Samedi dernier, l’imam de Badalabougou faisait son retour au bercail après un séjour bénéfique à l’image du Mali. Un retour triomphal écorné par l’agression policière subie par la foule venue l’accueillir.
Depuis le 10 janvier dernier, le Sheikh Imam Mahmoud DICKO est officiellement membre Permanent de la Ligue Islamique Mondiale. Une distinction qui sonne comme une consécration de l’influence ce personnage de haut rang hyper médiatisé au début de la transition.
Le retour de l’ancienne autorité morale du M5 – RFP était donc fortement attendu par ses amis de la CMAS, qui ont préparé au guide spirituel un accueil aux allures de démonstration de force depuis l’aéroport. Sans destruction de biens publics ou d’appels incitant à la violence, les fans et supporters ont été plutôt disciplinés, en dépit des tensions latentes avec les autorités de Transition depuis un certain temps. Il est donc surprenant que de échauffourées éclatent avec les forces de l’ordre, au point de s’en prendre à une foule sortie paisiblement accueillir son leader comme chacun de nous le faire naturellement à l’aéroport.
REGLEMENTS DE COMPTES ?
On le sait, malgré son profil religieux, le tombeur d’IBK baigne dans les questions politiques. Et dans un contexte où le débat d’une nouvelle constitution fait rage, une tension est vite ravivée, surtout que la CMAS s’est récemment illustrée par une sortie défavorable à l’initiative d’un changement constitutionnel prônée par les autorités de la Transition. Elle rejette en effet d’un revers de main le référendum et invite clairement à y sursoir. Pis, les alliés du célèbre imam remettent tout aussi directement en cause la légitimité des autorités actuelles pour conduire le processus de refondation du Mali. La team Dicko s’en réfère notamment à l’article 118 de la constitution en vigueur qui «parle d’une révision et non d’une élaboration de nouvelle constitution » En définitive, «il ne peut y avoir qu’une révision et cela passe par des procédures», martèle le communiqué. Une sortie propre à déplaire quand on sait que l’ex patron du Haut conseil islamique a été au cœur de l’installation du président de la transition au lendemain du coup d’État de 2020.
CONSÉCRATION INTERNATIONALE
Quoique le monde ait certes découvert le guide religieux à travers les manifestations populaires conduites de main de maître contre IBK en 2020, l’Imam Mahmoud Dicko a néanmoins redoré son blason à l’échelle international depuis peu. Au point de mériter d’intégrer comme membre de base/Permanent la Ligue Islamique Mondiale, une ONG basée à la Mecque. Elle est composée de multiples courants pays musulmans et fait figure d’organisation très inclusive qui prône l’amitié entre les peuples.
L’officialisation de cette nouvelle n’est nullement passée inaperçue. Elle a été accueillie avec une joie et une fierté partagées par l’essentiel des Maliens, à en juger du moins par le ton des multiples réactions sur les réseaux sociaux et la salve de congratulations adressées à l’un des personnages publics les plus emblématiques au Mali.
De l’épisode, la transition devra retenir une chose au final : elle est condamnée à vivre et faire avec l’imam qui avait trouvé la posologie à la crise du pays via les bons offices.
IK