Blocage du chantier de construction de l’ambassade du Royaume d’Arabie Saoudite au Mali : Les éclaircissements de l’entreprise Mady Keïta Sarl

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Les modifications des plans du projet, la mauvaise organisation du démarrage du chantier, les retards dans le payement des factures (tous attribués à l’ambassade d’Arabie Saoudite au Mali) sont, selon l’entrepreneur Mady Kéita (adjudicataire du projet de construction de l’ambassade du Royaume d’Arabie Saoudite et de la résidence de l’ambassadeur au Mali), les raisons du retard pris par son entreprise dans la réalisation de ce chantier qui devrait être bouclé depuis 2016 avec comme délai d’exécution initial de deux ans. Ces éclaircissements ont été donnés par l’entreprise Mady Keïta Sarl, hier, 18 janvier 2021 à Bamako, lors d’une conférence de presse.

L’entrepreneur Mady Kéita évoque un manque de fonds dû au non payement de sa facture N°5 toujours bloquée par l’Ambassade qu’il attend pour achever le chantier en finition qui a pris cinq ans de retard.

Attribué à L’Entreprise malienne Mady Keïta Sarl  (EMK Sarl) depuis 2014 pour un délai d’exécution de 24 mois, le projet de construction de l’ambassade du Royaume d’Arabie Saoudite et de la résidence de l’ambassade n’est pas à terme près six ans après. Pire, les travaux sur le chantier sont aux arrêts.

Selon le directeur de l’entreprise EMK, l’arrêt total des travaux est une volonté de l’ambassadeur d’Arabie Saoudite, qui par voie d’huissier lui a notifié son dessaisissement du chantier, tout en bloquant  plus de 30 conteneurs remplis de ses matériels sur le site.

A en croire le premier responsable de l’entreprise, le retard pris dans la réalisation des travaux est lié à plusieurs facteurs. « Le premier facteur du retard s’explique par l’absence de l’ingénieur chargé du contrôle au démarrage des travaux  qui a mis sept (7) mois avant de venir au Mali. Le projet a démarré le 25 mars 2015 en son absence. En effet, conformément aux termes convenus, tous les intervenants devraient être présents sur le chantier pour y jouer pleinement leur rôle. C’est d’ailleurs l’une des recommandations faites lors de la réunion de démarrage en février 2015. L’absence de contrôle et ainsi que les difficultés y afférentes ont été signalées à l’Ambassadeur à plusieurs reprises par courrier. A son arrivée, sa première instruction fut de nous demander de soumettre tous les plans à la validation de son bureau à Riyad et de rehausser le bâtiment de 40 cm. Ainsi commençaient une suite de soumission, de correction et de modifications pour recevoir les premiers plans approuvés au 9ème mois de démarrage. C’est alors que les travaux ont réellement commencé. A cause du démarrage tardif des travaux (environ un an), l’entreprise n’était pas en mesure de finir le projet dans le délai contractuel », explique Mady Kéita qui dit avoir apporté les justificatifs du retard à qui de droit avec une demande de rallonge du délai.

Après leur première demande de prolongation du délai d’exécution du projet, les responsables de l’entreprise reconnaissent que les travaux se déroulaient normalement et que les trois premières factures de l’entreprise ont été payées sans problème. « C’est à partir de la quatrième facture que le consultant a commencé à trainer la validation. Son payement a pris sept (7) mois. La facture suivante (N°5) a pris 10 mois avant d’être payée. Cette situation de non payement a entravé les plans de commande et d’usinage des matériels de finition, causant ainsi plus de retard. Lorsque nous avons reçu l’argent de la facture N°5, nous avons payé les avances pour les matériaux de finition (granite, marbre, bois, câbles électriques, les gaines de climatisation, etc.). Certains matériaux sont arrivés sur le site en mai 2018. Au même moment les bois, le marbre et le granite étaient en cours de façonnage dans les ateliers à l’étranger. Ainsi, la réception de l’argent de la facture N°5 nous a permis de réaliser un taux d’avancement de 11% entre février et mai 2018, sans compter les matériels en cours de façonnage à l’étranger. A cause des retards du payement de la facture N°5, et des modifications des plans d’électricité et informatique, l’entreprise a dû réactualiser son planning. La date probable de fin des travaux a été repoussée jusqu’au 31 septembre 2019. En ce sens, une correspondance a été envoyée aux responsables du projet de Mofa le 10 mai 2018. Dans cette correspondance, l’entreprise a précisé que le respect de ce délai est conditionné aux principes de régularité des payements et qu’il n’y ait pas de changements majeurs encore au projet », poursuit Mady Kéita qui informe que depuis mai 2019, l’entreprise n’arrive plus à avoir ses payements. « Tout ce que l’entreprise a demandé, c’est d’être payée à temps pour pouvoir respecter ses engagements. Dans la mesure où l’entreprise et sa banque ont investi toute une fortune (à travers les lignes de crédits) pour prouver leur bonne foi et démontrer la volonté d’achever les travaux dans les meilleurs délais. Vu l’importance des montants nécessaires du projet, il n’est pas possible de le préfinancer totalement. C’est pour cette raison que nous ne cessons de demander la compréhension du client et le respect de ses engagements contractuels. Notre dernière facture N°9 qui date de novembre 2019 n’a toujours pas été payée », ajoute l’entrepreneur.

Selon le directeur de l’entreprise, le 4 juillet 2019 une réunion s’est tenue à l’ambassade de l’Arabie Saoudite au Mali en présence des différents sous-traitants. « Il nous a été proposé par l’ambassade que les payements se fassent directement aux sous-traitant, une proposition qui a été rejetée par l’entreprise et ses sous-traitants. Ces derniers ont confirmé être tous payés à temps. Nous avons été conviés plus tard à une autre réunion qui s’est tenue le 17 septembre 2019 au cours de laquelle l’ambassade nous a donné une correspondance en présence de notre banque par laquelle elle nous a proposé cette fois-ci une résiliation du contrat à l’amiable, proposition que nous avons rejetée ou plutôt nous avons indiqué qu’elle soit faite au tort exclusif du client », informe Mady Kéita.

En termes de propositions permettant de débloquer la situation, Mady Kéita demande, entre autres, de statuer sur toutes les propositions financières concernant les travaux supplémentaires ordonnés par le client via le consultant, établir un avenant à ce sujet et évaluer les intérêts moratoires et les dommages et intérêts relatifs aux retards dans les paiements et la validation des travaux supplémentaires ordonnés ; procéder au règlement des factures dans le délai d’un mois, arrêter le prélèvement des pénalités et restituer les montants déjà prélevés.

Pour rappel, la société de construction EMK Sarl a été adjudicataire du projet de construction de la chancellerie de l’Ambassade du Royaume d’Arabie Saoudite et de la résidence de l’Ambassadeur à Bamako à la suite d’un appel d’offre international en novembre 2014 pour un montant de 19 091 771,47 USD.

M.D

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