L’avenir de la France en Afrique subsaharienne (2ième Partie) : Pour elle, le continent semble être un terrain d’essai potentiel pour les capacités militaires naissantes de la Politique de Sécurité et de Défense Commune (PSDC) de l’UE
Avec la globalisation, un nombre croissant de décideurs français reconnaissent que les défis de l’Afrique subsaharienne nécessitent une coopération accrue avec des partenaires, en particulier les européens et les américains.
Les problèmes postcoloniaux de l’Afrique s’accroissent rapidement dans les domaines comme la dégradation de l’environnement, les graves pressions démographiques, le manque de soins médicaux, l’urbanisation incontrôlée, les drogues illicites, la criminalité internationale et le terrorisme. Ce ne sont plus des problèmes qui peuvent être résolus si facilement entre un président français et un homologue africain francophone. Avec la complexité du monde actuel, les problèmes de l’Afrique ne sont pas uniques, d’autres régions du monde ont aussi besoin d’attention.
L’ancien conseiller diplomatique de Chirac, Gourdault-Montagne, se confia à un diplomate américain. D’après lui, l’Afrique reste importante pour la France en termes de « rhétorique qu’en réalité ». La France est beaucoup plus préoccupée par le Moyen-Orient et le Maghreb, dit-il.
En 1999, la France annonça qu’elle ne conduirait plus une politique de « aller seule » en Afrique. La nouvelle politique sera basée sur ce que Michel Barnier, ancien ministre des Affaires étrangères, appelle la « mutualisation ». Les responsabilités seront partagées en particulier avec les partenaires de l’Union Européenne (UE), mais aussi avec les partenaires non-européens, tels que les États-Unis.
Cette réorientation de la politique africaine fut en partie le résultat de la cohabitation, où le premier ministre Lionel Jospin a réussi à imposer une politique africaine basée sur la non-ingérence. Cependant, cette réorientation fut aussi une reconnaissance tacite que l’ancienne politique africaine de la France avait ses limites.
Par conséquent, la France commença à recevoir à bras ouverts l’implication d’autres pays dans les problèmes africains qu’elle a pensé auparavant pouvoir gérer seule.
Dans un premier temps, la France se tourna vers ses partenaires européens. En septembre 2003, la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie salua la réussite de l’ « Opération Artémis » par les forces de l’Union Européenne dirigée par la France en République Démocratique du Congo (RDC). Elle affirma que la participation de l’Europe dans l’opération faisait partie d’une évolution de la politique européenne de sécurité collective.
Cependant, la « mutualisation » n’est pas sans problèmes, surtout quand il s’agit du Royaume-Uni ou des États-Unis. Bien que de nombreux français familiers avec l’Afrique conviendraient que l’approche globale, multilatérale suggérée par le Premier ministre britannique Tony Blair, est une façon appropriée de traiter des problèmes de l’Afrique, ils ressentent à un certain degré le leadership britannique dans une région longtemps considérée comme leur pré-carré.
En termes de coopération, la France continue de montrer une préférence pour l’UE ou l’ONU plutôt que pour l’OTAN, comme elle l’a démontré dans ses efforts de bloquer la participation de l’OTAN dans la crise du Darfour.
Pour la France, l’Afrique semble être un terrain d’essai potentiel pour les capacités militaires naissantes de la Politique de Sécurité et de Défense Commune (PSDC) de l’UE. La PSDC est essentiellement un instrument de l’UE pour faire face aux nouvelles menaces de sécurité non conventionnelles. Elle permet à l’UE de mener des missions et des opérations militaires et civiles pour le maintien de la paix, la prévention des conflits et le renforcement de la sécurité internationale. Dans ce contexte, il est probable que la France tentera de limiter l’implication de l’OTAN dans une future crise africaine nécessitant une intervention.
L’approche de la France à l’égard de la démocratie et de la bonne gouvernance en Afrique s’éloigna de l’agenda annoncé par le président François Mitterrand le 20 juin 1990, quand il conditionna l’assistance française à la réforme démocratique dans les pays récipiendaires. Mais souvent, la réalité sur le terrain pousse l’idéalisme vers le pragmatisme.
À suivre…
Amadou O. Wane
Collaborateur externe, Floride, Etats-Unis
amadou@amadouwane.com