Cascade de grèves : Le gouvernement au pilori !

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Le syndicat des magistrats du SAM-SYLIMA a tenu une Conference de presse sur leur réquisition par le gouvernement
Le syndicat des magistrats du SAM-SYLIMA a tenu une Conference de presse sur leur réquisition par le gouvernement Bamako, le 10 octobre 2018 (photo archives)

Depuis sa réélection, le 4 septembre dernier, le président Ibrahim Boubacar Keïta et son régime font face à une grosse colère des travailleurs maliens. Et pour cause ? Les syndicats des magistrats (Sylima et SAM) sont en grève illimitées depuis le 27 août 2018, suivis par les promoteurs d’écoles privées (1 octobre 2018). Aussi, les organisations syndicales des argentiers de l’Administration des départements ministériels (DFA, DFM, DRH…) ainsi que d’autres syndicats, notamment de l’Agence pour la promotion de l’investissement au Mali (API-Mali), de la santé, de l’enseignement supérieur… ont déposé des préavis de grève sur la table gouvernement… Un gouvernement au pilori et qui n’arrive plus à faire face à la forte demande sociale

Le régime en place à du pain sur la planche ! En effet, la table du gouvernement ne désemplie guère avec des préavis de grève émanant des différents syndicats de plusieurs secteurs. Ainsi, ils (les syndicats) affûtent leurs armes contre un gouvernement accusé par tous de non-respect des multiples engagements pris lors de différentes négociations avec eux ou pour exiger l’amélioration de leurs conditions de travailler. Il s’agit des deux syndicats des magistrats (Sylima et SAM), le syndicat des promoteurs d’écoles privées, des financiers de l’administration au niveau des ministères (DFA, DFM, DRH…), le comité syndical de l’API-Mali, celui de la santé, de l’enseignement supérieur… Une liste qui risque de s’allonger dans les jours à venir.

 

Les magistrats exigent plus de sécurité

Ainsi, après plusieurs mouvements de grève de protestation, le Syndicats libre de la magistrature (Sylima) et le Syndicats autonome de la magistrature (SAM), observent depuis le 27 août dernier une grève illimitée, sans service minimum. Ils dénoncent « l’immobilisme des autorités » dans la prise en charge de leurs revendications : la sécurisation des juridictions et du personnel judiciaire, ainsi que la relecture de leur statut et de la grille de salaire. Conséquence : Depuis, pas de casiers judiciaires, ni de certificats de nationalité, ni de procès-verbaux ou d’autres documents, encore moins d’audiences dans les juridictions maliennes.

Mamoudou Kassogué, premier substitut au procureur au pool économique du tribunal de la commune 3 de Bamako, explique  cette  grève par l’absence de mesures fortes de la part du gouvernement suite à  l’enlèvement du président du tribunal d’instance de Niono, Soungalo… « … À l’occasion des discussions, la partie gouvernementale nous avait fait des promesses fermes en nous faisant comprendre que le 30 juin au plus tard les mesures de sécurité allaient être renforcées au tour de toutes les juridictions et autour de tous les personnels judiciaires. Malheureusement, par la suite, nous n’avions constaté aucune amélioration du dispositif sécuritaire… », précise-t-il.

Le ton monte…

Malgré de multiples médiations, la situation entre les deux parties s’est de plus en plus dégradée. En effet, le ministre des Finances, Boubou Cissé a,  d’abord, ordonné une retenue sur les salaires des magistrats à partir du mois de septembre. Cette décision a provoqué l’ire du Syndicat autonome de la magistrature (Sam) et du Syndicat libre de la magistrature (Sylima), qui a répliqué avec la révélation d’un scandale sulfureux concernant le ministère des Finances. À travers un communiqué en date du 28 Septembre 2018, et signé des responsables syndicaux du SAM et du Sylima que «trois milliards et demi (3.500.000.000) FCFA se sont évaporés dans la nature à l’hôtel des Finances»…

