« Désormais la vie de chaque malien vaudra son prix ». De qui cette virile déclaration à faire vibrer les cœurs de confiance et de fierté ? De notre Président bien aimé, évidemment, qui, à son investiture, s’était payé de mots pour apaiser le courroux des Maliens choqués par les morts des inondations et d’autres nouvelles tout aussi tragiques de nos compatriotes candidats à l’immigration morts sur les côtes libyennes et italiennes.
« Désormais la vie de chaque Malien vaudra son prix ». C’est le même Ibrahim Boubacar Keita qui a dit ça, qui vient d’ordonner la libération de dangereux terroristes, dont Mohamed Aly Ag Wadoussène, celui-là même qui a froidement abattu un garde pénitentiaire, dans une opération d’évasion, dont le douloureux souvenir hante encore les populations de Bamako Coura.
Le parjure est si violent que le régime se met à bricoler les arguments de plaidoyer plus inconsistants les uns que les autres. Le parallèle est vite fait avec les 4 prisonniers libérés (deux Algériens, un Mauritanien et un Burkinabé) sous la présidence de ATT, en contrepartie de la libération de Pierre Camatte. La comparaison s’arrête là. Aucun des quatre éléments libérés sous ATT n’était Malien et n’avait commis d’attentats ou de crime sur le territoire malien. Il s’agit, comme cela a été abondamment expliqué en son temps, de présumés terroristes arrêtés pour le délit de port illégal d’armes. Les formes juridiques républicaines avaient été également respectées, car les personnes en question ont été jugées et condamnées à 07 mois de prison.
Cette fois, pour contenter la France, il fallait s’asseoir sur nos lois. Ag Wadoussène ayant commis un crime de sang, son sort ne pouvait relever que d’une cour d’assises. Il ne pouvait non plus bénéficier de liberté provisoire. La France de Hollande était pressée et comme ses désirs sont des ordres, IBK devait accommoder à cette exigence le « prix de la vie » du garde Sofara, plus prosaïquement le réviser à la baisse, mieux ou pis, décider que la vie du jeune soldat ne coûte même rien.
A part ça, et en attendant la prochaine demande de nos amis de France et de Navarre, « la vie de chaque Malien vaudra son prix ». Fermez le ban !
Fatoumata SAKO