Dans un monde où pour retenir un homme il en faut plus que des mots et des sentiments, les petits accessoires pour femmes comme les bines-bines (colliers autour de la taille) jouent un grand rôle. Ils rentrent dans la culture de l’art de la séduction de la femme africaine notamment de la femme sénégalaise. Si pour certaines, ces colliers sont indispensables, d’autres les considèrent comme facultatifs. La plupart des hommes, par contre, sont plus que ravis d’être séduits par ces perles aux multiples couleurs.
Entre le bruit des voitures, des commerçants ambulants, les vendeuses de bines-bines (colliers autour de la taille) envahissent le marché HLM de Dakar.
Bines-bines autour de la taille, sur le cou et sur les bras, elles ne manquent pas de mots pour convaincre les passants.
Attirées par ces perles aux multiples couleurs et modèles, ces femmes finissent par céder et s’approchent pour y jeter un coup d’œil. Sachant que chaque modèle de bines-bines à son utilité et un moment pour être porté, ces Sénégalaises s’expriment sur la place de ces dites perles dans la séduction de leurs partenaires.
Parmi elles, Oulymata Diop, une jeune dame nouvellement mariée. Elle est vêtue d’une robe assez près du corps pour laisser paraître ces perles qui déambulent autour de sa taille. Elle explique combien les bines-bines sont essentiels dans un foyer.
« Je sais tenir mon mari au bout de mes bines-bines. Je sais comment m’y prendre par rapport au choix des couleurs, des formes, à l’assemblage du collier etc. Ils sont indispensables pour séduire et retenir les hommes sénégalais. Ces perles renforcent leurs amours envers nous », raconte la nouvelle mariée.
Pour Oulymata, le bine-bine, est un secret de beauté ancestral que chaque femme sénégalaise doit avoir dans sa chambre pour séduire son mari et rendre son amour durable.
Certes ces parures renforcent l’amour certes, mais « la seule chose qui peut retenir un homme relève du comportement de la femme elle-même », confie-t-elle.
Face à elle, Mme Sarr Adja Bintou s’en procure chez une autre vendeuse. Chez Adja Bintou, comme la majorité des sénégalaises, ces perles sont des priorités. « J’ai tout un arsenal, des bines-bines et pleins d’astuces pour retenir mon homme parce que ça renforce le feeling que nous entretenons et ça le rend encore plus amoureux. Un époux c’est comme un bébé. Il suit ses désirs donc nous, sénégalaises, mettons tout en œuvre pour assouvir ces désirs. C’est pourquoi ces bines-bines sont indispensables dans notre art de séduction de nos hommes », dit-elle.
Les propos des deux femmes sont renforcés par ceux d’Astou Ndiaye. Elle est assise autour de sa table ornée de nuisettes de tout genre. La quarantaine passée, mère de quatre filles toutes mariées, nous fait apprendre que les bines-bines sont des astuces qui relèvent de l’intimité d’une femme.
« Voilà pourquoi la femme doit les garder soigneusement. Seul son mari doit les voir », conseille la commerçante. Elle ajoute ceux-ci : « les bines-bines doivent faire partie intégrants des bagages, des astuces et des conseils qu’une mère donne à sa fille avant de l’envoyer chez son mari ».
Facultatifs ?
Toutefois, aujourd’hui, ces astuces de séduction ne sont pas appliquées par toutes les femmes sénégalaises.
Pour certaines, ils ne sont pas vraiment nécessaires pour séduire et retenir un homme car ils restent facultatifs. C’est le cas de Rabiatou Diallo, une dame des temps modernes. La jeune femme pense qu’elle n’est pas obligée d’en arriver là pour séduire son homme.
« Je n’ai pas eu à recourir à toutes ces astuces pour séduire mon mari et le retenir auprès de moi. Pourtant, nous sommes mariés depuis bientôt 3 ans et je m’en sors plutôt bien. Je pense que seul l’amour, le bon cœur, la personnalité et la soumission d’une femme peuvent retenir son homme auprès d’elle. Cela ne dépend que de l’homme et de sa volonté », dit-elle.
Les hommes sénégalais, les principaux concernés, partagent la sensation et les ressentis qu’ils ont face aux bines-bines autour de la taille de leurs partenaires. Sébastien Thiam est marié depuis deux ans. Il approuve l’idée que sa femme en porte au point qu’il lui en achète souvent lui-même. « J’achète moi-même des bines-bines à ma femme pour qu’elle les porte. Ces perles sont fascinantes et me font un effet inexplicable lorsque que je les vois sur ma femme. Ce sont ces petites astuces des femmes africaines qui font qu’on est fou d’elles et qu’on les préfère à d’autres », a-t-il ajouté.
Ces propos sont soutenus par Sidiki Diop, un futur marié. D’après lui, une femme sénégalaise sans colliers autour de la taille n’est pas une femme complète, car ils sont indispensables pour faire perdre la tête à un homme. « Je n’épouserai pas une femme qui ne porte pas beaucoup de bines-bines et qui n’est pas une vraie lionne quand il s’agit de me séduire », confie-t-il.
Au Sénégal, ces perles aux pouvoirs inébranlables sur les hommes sont et resteront des accessoires de séduction très efficaces. Ils sont sacralisés à cause de leurs renommées dans la tradition ouest-africaine, car ils relèvent des désirs intimes entre conjoints depuis des décennies.
Assétou Traoré
(stagiaire)