Bousculade meurtrière au stade Modibo Kéïta: rnLe laxisme de l’Etat monté en épingle

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De sources hospitalières, ce sont trente-sept personnes qui ont perdu la vie dans la bousculade du lundi dernier au stade omnisports Modibo Keïta. Ces victimes faisaient partie des dizaines de milliers de personnes venues assister ce jour au prêche du célébrissime imam Ousmane Madani Haïdara. d’une capacité de 25.000 places, le stade contenait presque le double, d’où des accusations contre les services de sécurité qui n’ont daigné lever le petit doigt pour dénoncer cette situation qui devait un jour tourner à la tragédie.
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rnDepuis cinq à six ans, à l’occasion de la fête de Maouloud, le leader de l’association Ançardine et très écouté prêcheur, Ousmane Madani Haïdara draine des dizaines de milliers de personnes venues de tous les horizons au stade Modibo Keïta de Bamako. Durant une semaine, il tient le haut du pavé jusqu’au dernier jour où il fait des bénédictions pour les fidèles dont certains viennent de l’Amérique, de l’Europe et des pays de la sous-région. C’est justement pour recevoir cette bénédiction que certains ont tenté lundi dernier de toucher le prêcheur comme un porte-bonheur. Coincée à  l’une des portes de sortie du stade, celle qui donne directement sur le quartier Médina-coura, un mouvement de panique, s’empare de la foule.
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rnAvec la bousculade, c’est le sauve qui peut. Physiquement plus faibles, de très nombreuses femmes tombent piétinées et étouffées et ne pourront se relever. La porte de sortie devient trop étroite pour la foule qui se presse. Au total, selon de sources hospitalières, le bilan provisoire est de trente-six morts dont trente deux femmes et quatre hommes. On compte également cent douze blessés dont 7 graves toujours hospitalisés.
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rnLes femmes étaient en première ligne et voulaient être touchées par le religieux afin d’être guéries et protégées par lui. Conséquence : elles ont été les principales victimes de la bousculade.
rnLes blessés ont, pour la plupart, été transportés dans le principal établissement hospitalier de Bamako, l’hôpital Gabriel-Touré, et ont reçu la visite de plusieurs personnalités politiques et religieuses dont le Premier ministre, Modibo Sidibé.
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rnDes policiers en spectateurs
rnUne tragédie qui intervient un an juste après le drame de Tombouctou à l’occasion de Maouloud 2010, le 26 février 2010 qui a vu une trentaine de personnes perdre la vie, mortes piétinées ou étouffées dans un mouvement de foule provoqué par la panique autour de la plus ancienne mosquée de Tombouctou, Djingareyber. Un drame qui n’a pas malheureusement servi de leçon aux autorités, notamment les services de sécurité.
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rnLundi dernier au stade Omnisport Modibo Keïta, les forces de sécurité avaient abandonné le terrain aux militants d’Ançardine qui n’ont aucune formation en la matière. « Nous avons remarqué que les policiers qui étaient là, étaient comme tous les autres spectateurs.
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rnIls ne s’occupaient de rien et le drame qui est arrivé devait arriver plus tard », nous a confiés Moussa Konaté, présent dans le stade au moment du drame.
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rnQuant à Mohamed Ag, ressortissant mauritanien, il s’est étonné «  du laisser pour compte des fidèles. Il n’y avait aucun encadrement. Pourtant, des ministres et de hautes autorités étaient dans le stade et ont dû se rendre compte du danger qui planait car les lieux étaient débordés de monde ».
rnLes stadiers que nous avons rencontrés hier matin, pointent eux aussi un doigt accusateur sur les agents de sécurité. Ils soutiennent qu’au moment des faits (aux environs de 19 heures), les forces de l’ordre qui n’étaient pas déjà suffisantes, étaient plutôt préoccupées par la sécurité du prêcheur Ousmane Chérif Madani Haïdara, qu’elles escortaient après les bénédictions finales.
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rn C’est en ce moment, ajoutent-ils, que la foule s’est retrouvée au niveau des portes de sortie, lesquelles étaient toutes ouvertes. Ils ajoutent que chacun voulant sortir de l’enceinte au même moment, cela a donc entraîné la bousculade dans laquelle 32 femmes et 4 hommes ont trouvés la mort.
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rnIls disent que ce n’est pas la première fois que le stade abrite un tel évènement, mais pourtant les choses se passent bien sans bousculade tout simplement parce que les policiers prennent toutes les dispositions pour faire face à la situation.
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rnMais cela n’était pas le cas le lundi dernier, ont-ils ajouté.
rnDes arguments que le directeur régional de la police de Bamako, le contrôleur général Lancina Sanogo, a tenté de  battre en brèche.
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rnIl explique le drame par l’empressement des participants à vouloir sortir au même moment.
rnCe qui, selon lui, ne pouvait que provoquer la bousculade.
rnUne explication très courte qui ne semble convaincre personne.
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rnAbdoul Karim Maïga et Abdoulaye Diakité
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rnAprès la bousculade meurtrière :
rnLes familles des victimes entre tristesse et révolte

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Les enquêtes sont en cours au niveau de la police pour situer les responsabilités de la bousculade meurtrière du lundi 21 février 2011 au stade omnisports Modibo Keïta. Entre temps, tiraillées entre tristesse et révolte, les familles sont encore à la recherche de leurs victimes.
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rnL’émotion était grande hier au Centre hospitalier universitaire  Gabriel Touré au moment de notre passage. Des parents de victimes aux visages renfrognés étaient massés au niveau des urgences de l’hôpital. Certains étaient à la recherche de leurs victimes alors que les autres après avoir identifié le corps, remplissaient les formalités pour le retrait des corps afin de procéder à leur inhumation. Les portes de l’hôpital étaient grandement ouvertes et les gens étaient invités à venir chercher leurs victimes. Le directeur général de l’hôpital Gabriel Touré, Abdoulaye Nènè Coulibaly que nous avons rencontrés, expliquait que sur les 36 décédés, 30 ont été déposés au niveau de son centre alors que les six autres ont été acheminés à l’hôpital du Point G. « 112 blessés sont arrivés parmi lesquels 3 cas graves. Tous ont reçu des soins avant de rentrer chez eux, à l’exception d’une seule personne, qui en plus des effets de l’incident, souffre d’un problème cardiaque. C’est pour
quoi, elle a été retenue pour recevoir des soins complémentaires », a relaté Abdoulaye Nènè Coulibaly avant d’ajouter que sur les 30 corps qui sont déposés dans son centre, 25 ont été identifiés par leurs parents alors que la police est à pied d’œuvre pour l’identification des 5 autres corps. Le directeur général de Gabriel Touré d’ajouter que tous les corps ont été photographiés pour permettre à leurs parents de mieux les identifier.
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rnPendant ce temps, certaines personnes que nous avons rencontrées, disaient avoir fait le tour des deux hôpitaux (Point G et Gabriel Touré) sans retrouver leurs parents. Désemparées, elles ne savaient même plus où donner la tête. Comme ces deux pauvres dames errant dans le  stade omnisports à la recherche de leurs enfants restés introuvables jusque hier après-midi. Elles se sont résolues à  faire passer des avis et communiqués sur les radios privées de la capitale avec l’espoir de les retrouver saints et saufs. Elles tout comme ceux et celles que nous avons rencontrés hier, les sentiments étaient à la tristesse et la révolte après le drame de lundi.
rnAbdoulaye Diakité
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