Le président de la République IBK revient de Mopti. C’était sa première visite dans une région du Mali après une bonne dizaine effectuée à l’extérieur du pays. La foule est sortie massivement pour l’applaudir et lui souhaiter la bienvenue.
Chez Soudou Baaba, on n’accule pas l’étranger, car, un étranger demeure un étranger et mérite donc qu’on l’accueille avec le sourire. Ce qui a été fait.
Les populations n’ont pas exhibé leurs blessures ni les masques qui tracent les contours de visages meurtris par une crise qui a fait perdre à cette région le goût de la vie.
Les populations ont manifesté leur joie, à travers des chants de dense aux rythmes des tam-tams, des balafons, des koras peulhs. Vous avez été accueilli avec le masque dogon, qui – on le dit – ne sort pas à toutes les occasions. Motif de satisfaction donc. Faisant dire à certains de vos fans que les mauvaises langues qui prédisaient un flop pour votre visite à Mopti, ont eu tort.
Mais, attention Monsieur le président, ne vous fier pas aux apparences. Ces populations comme dirait l’autre, marchent sur une corde raide et au dessous, l’abîme.
L’économie est déstructurée dans cette partie du pays, elle n’est plus ce qu’elle était. Le tourisme et ses activités connexes qui occupaient la plupart de ses populations et surtout les jeunes, ont foutu le camp. Les hôteliers déposent l’un après l’autre la clé sous le paillasson.
Zone de pêche par excellence, la rareté des touristes et la fermeture des hôtels, impactent négativement sur l’écoulement des produits de la pêche. Résultats : La population se paupérise ; la jeunesse est sans emploi et, pire, les structures pourvoyeuses d’emplois (hôtels et ONG) disparaissent. L’horizon s’assombri. Ça, ils ne vous l’ont pas dit.
Les masques dogons. En les voyant, vous vous êtes, sûrement, posé la question suivante : combien (de masques) ont été défigurés, «violés », désacralisés du fait de l’égarement des hommes ?
Mr. le Président, ces populations vous ont transmis des messages dans la « joie ». C’est désormais à vous et à vous seul, de le déchiffrer. Mais, tant que des politiciens opportunistes et autres laudateurs continueront à former cet écran de fumée, à soulever la poussière là où il n’y a pas un seul grain de sable, vous vous exposerez à un rendez-vous manqué.
Mohamed Dagnoko