« Baroni » de la radio Liberté : Une émission qui fait raffoler les Bamakoises

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Comme une épidémie, le feuilleton radio « Baroni » a gagné le cœur des Bamakoises en seulement si peu de temps. Des quartiers populaires aux quartiers résidentiels, les femmes s’évertuent à ne pas manquer « Doumbia na ka gua » quelque soit l’activité qu’elles exercent. Au début, restés indifférents aux productions de ce genre, certains hommes se sont appropriés de ces émissions (qui n’étaient jusque là connues que par les femmes) qui se passent sur les ondes des radios privées.

« Demain ça va chauffer, on sait maintenant qui a enceinté la servante », tel est le propos extrait de la conversation entre une fille et sa mère un après midi, pendant que nous étions au grin.  Intrigués  par cette phrase, nous nous sommes impatientés en vain pour entendre le nom de l’homme en question pensant à un de nos voisins. Mais en réalité nous nous trouvions dans des nuages car il s’agissait que d’une simple fiction. « Doumbia na ka gua », c’est bien de cette émission qu’il s’agissait. Doumbia, Fousseyni, Lassi, Ousmane et Maï sont d’ores et déjà des noms auxquels les fidèles de l’émission se sont familiarisés. Dans un style comique, les vedettes du micro retracent, du lundi au vendredi, en une heure et demie le quotidien des familles bamakoises tout en donnant à leur production l’allure d’un roman policier.

De Daoudabougou à ACI 2000 via Bozola, faisant la cuisine, la lessive ou encore la vaisselle, les femmes de Bamako ne manquent pas une seule seconde le fameux « Baroni » qui est désormais un secret de polichinelle. Même dans les marchés, l’engouement est pareil. Ecouteur fixé aux oreilles, Aminata, vendeuse de légumes est une accro de l’émission : « Déjà à 10 h, je capte à partir de mon téléphone la radio Liberté. Avant de posséder ce téléphone, j’écoutais l’émission dans la boutique d’à côté et je revenais auprès de mes marchandises à chaque fois qu’un client s’approchait. Mais cette fois-ci avec mon portable et l’écouteur, c’est plus pratique et je suis sûre de ne manquer aucune scène.», nous confie-t-elle.

Dans les ménages, c’est quasiment le même scenario. Cette domestique écoute attentivement la radio qu’elle a posé à proximité d’un de ses deux fourneaux : « Depuis que j’ai commencé à suivre cette émission, je m’arrange à faire le marché le plus rapidement possible afin que je sois près de mon poste récepteur avant 10 h.», dit-elle. Alors que n’ayant pas la possibilité de suivre l’émission, Thérèse se fait résumer l’épisode du jour quand elle revient de l’école.

 Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, l’écoute de cette émission n’est pas exclusive aux femmes, certains hommes s’y mettent également. Lassi Diarra, réparateur de moto s’explique : « Au début, je ne m’intéressais pas à ça, mais après, j’ai vu que cette production me concernait tout simplement parce qu’elle illustre le vécu de nos foyers. Franchement je préfère ce made in Mali aux télénouvelas brésiliennes ou mexicaines. »

Emportées par l’ingéniosité des acteurs, certaines ménagères ne peuvent absolument rien faire avant la fin de « Baroni ». Et c’est malheureusement des disputes conjugales quand le repas n’est pas près à temps ou quand telle ou telle chose n’est pas bien faite.

Vu le succès que s’est fait « Doumbia na ka gua », d’autres radios privées ont tenté l’aventure mais c’est souvent du mi-figue, mi-raisin par rapport à ce que diffuse la radio Liberté.

En tout cas pour les auditrices les plus malignes, nous souhaitons bon vent à la famille Doumbia depuis les hauteurs de la colline du savoir.

CHRISTOPHE KONE 

 

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