Depuis les événements malheureux du 21 février (Maouloud 2011 au Stade Omnisport Modibo Kéïta) avec comme bilan 36 morts et 112 blessés, le Guide Spirituel de Ançar Dine, Chérif Ousmane Madani Haïdara observe une trêve dans ses activités de prêche. Démoralisé ? Abandonné par les autorités ? Qu’est-ce qui fait courir autant ce leader religieux adulé par la communauté musulmane ?
Il y a huit ans que Ançar Dine organise le Maouloud, un élément à dimension internationale. Depuis cet incident non le moindre, les autorités croisent les bras. Et jusqu’à présent, les conclusions de l’enquête sont toujours à l’attente. Le ministre Sadio Gassama est donc interpellé. Car, depuis la production de ces événements douloureux, le Guide Spirituel de Ançar Dine, Ousmane Chérif Madani Haïdara se fait de moins en moins remarquer dans les cérémonies de prêche, les traditionnelles séances de prêche organisées par les fidèles musulmans à travers le pays. Il ne répond plus aux sollicitations et se fait toujours représenter par son fils aîné, Fah HAÏDARA. Haïdara est-il démoralisé ? En tout cas, c’est ce qu’on dit dans les milieux de Culte. Surtout que trois jours après l’incident meurtrier, lorsqu’il a rencontré la presse notamment le 24 février à son domicile, il a été on ne peut plus clair : «« je ne suis pas au courant d’une enquête, personne ne m’en a parlé. Il ne devrait pas y avoir de longues enquêtes sur ça, parce que ce qui s’est passé, s’est déroulé devant tout le monde, ce n’est pas caché ».
Y’ a-t-il une machination quelconque derrière ces incidents meurtriers pour freiner l’élan du Guide Spirituel de Ançar Dine ? Il est dur, dur d’être Prophète «on vous lapide !», disait un célèbre écrivain. Et le Chérif de Banconi vient d’être lapidé par les autorités de la République du Mali pour la 2ème fois après s’être interdit de prêche sous le Régime dictatorial du Général Moussa TRAORE qui n’a pas résisté à ses critiques alors qu’il puise tous ses mots du Saint Coran.
La Responsabilité du Ministre Gassama:
Depuis 8 ans que le Maouloud est organisé au Stade Omnisport Modibo Kéïta, Ançar Dine payait régulièrement le service de 100 agents de police pour venir au stade. «Cette année, nous avons écrit au ministre de la Sécurité pour attirer son attention sur l’importance du public du Maouloud et la nécessité de prévenir les éventuels problèmes. Le département y a envoyé 300 policiers et c’est dans ce contexte que l’incident est arrivé. Nous avons estimé que nous n’avions pas d’instruction à leur donner, car ils répondent plutôt de ceux qui les ont envoyés. Les cent agents dont nous payions les services lors des huit précédents Maouloud, faisaient ce que nous leur demandions de faire», expliquait Ousmane Chérif Haïdara le 24 février dernier à la presse. Ce qui veut dire que le Département de la Sécurité est en cause. 36 morts, c’est trop ! Pourquoi donc il n’y a pas d’enquête sérieuse pour punir les vrais auteurs. Va-t-on continuer à priver les fidèles de leur Guide Spirituel ou bien l’Etat veut volontairement faire arrêter le Maouloud ? Cela est d’autant plausible du fait du mutisme coupable du Ministère de la Sécurité Intérieure et de la Protection Civile. Même si Haïdara lui-même a salué lors de la conférence de presse, la présence de beaucoup de ministres après l’incident : «il y a peu de ministre qui ne s’est pas rendu chez moi, après ce drame. Les soutiens qu’ils ont apportés nous ont permis de rendre visite dans les familles des victimes où nous avons remis une somme symbolique de 50 000 FCFA par victime».
En tout les cas, depuis ce drame, Haïdara observe une trêve par rapport aux séances de prêche pour lesquelles il est régulièrement sollicité.
Doit-il continuer à rester dans l’ombre ? Les autorités sont interpellées et doivent d’urgence prendre des mesures qui s’imposent pour arrêter de priver le Chérif de ses fans.
Samakoro KONE