Il est le coordinateur du pool de 13 avocats commis pour la défense des 80 victimes de viols et de crimes sexuels commis dans le Nord-Mali, au nom desquelles six organisations de défense des droits de l’Homme ont porté plainte auprès du Tribunal de la Commune III, le mercredi 12 novembre 2014. Ancien président de l’Amdh, Me Brahima Koné insiste sur la place de la justice dans le processus de paix en cours au Mali.
Au cours d’une conférence de presse qu’il a animée le jour même du dépôt de leur requête, avec les responsables des six organisations qui se ont constituées partie civile, Me Koné a expliqué que cette plainte se justifie par le fait qu’au nombre des poursuites engagées au titre des violations des droits de l’Homme commises au Mali, les cas de viol et autres violences sexuelles ont été ignorés. Or, regrette l’avocat, ces infractions sont constitutives de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, comme prescrit par les articles 29, 30, 31 et 32 du Code pénal. A l’en croire, s’ils ont saisi le juge en ce moment précis, c’est pour qu’au cours des négociations d’Alger, on réserve à la justice toute la place qui lui revient. «Et nous restons convaincus qu’une réconciliation ne saurait réussir tant que justice n’a pas été rendue aux victimes. De même, toute paix conquise sans la justice ne serait que précaire», a-t-il soutenu, rappelant que leur combat est celui contre l’impunité. A sa suite, la présidente de Wildaf-Mali, Bintou Samaké, a révélé que du 17 août au 1er octobre 2014, son organisation a enregistré 171 cas de violences sur les femmes, notamment à Mopti, Diabaly, Koro et Douentza. Les victimes, si l’on en croit M Samaké, sont âgées de 9 à 55 ans. Tout en exprimant sa confiance à la justice malienne, la conférencière a toutefois souligné la possibilité de saisir d’autres voies de recours en cas de défaillance sur le plan national.
Pour sa part, le Directeur du bureau Afrique de la Fidh, Florent Geel, a rappelé que tous les groupes armés sont impliqués dans ces crimes commis de manière systématique et organisée. Il a ensuite invité les autorités maliennes à prêter une attention particulière aux victimes et à prévenir de tels actes.
Auparavant, Me Moctar Mariko, président de l’Amdh, avait réaffirmé leur engagement à accompagner les victimes jusqu’au bout.
Les organisations qui se sont constituées partie civile sont la Fédération internationale des droits de l’Homme (Fidh), l’Association malienne des droits de l’Homme (Amdh), Femmes, droit et développement en Afrique (Wildaf), l’Association des juristes maliennes, le Collectif Cri de cœur et l’Association Dèmè SO.
Bakary SOGODOGO