Que signifie le titre Djamakô ?
Djamakô ça veut dire beaucoup de monde, c’est-à-dire c’est comme la paix au Mali aujourd’hui. Le pays est en train de traverser un moment difficile. Donc Djamakô veut dire qu’il n y a pas de différence entre nous les Maliens qu’ils soient touarègue, Bamanan ou Sarakolé. C’est la grande fête et tout le monde a droit de faire la fête. Tout le monde doit être là, s’il y a la fête.
Djamakô faisons la fête entre Maliens mais c’est aussi un sujet d’actualité au regard de ce qui se passe présentement au Mali ?
Il y a des gens qui veulent créer des problèmes ethniques dans notre pays. Ça ce n’est pas bon. Ça pourrait amener beaucoup de choses dans notre pays qu’on ne veut pas du tout. Surtout il y a certains touarègues qui veulent diviser le pays. Moi je pense que ce n’est pas la solution : le Mali est un et indivisible. Si quelqu’un veut être au pouvoir, il doit se présenter aux élections. Nous sommes dans un pays de démocratie. Si les gens votent pour toi et que tu remportes les élections, c’est une bonne chose. Donc l’idée de Djamakô veut simplement dire que tout le monde doit être ensemble.
Vous êtes artiste, musicien, mais là vous êtes sur un terrain politique. Est-ce que vous vous êtes dit que le politique a échoué, donc place au musicien ?
Oui je voudrais vous dire que les politiciens ont échoué sur toutes les lignes, surtout en Afrique. Maintenant, nous les artistes les gens nous écoutent. Parce que nous ne sommes pas des politiciens et nous sommes apolitiques. Bon ce que les politiciens disent et ceux qu’ils font ça fait deux. C’est pourquoi, je dis qu’on a besoin de la solidarité, on a besoin de se réunir, de parler entre nous. Voir ce que nous devrons faire pour que le Mali puisse avancer vers la sortie de crise.
Samedi soir au Barbie camp ici à Londres, originaire de Ségou, vous avez chaté aux cotés d’autres musiciens Maliens de Gao, de Kidal. Qu’est ce que vous avez voulu passer comme message ?
On a toujours passé le message de la paix au Mali. On ne veut pas la guerre, on veut la paix chez nous. C’est pour montrer qu’il y a rien entre nous les musiciens, on est de la même famille. Nous ne sommes pas des politiciens. Nous voulons le bonheur du Mali c’est pourquoi, on s’est réuni du Nord au sud pour chanter ensemble.
Donc c’est un message d’unité que vous avez voulu passé?
Voilà c’est ça, c’est pour encore montrer qu’il n’y a rien entre nous. Actuellement, les Maliens ne pensent plus qu’à l’éradication de ces bandits armés qui sont venus plonger le pays dans le KO et qui veulent nous recoloniser et nous imposer la charia que nous ne voulons pas du tout. Nous prions tous pour que ces gens puissent être dégagés de notre territoire.
Quelle peut être la contribution des artistes pour réconcilier ce Mali divisé aujourd’hui, en raison d’attaques de Maliens envers d’autres ?
C’est ce qui n’est pas bon : nous sommes contre. Pourquoi des Maliens prennent des armes pour tuer d’autres Maliens. Au lieu de nous entre-tuer, nous devons discuter entre nous. Nous sommes des personnes civilisées. Mieux vaut le dialogue que les armes parlent.
Les islamistes qui avaient occupé le nord du Mali avaient interdit la musique. Comment avez-vous vécu cette situation en tant que musicien, en tant que artiste ?
Le Mali est connu à travers sa musique. Les islamistes ne veulent pas le bonheur, ils veulent que le Mali reste sans la musique, sans la télévision. Même le gouvernement malien avait pris des mesures à l’encontre de la musique durant trois mois pour la sécurité des populations.
Ousmane Baba Dramé, source (BBC)