Le Comité syndical des pompistes et vendeurs des stations-services Total, Shell, Oryx exigent l’application de la convention, la régulation du contrat de travail, le respect des heures supplémentaires, la rémunération des primes. L’information a été donnée au cours d’une conférence de presse tenue jeudi 21 octobre dernier à Sébénikoro.
Les travailleurs sont déterminés à mener ce combat jusqu’au bout pour l’application de la convention collective des entreprises pétrolières du Mali. Ils demandent une amélioration de leur condition de travail. Les pompistes dénoncent une exploitation humaine avec une condition de vie et de travail déplorable.
Face à cette situation, les travailleurs de ces trois stations ont décidé de joindre leur force pour former un bloc afin de mener ce combat. Ils projettent une grève de 72 heures les 27, 28, 29 octobre 2021. En plus d’être sous-payés, ces employés sont privés des primes tels que le transport, la scolarisation des enfants, prime de logement, prime d’ancienneté, entre autres. Ils dénoncent également le non-respect des 40 heures de travail par semaine. Et ne reçoivent qu’un salaire de 40 000, 30 000 ou 15 000 F CFA.
Ibrahima Ndiaye
Ils ont dit
SIDI GORO, SG DU COMITÉ SYNDICAL DES POMPISTES DE TOTAL-MALI
« On m’a licencié pour avoir créé un syndicat »
« Nous avons demandé à notre direction d’appliquer la convention qui était en place et qui englobe nos avantages. Ces sociétés multinationales sont là à nous exploiter. Nous avons vu la nécessité de nous organiser. Ainsi, nous avons décidé de mettre en place notre syndicat en mai 2021.
Depuis ce jour, tous les employés se sont vus menacés. Moi, j’ai été remercié parce que je suis rentré dans le syndicalisme. Après la validation de mon bureau, je n’ai fait que 8 jours dans la station, ils m’ont licencié parce que je suis le secrétaire général de notre syndicat.
Pour me radier, ils ont d’abord changé mon contrat CDI en contrat d’essai et un mois après c’est mon renvoi. Il n’y aura plus de recul tant que nous n’aurons pas satisfaction. On ne peut pas comprendre comment un Malien peut être si cruel avec un autre Malien. Des années et des années sans aucune amélioration dans notre travail. L’heure normale dans le code de travail c’est de 8h par jour, mais nous travaillons jusqu’à 18h et 19h par jour souvent 20h dans la journée, une chose qui n’est pas normale ».
SOULEYMANE SAMAKÉ, SG DU COMITÉ SYNDICAL DES POMPISTES DE SHELL
« Signer 40 000 F CFA pour toucher 25 000 F CFA »
« Nous subissons beaucoup d’injustices au niveau de nos stations Shell. La plupart des agents de cette station qui sont en service depuis plus de 10 ans, n’ont pas de contrat, ils ne sont pas inscrits à l’AMO, ni à l’INPS. Malgré toutes ces années en service dans cette dure condition, le gérant peut te remercier du jour au lendemain. Nous n’avons ni congé, ni permission digne de ce nom. Le salaire n’en parle pas, nous ne recevons que 40 000 F CFA au maximum, sinon 35 000 F CFA ou 25 000 F CFA. Certains de nos gérants, par la force, nous font émarger 40 000 F CFA alors qu’ils ne nous donnent que 25 000 F CFA comme salaire. Soit tu émarges ou tu prends la porte. Nous avons évoqué notre problème à la direction sans succès, c’est ce qui nous a amené à déposer ce préavis de grève. Dieu merci, aujourd’hui tous les pompistes sont conscients que sans l’union entre nous, nous n’irons nulle part ».
MAMADOU DIABATÉ, DU COMITÉ SYNDICAL DES POMPISTES ORYX
« Nos autorités doivent agir »
« Aller en grève n’est pas notre souhait, nous voulons juste être dans nos droits. Ce texte (convention) a été élaboré par eux-mêmes, nous ne voulons que son application. A Oryx nous commençons le service depuis 6 h du matin pour descendre jusqu’à 2 h du matin.
La façon dont nos contrats sont faits est inquiétante. La direction refuse de nous donner un contrat en CDI et nous fait signer des contrats en compte-goutte. Nous sommes payés à 40 000 F CFA par mois. Nous n’avons pas de prime, ni de ration et nous payons pour manger. Imagine ce que ça fait pour un chef de famille qui a une femme et deux enfants. Ils ont installé des caméras pour nous surveiller en cas d’échange de ticket. Alors que c’est cette mauvaise condition qui nous amène à échanger les tickets. Aller prier ou se rendre aux toilettes est devenu un problème chez nous à la station Oryx. Cependant, je lance un appel aux plus hautes autorités du pays de voir notre situation et d’empêcher ces stations-services d’exploiter illégalement leurs employés ».
Propos recueillis par
Ibrahima Ndiaye