Toute période de très forte chaleur est synonyme d’un fort accroissement de la demande en électricité, pour contrer la canicule et améliorer la qualité de vie. Surtout quand, comme cette année, cette saison coïncide avec le Ramadan. Ainsi, le réseau électrique national est très sollicité, et la fourniture d’électricité connaît des perturbations, voire des coupures programmées par zone appelées délestages. Cependant, penser que la solution est la campagne actuelle contre l’équipe EDM est l’erreur.
Energie du Mali a besoin d’une modernisation en profondeur de son matériel, d’un entretien de ses équipements. Si l’Etat ne fait rien, avec ou sans la direction actuelle, le problème va demeurer. Tirer à boulets rouges sur l’équipe actuelle n’arrangera donc pas les choses. La direction ne gagne rien à « emmagasiner » du courant, si tant est que cela est possible, à refuser de fournir puisque c’est ce qui la fait vivre.
L’état de vétusté des installations d’EDM est connu de tous les Maliens. Les investissements n’ont pas été faits. Et ces investissements relèvent du gouvernement, pas d’EDM dont les câbles supportent de plus en plus de charge, pour satisfaire la demande en constante augmentation. Et elles sont de moins en moins adaptées, ce qui conduit donc à des défaillances fréquentes, occasionnant des coupures.
Tirant les enseignements de la saison chaude de 2020, la nouvelle direction d’EDM-SA, malgré les marges de manœuvre très étroites, a tout mis en œuvre pour anticiper les risques de défaillances des parties faibles de son réseau en plaçant des centrales mobiles, afin d’éviter aux populations de connaître les mêmes désagréments qu’en 2020.
C’est ainsi qu’une centrale mobile d’une puissance de 20 MW est installée sur la colline de Badala, et mise en service le 9 mars 2021, afin d’alimenter les quartiers de la Rive droite. Une deuxième centrale mobile de 20 MW est installée à Sotuba pour prendre en charge la desserte d’une partie de la Commune I et Koulikoro. En effet, ces deux zones critiques du réseau avaient connu dès mars 2020 de très forts délestages.
Le constat aujourd’hui est que l’installation de la nouvelle centrale de Badala et la mise en œuvre d’autres mesures d’accompagnement ont positivement impacté la fourniture de l’électricité qui s’est améliorée.
Après un mois de mars passé dans de meilleures conditions qu’en 2020, nous avons depuis quelques jours un retour de délestages sévères. D’après nos investigations, et les explications obtenues auprès de sources bien informées, cette situation est due à la réduction drastique des importations d’électricité en provenance de la Côte d’Ivoire.
Depuis l’interconnexion en octobre 2012 de notre réseau électrique national avec celui de la Côte d’Ivoire, la part de nos importations n’a cessé d’augmenter d’année en année, sans connaître de problème majeur. Ainsi, de 30 MW en 2013, les importations ont culminé en moyenne à près de 100 MW en 2020. C’est dire la qualité de la coopération entre les deux réseaux interconnectés.
Au titre de cette coopération des échanges réguliers se font entre les gestionnaires des deux réseaux, et en janvier dernier il avait été convenu que les enlèvements seraient maintenus pratiquement au niveau de 2020. La directrice nationale de l’Energie, Madame Aminata Fofana et le DG de EDM-SA, Oumar Diarra, en compagnie de certains de leurs collaborateurs, s’étaient rendus à Abidjan début avril, pour des échanges avec le partenaire ivoirien, dans l’objectif de sécuriser les niveaux des importations d’électricité du réseau ivoirien au profit de notre réseau national, en prévision de la période de forte chaleur et du saint mois de Ramadan.
Malheureusement, il s’avère que le partenaire ivoirien connaît des difficultés temporaires sur son réseau national, à en croire le communiqué publié le 14 avril 2021 par la direction de la Compagnie Ivoirienne d’Electricité, et de ce fait n’arrive plus à honorer ses engagements et a dû restreindre ses exportations entre 30 et 50 MW contre 100 MW en 2020, au moment où la demande d’électricité des populations augmente à cause de la canicule, entraînant un important déficit de production au niveau du réseau national, et ces répercussions fâcheuses que les populations connaissent aujourd’hui.
A court terme, ce déficit ne pourra être résorbé que par la baisse de la demande, si les vagues de chaleur venaient à s’atténuer, ou par un relèvement du niveau des importations en Côte d’Ivoire. A moyen et long terme, le réseau national devra être doté de source de secours pour pallier les cas de défaillance des importations.
Voilà autant de raisons qui expliquent les nombreuses perturbations dans la fourniture correcte de l’électricité.
Les coupures sont certes une réalité et c’est regrettable en ces temps de canicule, de surcroît pendant le Ramadan, mais force est de reconnaître que les actions du DG Diarra, ont permis d’améliorer la situation par rapport à l’année dernière.
Des efforts qui méritent d’être appréciés et encouragés, en lieu et place des appels à la haine et à l’insurrection de certains internautes, souvent contre les agents EDM, qui s’échinent nuit et jour à satisfaire les populations, malgré les conditions difficiles dans lesquelles ils travaillent. Il n’y a vraiment pas lieu de les livrer à la vindicte populaire, eux qui ont plutôt besoin d’encouragements.
Ce journaliste est un griot. La principale raison de la diminution de la desserte entre la Côte d’Ivoire et le Mali est la dette colossale de 650 milliards que le Mali doit à a Côte d’Ivoire. Il n’y a pas 36 000 solutions au problème d’électricité au Mali, il n’y en a que deux : une bonne planification à long terme et la bonne gouvernance du secteur. Il faudrait qu’à terme cesse la dépendance énergétique vis-à-vis d’un autre Etat, c’est une question de souveraineté nationale!!!!!!!!!
Erratum : dette colossale de 60 milliards
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