Bamako est une poudrière qui dort du fait des armes de guerre que déversent des marchands de la mort. Pour preuve ? La brigade des mœurs vient de mettre la main à Djicoroni-para sur une bande guinéenne avec des armes de guerre hautement destructives, dans la journée du 19 novembre dernier. Il s’agit entre autres de trois mortiers et d’un 12-7 pour berdème, une arme meurtrière capable de pilonner un village dans un rayon de 3000 mètres. A qui sont destinés ces engins de mort ?
Après avoir reçu l’information, la commissaire divisionnaire de police Ami Kane, chargée de la brigade des mœurs, n’est pas allée par mille chemins. Sur le champ, elle instruit à ses éléments de la brigade de recherche d’investir la gare routière de Djicoroni-para pour interpeller le chauffeur de taxi immatriculé HG0815A dont l’informateur avait au préalable fait la description à la divisionnaire de police Ami Kane. Ces derniers foncent sur les lieux où ils trouvent sur place le taxi suspect. Ils interpellent le chauffeur du taxi, Ousmane Doumbia de nationalité guinéenne et deux de ses compatriotes, les nommés Sékou Sangaré, chargeur de bagages à la gare routière de Djoroni-para et Mohamed Dabo, revendeur de café, à côté de la gare qui jouait le rôle d’intermédiaire entre le chauffeur de taxi Ousmane et un certain Nouhan à qui les armes étaient destinées, selon les confidences de l’informateur. Les policiers procèdent alors à la fouille du véhicule au cours de laquelle ils découvrent un 12-7 attaché au moteur du taxi, couvert par le capot et trois mortiers cachés à l’intérieur.
La moisson terminée, les missionnaires conduisent les trois suspects avec leurs matériels de nuisance à leur base pour les mettre à la disposition de la divisionnaire de police Ami Kane. Interrogés, les marchands de mort n’ont pas pu nier l’évidence. Ousmane Doumbia, celui-là même qui a transporté les armes de la Guinée-Conakry au Mali, déclare que la marchandise était destinée à Nouhan sans d’autres précisions. Qui le ravitaille en armement à partir de la Guinée-Conakry ? A qui Nouhan les vend-il et pour quelle fin ? Face à ces différentes questions, Ousmane Doumbia et ses deux complices restent muets comme une carpe pour éviter toute phrase qui pourrait les renvoyer à la potence. La divisionnaire de police Ami Kane les fait écrouer en attendant qu’ils reviennent à de meilleurs sentiments. Mais, c’était sans compter avec l’inflexibilité des seigneurs du mal. Elle lance alors ses éléments aux trousses de Nouhan pour la manifestation de la vérité. Mais sans succès. Existe-t-il en réalité ? En tout cas, la divisionnaire de police et ses hommes ne décrochent pas. Ils poursuivent toujours leurs recherches en vue de le retrouver. Car, il constitue un véritable danger dans notre pays que des trafiquants d’armes guinéens transforment en une véritable poudrière.
L’affaire du colonel guinéen hante toujours les esprits
Ce n’est ni la première ou la deuxième fois que les forces de l’ordre et de sécurité du Mali saisissent des armes de guerre en provenance de la Guinée-Conakry. On se rappelle en 2003, le commissariat de police du 9e arrondissement avait arrêté une bande guinéenne avec des cantines pleines de fusils-mitrailleurs et des pistolets automatiques. Elle était composée de Sékou Kouyaté, propriétaire des armes, de Adama Camara et de son frère Sékou Camara qui les ont transportées à bord d’une pirogue de la Guinée-Conakry à Bamako. Interrogés, les deux derniers se déchargent sur Sékou Kouyaté qui à son tour, n’a pas hésité de dénoncer son fournisseur, le Colonel Yaya Camara en service au moment des faits au camp Alpha Yaya de Conakry. Selon Kouyaté, chaque fois que l’officier supérieur de l’armée guinéenne soustrait des armes, il les lui donne pour les revendre au Mali. Après la vente, il lui apporte l’argent qu’ils se partagent entre eux en attendant un second voyage. L’affaire a failli créer un incident diplomatique entre les autorités maliennes et leurs homologues de la Guinée-Conakry. Fort heureusement, le dossier a été géré avec sagesse. La raison a eu le dessus sur la passion. A cette affaire du Colonel, s’ajoute la découverte de la poudrière de N’Golonina en 2005 par le commissariat de police du 3e arrondissement en collaboration avec les éléments de la brigade d’intervention mobile de la douane régionale de Bamako. La plupart de ces armes et des munitions portaient la mention guinéenne. Il faut compter aussi celles saisies par des gendarmes de Kati et de Kangaba. Lire d’autres articles de Kabako sur maliweb . net. Malgré tout, la liste ne cesse de se rallonger. De sources bien informées, nombreuses sont ces armes qui sont acheminées soit au Nord malien soit en Côte d’Ivoire pour ravitailler la rébellion. Ce qu’il faut craindre, avouons-le, c’est l’inondation du marché malien par ces engins de mort à l’approche des campagnes électorales qui s’annoncent déjà dans notre pays. Mieux vaut donc prévenir que guérir. A bon entendeur salut !
O. BOUARE“