«Celui qui sème le vent, récolte la tempête». Cette vieille vérité, le capitaine Blaise, alors président de la République du pays des Hommes intègres, l’a apprise à ses dépens. En effet, le 30 octobre 2014 sera désormais gravé en lettres d’or dans les annales de l’histoire du Burkina Faso. En ce sens que c’est ce jeudi 30 octobre 2014 que le peuple burkinabé s’est enfin éveillé et a décidé de débarrasser le pays et par la suite toute l’Afrique du «plus froid des monstres froids».
Qui aurait imaginé, même dans le rêve le plus fou, qu’après vingt- sept (27) ans de tyrannie, deux jours seulement auraient suffi pour chasser de la maison burkinabè le serpent le plus venimeux que l’Afrique n’ait jamais connu ? Et pourtant, l’incroyable s’est réalisé en ce jour 30 octobre 2014 par les hommes intègres. Nous dirons tout simplement que mieux vaut tard que jamais.
Aussi, à travers cet acte historique, le peuple burkinabé, à l’image du peuple malien en 1991, vient de prouver encore une fois que c’est en lui seul, peuple, que réside le pouvoir. Par la même veine, il vient de lancer un signal fort à tous ces dictateurs rêvant d’une présidence à vie, qu’on ne saurait tripatouiller la Constitution que le peuple a souverainement votée et rester impuni.
Par ailleurs, si ce départ forcé du capitaine président ouvre la voie à de nouvelles perspectives pour le Burkina Faso en particulier, et toute l’Afrique en général, cependant, pour le MNLA (Mouvement national pour la libération de l’Azawad), il suscitera certainement inquiétude et désespoir.
Inquiétude, en ce sens que ce mouvement séparatiste est conscient qu’avec ce départ inattendu, il vient de perdre du coup un appui essentiel. Car, il n’est un secret pour personne que c’était le Burkina Faso de Blaise Compaoré qui servait au MNLA de refuge à chaque fois que les choses tournaient mal pour lui.
Désespoir également dans la mesure où, ce départ forcé de Blaise intervient au moment où les négociations de paix entre lui et l’Etat malien, en cours en Algérie, sont rentrées dans la phase active. Il est clair que ces négociations, entre le MNLA et ses acolytes comptaient fort pour le capitaine président, alors médiateur dans cette crise à la demande de ses pairs de la CEDEAO et de l’Union africaine (UA) et surtout complice de la France, pour faire aboutir leurs doléances.
Maintenant que Blaise n’est plus aux commandes de son pays, alors, désormais face à cette crise dont Balise n’est pas totalement étranger, le MNLA et ses acolytes ont deux options : revoir leur ambition à la baisse et intégrer avec honnêteté le processus de négociations en cours à Alger en vue de parvenir à un consensus national, ou jouer au dur pour terminer comme leur «père spirituel».
La fin triste du capitaine président n’est que justice divine. Car Dieu n’a donné à personne la puissance de commander indéfiniment aux autres. On ne peut pas passer toute sa vie sur le dos des autres. Tôt ou tard, l’on sera un jour interpellé par le tribunal de l’Histoire et ce jour là, l’on récoltera ce qu’on aurait semé. Cela, le capitaine Blaise l’a amèrement appris ce jour 30 octobre 2014.
Il appartient maintenant au peuple burkinabé d’achever l’œuvre qu’il vient de commencer. Il ne doit pas se limiter au départ du capitaine président. Le nettoyage doit se poursuivre en profondeur et s’étendre à tous les secteurs d’activités du pays à commencer d’abord par la justice, l’armée, l’administration pour finir par la construction d’un citoyen nouveau digne du pays des Hommes intègres. Ce chantier est vaste et la tâche est sans conteste rude, mais dans l’union sacrée autour de l’essentiel, dans l’entente et la cohésion, elle pourra être accomplie.
Daouda DOUMBIA