Un nouveau pic dans la  tension a été atteint avec la décision du gouvernement de réquisitionner les juges grévistes. En effet, dans un communiqué, Racky Talla, ministre en chagre du Travail et de la Fonction publique a annoncé cette décision le mardi. En réaction, le secrétaire général du Sylima, Hady Macky Sall se veut serein : « Le  pouvoir exécutif ne peut pas réquisitionner les personnes d’un autre pouvoir. Nous pensons que c’est de l’intimidation. Mais, ce n’est pas avec les syndicalistes de la magistrature qu’il faut se comporter ainsi ». Selon lui, la question de réquisition du gouvernement  s’appuie sur la loi de 1987. « Or, dans la hiérarchie, c’est la constitution qui prime. Notre dernière constitution date de 1992. Dans cette constitution, il y’a nettement la séparation de pouvoirs dans un Etat de droit. Il s’agit bien attendu des pouvoirs Exécutif, Judiciaire et Législatif. A partir de la constitution de 1992, donc l’exécutif  ne peut pas réquisitionner les personnes d’un autre pouvoir. Les magistrats et les députés lui échappent. Ils font partie d’autres », explique-t-il…

Les syndicalistes de la magistrature sont déterminés à poursuivre leur mouvement jusqu’à la satisfaction de la plateforme revendicative. Ainsi, le mercredi dernier, lors d’une assemblée générale, les deux syndicats (Sylima et SAM) demandent la récusation du président de la Cour suprême, Nouhoum Tapili et introduisent une plainte pour forfaiture à son encore. En outre, ils exigent la démission du premier ministre, celui en charge du Travail et de la Fonction publique, Racky Talla et de Tiénan Coulibaly, ministre de la Justice…

Education et Santé : le grand malaise

Les promoteurs des écoles privées sont en arrêt de travail depuis la rentrée scolaire. Ils réclament à l’État le paiement de plus de 30 milliards de Francs CFA de subventions au titre de l’année scolaire 2017-2018. Réunie en assemblée générale, le 27 septembre dernier, l’Association des promoteurs d’écoles privées agréées du Mali (AEPAM) a décidé d’aller en grève pour la satisfaction de ses doléances. Selon, le secrétaire général de l’AEPAM, Abdoul Kassoum Touré, l’Etat doit des arriérés aux promoteurs d’établissements  scolaires privés depuis janvier. «Les établissements restent ouverts. On respecte la rentrée mais on refuse de reprendre les cours. Car, nous ne sommes pas dans les prédispositions d’une rentrée scolaire. Celle-ci se prépare. Au-delà, 80% des établissements sont en location et doivent des arriérés aux propriétaires, sans oublier les arriérés de salaires qu’ils doivent payer aux enseignants… », explique-t-il.

Quant au Syndicat national de l’enseignement du supérieur de l’Institut Universitaire de Gestion (IUG),  il a entamé, le mardi 9 octobre dernier,  la première tranche de sa série de grèves annoncées, d’une durée de 48 heures (9 et 10 octobre 2018). « Nous avons effectivement décrété la grève de 48 heures aujourd’hui. Elle a été suivie à 100% par nos militants. Nos discussions avec la commission de conciliation ont échoué, on ne s’est pas entendu, ça été un échec. On n’a donné une dérogation à la commission de régler le problème d’ici le 15 octobre. Si on ne s’entend pas, on déclenchera la grève de 72 à partir du 16 octobre », explique le Pr Alassane Sidibé.

Le 9 octobre dernier, les blouses blanches l’hôpital CHU du Point G, l’une des grandes structures de santé du pays, ont fermé l’entrée principale du centre, bloquant ainsi l’accès aux visiteurs. La Raison ? Manifester leur mécontentement face au manque de moyens adéquats afin de soigner les malades. Lors d’un sit-in, les médecins estiment vouloir « travailler pour un hôpital donnant des soins de qualité». Les travailleurs exigent également la reconnaissance  par le ministère de la Santé de leur nouveau bureau syndicat. Par ailleurs, le samedi 13 octobre prochain à Kayes, la population de la ville de Kayes projette une grande manifestation « pour réclamer la dotation du plateau technique de l’hôpital régional Fousseyni Daou de Kayes d’un scanner, d’un appareil de dialyse et autres appareils nécessaires à son bon fonctionnement».

