Brigade des Mœurs : Une structure illégale

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Face à la progressive dégradation de nos mœurs, aujourd’hui, la Brigade de Mœurs est l’une des sections de la police les plus sollicitées par les populations de la capitale.

Spécialisée dans la répression des atteintes aux règles de morales et de conduite sociale, curieusement, la Brigade des Mœurs fonctionne sans texte depuis 1969, donc en totale illégalité.

En effet, la création de la Brigade des Mœurs remonte en 1969, de Georges Collinet au Mali.

A l’époque, on notait une dépravation notoire de nos us et coutumes du fait de la jeunesse de notre pays qui prenait d’assaut les quelques bars et maisons closes de la capitale.

Ainsi, l’idée d’une structure permettant de circonscrire le phénomène, fait surface. La Brigade des Mœurs a été créée et elle est fonctionnelle depuis 1969.

Mais aujourd’hui encore, malgré l’importance et la diversité de sa mission, aucun texte juridique ne prévoit ni l’organisation ni le fonctionnement encore moins les missions de la Brigade des Mœurs. Et comme dit l’adage, nécessité fait loi. A défaut de texte, la Brigade des Mœurs a déduit ses missions du contenu même du mot « Mœurs ».

Avec une trentaine d’agents, la Brigade poursuit et réprime les infractions aux mœurs comme le viol, l’incitation à la débauche, le proxénétisme, l’attentat à la pudeur, l’outrage public à la pudeur, la pédophilie, les violences faites aux femmes et aux enfants.

L’absence de texte juridique précisant le statut de la Brigade des Mœurs a ainsi favorisé l’extension de sa mission à d’autres infractions de droit commun.

Les missions conventionnelles de la Brigade peuvent être sériées essentiellement en deux volets : un volet mœurs et un volet social.

Le volet mœurs prend en compte les enfants retrouvés (abandonnés), les enfants recueillis, les enfants égarés, les enfants victimes de trafic, etc.

Théoriquement, le volet mœurs s’intéresse à la prévention, la constatation et la répression de toute forme d’atteinte aux Mœurs.

Hélas, la pratique permet de se rendre à l’évidence.

En effet, même si ce volet fonctionne, ses résultats laissent à désirer. Pour preuve, la débauche et la nudité sont de plus en plus légion dans la capitale. A ce niveau, les actions de la Brigade des Mœurs semblent se limiter aux femmes, « libres » (les prostituées). « Raflées », pendant les patrouilles, elles sont enregistrées à la Brigade des Mœurs avant d’être remises à certaines ONG.

Celles-ci se chargent de les soumettre un questionnaire, avant de les contraindre à des visites médicales régulières et en leur cherchant d’autres métiers.

A l’inverse, le volet social enregistre des résultats satisfaisants. En effet, les enfants abandonnés sont enregistrés au niveau de la Brigade les Mœurs avant d’être placés au centre d’accueil et de placement communément appelé pouponnière.

La brigade ouvre alors une enquête visant à identifier leurs parents.

Si ceux-ci ne sont pas retrouvés au bout de trois mois, l’enquête est chose. Trois ans après, si les parents ne se manifestent toujours pas, le centre d’accueil, à travers la commission nationale d’adoption procède à l’établissement d’une adoption filiation et une adoption protection au profit de l’enfant.

Quant aux enfants recueillis, c’est-à-dire, ceux dont les parents sont indigents, extrêmement pauvres ou atteints de folie, ils ne peuvent que faire l’objet d’une adoption protection.

En ce qui concerne les enfants égarés, la Brigade des Mœurs, épaulée par certaines ONG, notamment CARITAS MALI et BICE (Bureau International Catholique), recherchent leurs parents. L’ONG Enda Tiers Monde, pour sa part, s’occupe de leur alimentation.

La lutte contre le trafic et l’enlèvement des enfants font également partie des missions de la Brigade des Mœurs. De même, la Brigade des Mœurs intervient dans le secteur de l’hôtellerie en veillant particulièrement au respect des conditions d’hygiène dans les hôtels, bars et restaurants.

En l’absence de structure homologue dans les régions, la Brigade des Mœurs de Bamako a semble-t-il une sphère de compétence nationale.

Mais, faut-il d’abord, la légaliser.

 

M.C.

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