La Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et l’association malienne des droits de l’Homme (AMDH) étaient face à la presse, hier, jeudi 20 mars, dans les locaux de celle-ci. Une rencontre mise à profit par Me Moctar Mariko, président de l’AMDH et le représentant du FIDH, Antonin Robecq, pour faire le point sur les avancées réalisées par la justice malienne dans les procédures judiciaires contre des responsables présumés de crimes perpétrés pendant la crise malienne de 2012-2013. D’ores et déjà, ces deux organisations se félicitent de « l’inculpation de 28 militaires, dont 3 généraux» et un placé sous contrôle judiciaire, dans l’affaire dite des ” bérets rouges disparus “. Elles restent cependant sur leur faim quant au traitement réservé au dossier qu’il est convenu d’appeler les ” crimes du Nord “.
La crise politico-institutionnelle et sécuritaire que notre pays a connue en 2012 a entrainé une série de crimes graves sur le territoire national. C’est à la suite de ces atrocités que la FIDH et l’AMDH ont mis en place un programme conjoint dénommé la ” justice en marche ” pour faire la lumière sur ce qui s’est passé dans le pays. Les deux organisations se félicitent de la mise en œuvre de l’une de ses principales recommandations, notamment celle relative à l’ouverture d’une instruction judiciaire, le 14 mars 2014, sur ” la mutinerie du 30 septembre 2013 ” à la suite d’une plainte déposée par la FIDH et l’AMDH. Elles considèrent « l’inculpation de 28 militaires, dont 3 généraux» et 4e placé sous contrôle judiciaire, dans l’affaire dite des ” bérets rouges disparus “ parmi lesquels le général Amadou Aya Sanogo, comme une avancée majeure contre l’impunité au Mali. Cependant, les deux organisations notent que beaucoup reste à faire, en particulier dans les dossiers des ” crimes du nord ” qui regroupe une dizaine de procédures judiciaires distinctes.
Les victimes des crimes doivent s’impliquer davantage
Les deux organisations appellent surtout à renforcer les enquêtes sur le terrain ainsi qu’une plus grande participation des victimes qui ne sont, à ce jour, qu’une quinzaine à s’être constituées parties civiles dans ces procédures, accompagnées dans leur quête de justice par l’AMDH et la FIDH.
Pour le président de l’AMDH, Me Moctar Mariko, la volonté de faire avancer la justice pour juger les auteurs des crimes commis lors de la crise malienne est manifestée. Mais celle-ci devrait inclure davantage les victimes qui ont été les premiers témoins de ces crimes. Il a, par ailleurs, indiqué qu’un an après le déclenchement des premières enquêtes, ce rapport constitue un bilan d’étape de la lutte contre l’impunité menée par les autorités maliennes en 2012-2013 tant sur les groupes armés qui ont occupé le nord du Mali que certains militaires des forces armées maliennes en 2013, en particulier les hommes de Aya Sanogo, l’ex-chef de la junte qui a opéré le coup d’Etat de mars 2012.
Dans ce cadre, les deux organisations ont affirmé n’avoir pas fait le déplacement pour s’enquérir des conditions de détention de Sanogo. Elles auraient été dissuadées par Amnesty International dont une équipe a tenté de rendre visite à Sanogo mais s’est heurtée à une fin de non-recevoir. Sur un autre plan, le président de l’AMDH a tenu à rassurer que leurs portes sont grandement ouvertes devant tous ceux dont les droits ont été bafoués.
Progrès de la justice malienne
A ce sujet, elles notent suivre de près la plainte déposée par des bérets verts contre le Colonel Abidine Guindo, ancien aide de camp de Amadou Toumani Touré, patron du régiment des Commandos parachutistes (RCP), considéré par l’ex-junte putschiste comme l’un des meneurs du contre-coup d’Etat d’avril – mai 2012.
Quant à Antonin Robecq de la FIDH, il a souligné que le progrès de la justice malienne, dans les six derniers mois, lui a permis de poser des actes positifs et hautement symboliques signifiant une réelle volonté politique de ne pas laisser les auteurs de ces crimes impunis.
Il a aussi saisi l’occasion pour inviter la justice malienne à approfondir les enquêtes sur les crimes commis au nord du Mali. Il a également préconisé de renforcer la communication autour de ces dossiers afin de favoriser la perception de l’action de la justice malienne ainsi que la participation des victimes à ces procédures.
En outre, il a invité les associations féminines à déposer des plaintes avant que les dossiers ne soient clos au niveau des tribunaux.
Massiré DIOP