 Les financiers et d’autres secteurs sur le pied de guerre !

Les Directions de finances et des matériels de la primature et des ministères menacent d’observer une grève de 48 heures (15 et 16 octobre prochains). En effet, la coordination des comités syndicaux de la Direction de l’administration et des finances (DAF), des directions de ressources humaines (DRH), des cellules de planification et de la statistique (CPS) et les directions des finances et du matériel (DFM) de la Primature et des départements ministériels ont déposé un préavis auprès du ministre en de la Fonction publique. Ils exigent l’élargissement en intégralité des décrets N°2018-541/P-RM du 05 juillet 2018 et N°2018-0653/P-RM du 08 août 2018 à leur service respectif. Contrairement à leurs collaborateurs directs (direction générale du budget, direction nationale de la planification du développement, la direction nationale du contrôle financier et le personnel des services du ministère de la Fonction publique), les DAF, DRH, CPS et DFM ne profitent pas des décrets N°2018-541/P-RM du 05 juillet 2018 et N°2018-0653/P-RM du 08 aout 2018. Par ces décrets, les premières se voient accorder des primes et indemnités allant de 5 000 à 200 000 F CFA selon les catégories et fonctions. « La DGB et la DNCF assistent les DFM et les DAF dans l’élaboration et l’exécution du budget. Et ce sont ces derniers qui endossent tous les risques liés à l’exécution du budget. Quant à la DNPD, elle a la même mission que la CPS, et les DRH constituent les détachements du ministère du Travail et de la Fonction publique. Ce qui fait de nous des victimes d’une injustice du gouvernement », dénonce Issa Synayoko, le coordinateur des comités syndicaux de la DRH, des CPS et DFM de la Primature et des départements ministériels.

De son côté, le comité syndical de l’Agence pour la promotion de l’investissement au Mali (API-Mali) s’insurge contre des pratiques « inadmissibles » et accuse, du coup, le directeur de l’agence. En effet, dans un préavis, déposé le mardi 8 octobre dernier, au niveau du ministère en charge du Travail et de la Fonction publique, ce syndicat envisage une grève de 72 heures à partir du 22 octobre prochain. Ainsi, s’il n’a pas eu gain de cause, la grève pourrait reprendre pour une durée illimitée, à compter du 6 novembre 2018. Le comité syndical dénonce, entre autres, «la menace verbale de la licence proférée à l’encontre des nouveaux employés» et contre certains membres du syndicat par le directeur général de l’API-Mali à la date du 4 octobre 2018 à 10 heures, la menace verbale de la licence proférée à tous les membres du comité syndical lors d’une réunion syndicale relative à la grille des salaires du directeur général de l’agence du 30 juillet 2018… Aussi, le syndicat veut la réalisation d’une mission d’audit comptable et financier sur les ressources propres générées par API-Mali et les subventions pour la pérennisation des ressources de l’agence. «C’est la recommandation du Conseil d’administration du 28 avril 2018», indique le préavis de grève.

A ce rythme, le gouvernement risque d’être débordé par des préavis de grève, s’il ne prend pas ces mouvements sociaux à bras le corps, tant le climat social se détériore de jour en jour.

Mohamed Sylla 

 

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1 commentaire

  1. SOUMAILA CISSE est derrière vous et vous pousse à l’excès. Mais vos combats ne sont pas les mêmes. LUI il est content et partant pour tout ce qui peut brûler le pays. DONC méfiez-vous de ces POLITICHIENS véreux qui n’ont rien fait pour vous quand ils étaient aux affaires et qui se font passer aujourd’hui pour des anges.

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