Carnet de voyage – Dakar-Niger : ce train doit continuer à siffler…

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Le Gouvernement du Mali doit faire l’impossible s’il le faut pour que la Société Transrail puisse non seulement maintenir, mais aussi renforcer le trafic passager de Bamako à Kayes. Cela pour le plus grand bien des populations riveraines.
Au retour d’une mission de Kayes (au Pk 737) le 15 juin, j’ai décidé de faire le chemin par le train. Comme bien mentionné sur mon billet, le départ fut donné à 7 h 15 mn précises. Hormis quelques retardataires, presque tous les passagers étaient bien en place, dans leurs voitures respectives. Au bout de 24 Km de parcours, le train s’arrêta à Tintimba pour accueillir ses premiers passagers en dehors du Pk 737.
Mais ça n’était que le début du commencement. Car ce genre d’arrêt, il le fit dans presque  toutes les localités riveraines, grandes comme petites. Au nombre de celles-ci, très nombreuses, j’ai retenu : Diamou ‘’la ville industrielle’’  à 45 Km, non loin des chutes du Félou et du Fort de Médine dans le pays Khasso (des sites historiques et touristiques très visités) Mahina situé sur le Bafing (un des affluents le plus important du fleuve Sénégal, qui constitue également le site du barrage hydroélectrique de Manantali), Kalé, Oualia, Badimbé, Fangala, Toukoto (Pk 974) considéré comme la moitié du trajet, Boulouli, mais surtout Kita, une grande ville agroindustrielle et touristique du pays gardant plusieurs souvenirs, des vestiges de l’Empire du Mali et d’autres curiosités, Badingo, Sébékoro, Kassaro, Néguéla, Dio et Kati.
De Kayes à Bamako, j’ai vu un paysage très luxuriant où des paysans ont commencé à labourer leurs champs. Ça et là, des troupeaux très nombreux paissaient tranquillement sous bonne garde de leurs anges gardiens, les pasteurs nomades.
A l’arrivée du train dans ces différentes gares, l’atmosphère était presque la même, c’est à dire très festive, voire carnavalesque par endroit. En regardant dans la marée humaine, j’ai pu comprendre que certains venaient pour embarquer, d’autres pour accueillir des parents ou amis ou pour retirer des colis ; mais  force était de constater que d’autres aussi étaient là tout simplement parce que le train arrivait et qu’il ne fallait pas rater le spectacle.
« Train de la Solidarité et de l’humanitaire »
Sur ce registre, une scène m’a particulièrement marqué au cours du trajet : c’est cette vieille de près de 90 ans vue à la gare de Kalé parmi tout un parterre de siens, pas moins d’une centaine de personnes, tous des proches parents (des fils, des petits-fils et même des arrières petits-fils) semble-t-il. Elle est arrivée portée par certains d’entre eux. Tous ont tenu à l’accompagner jusque dans le train car, malade, elle devait rejoindre la capitale pour des soins.
C’est à partir de cet instant qu’a germé dans mon esprit l’idée de baptiser ce train « Train de la Solidarité et de l’humanitaire» car si celui-ci n’existait pas, il aurait fallu le créer. A en croire des passagers, au détour d’une conversation, ces va-et-vient du « Kouloun » (entendez le train) font partie de leur environnement depuis des siècles. « Les populations y sont très attachées ».
Au-delà donc de ce que j’ai vu et entendu, voire vécu auprès de ces populations et des responsables locaux de la Société Transrail j’ai eu, comme le dirait un juge, ‘’l’intime conviction’’ que pour moult raisons, ce trafic ne devrait pas ‘’mourir’’. C’est même pour l’Etat un devoir humanitaire que de l’inscrire dans le chapitre de ces œuvres d’utilité publique pour lesquelles aucun sacrifice ne saurait être de trop. De jour comme de nuit naguère, deux fois par semaine actuellement, ce trafic risque de disparaître à jamais.
Par Gaoussou  M. Traoré

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