa mise en œuvre. A cet effet, elle est chargée d’organiser, de coordonner et d’évaluer les actions de prévention des risques et de secours en cas de catastrophe. Elle participe à l’élaboration et à la mise en œuvre des plans de secours et de protection, tout en assurant la protection des personnes, des biens et de l’environnement en cas d’accidents, de sinistres et de catastrophes, en liaison avec les autres services concernés. Cette direction participe aussi à la sensibilisation et à l’information du public avec des actions en faveur de la paix et d’assistance humanitaire. Tout en participant à la défense civile, cette direction doit concourir à la formation des personnels chargés de la protection civile.

Dans le cadre de la mise en œuvre de ses missions de prévention, de préparation et de réponse aux accidents, sinistres et catastrophes, la Direction Générale de la Protection Civile doit œuvrer à garantir non seulement un meilleur cadre de vie, mais également à assurer une protection des populations, tant dans les villes que dans les campagnes.

Pour permettre à la Protection Civile de bien mener ses missions, le décret N° 06-071/P-RM du 24 Février 2006, organise le service avec à sa tête une Direction Générale, 9 Directions régionales, 9 Compagnies de Sapeurs-Pompiers, 16 Centres de Secours et 9 Postes de secours routiers.

Pour animer ces structures, la Protection Civile dispose d’un personnel qualifié et pluridisciplinaire. Ainsi, nous avons 1646 professionnels repartis entre quatre corps : le personnel militaire de la gendarmerie qui comporte 5 officiers et 3 sous-officiers et le personnel civil, mis à la disposition de la Protection Civile par la Fonction Publique. Ce personnel civil est composé aujourd’hui de 6 personnes dont seulement 2 femmes.

Pour mener à bien ses missions, la Direction générale de la Protection civile est dotée de matériels majeurs dans les unités de la Protection Civile qui sont constitués d’engins de lutte contre l’incendie, de Véhicules de secours aux asphyxiés et aux blessés ou ambulances et de véhicules d’interventions diverses. Il y a aussi les échelles pivotantes automatiques, les moyens maritimes et les matériels techniques. Il faut souligner ici que la Protection Civile, a été dotée récemment  par son Département de tutelle de 10 ambulances dont 5 médicalisées pour  permettre l’introduction de la médecine pré-hospitalière dans la chaine de secours. Il convient de noter que toujours dans le cadre du renforcement de ses capacités opérationnelles, une flotte téléphonique a été instaurée pour rendre possible en tout temps et en tout lieu, la communication entre toutes les structures de la Protection civile.

 

Bilan de secours en en 2015 : 13308 interventions dont 655 morts et 19356 blessés

Selon le colonel Seydou Doumbia,  en 2015, les services de la Protection Civile ont effectué 13308 interventions, enregistrés 655 morts et 19356 blessés, par une prédominance des accidents de la circulation avec 11140 cas dont 410 morts et 18287 blessés. Toujours parlant des chiffres de 2015, notons que les soldats du feu ont fait 948 interventions pour 13 morts et 28 blessés dans des incendies.  Les inondations, les noyades et les secours à victimes totalisent 1220 cas signalés avec 232 morts et 1041 blessés. L’assistance à personnes comme l’accueil des rapatriés et des refugiés, la lutte contre les feux de brousse et des opérations diverses contre les essaims d’abeilles et les animaux errants sont aussi des domaines qui interpellent les soldats du feu.

L’exécution de ces missions aussi nombreuses que variées requièrent du personnel qualifié dans plusieurs domaines, d’où l’importance de la formation. Ainsi, la formation en sécurité incendie et secourisme de masse pour le grand public, les industriels,  les banques et autres entreprises, reste la clé de voûte de la prévention contre les risques d’incendie et de panique,  mais également un appui à la chaine de secours médicalisé.

 

Début le 23 février dernier de la formation de 500 élèves sapeurs

Sur le plan de la formation professionnelle, le Colonel Doumbia soulignera que l’Ecole Nationale de la Protection Civile, en partenariat avec la MINUSMA, la coopération française et des organisations non gouvernementales a organisé en 2015 une série de formations visant à améliorer les connaissances professionnelles des cadres de la protection civile, toutes catégories confondues. Dans les régions comme dans le district de Bamako, des formations de secouristes volontaires ont été dispensées à l’endroit de la jeunesse sur les gestes élémentaires de secourisme, qui peuvent sauver des vies. Egalement, la formation de base de 500 élèves sapeurs pompiers vient de débuter le 23 février 2016.

 

Les difficultés rencontrées par les soldats du feu

Malgré l’intensité et la diversité des interventions de la Protection Civile, l’expertise dont dispose son personnel dans plusieurs domaines, la richesse et la permanence de la formation, ce corps reste confronté à de nombreuses difficultés. Ainsi, nous avons l’insuffisance des effectifs et des moyens matériels et le faible maillage du territoire national par des unités d’intervention. En outre, il y a aussi l’insuffisance des textes régissant le domaine de la protection civile et la caducité de certains textes existants. D’où l’espoir que fonde le premier responsable des Sapeurs Pompiers du Mali, le Colonel Seydou Doumbia,  sur la Loi d’Orientation et de Programmation de la Sécurité en cours d’élaboration par le ministère de la Sécurité et de la Protection Civile. Pour le Colonel Doumbia, son adoption permettra, de prendre en compte toutes les difficultés dont fait face aujourd’hui  le service de la Protection Civile au Mali. Et donnera une impulsion décisive pour la montée en puissance de la Protection Civile. En outre, l’engagement clairement affiché du Ministère de la Sécurité et de la Protection Civile dans l’accélération du processus d’adoption des textes relatifs à la Protection Civile, permettra à court terme, de pallier l’insuffisance et la caducité des textes.

En somme, pour le Colonel Doumbia, la Protection Civile qui est un jeune corps de par sa création récente, s’impose aujourd’hui comme un élément incontournable dans la sécurisation des personnes, des biens et de l’environnement. Elle comporte en son sein des personnels qualifiés et pluridisciplinaires, qui ont besoin de plus d’accompagnement de l’Etat, des partenaires, des responsables communautaires et de l’ensemble du Peuple malien, pour accélérer sa montée en puissance, pour le bénéfice des populations.

 

Propos recueillis par Dieudonné Tembely

tembely@journalinfosept.com

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