Sitanè II arrêté : Il asperge ses fétiches de sang humain

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Arrêté pour vol de téléphone portable par la redoutable brigade de recherche du commissariat de police du 3e arrondissement, un jeune homme a été retrouvé avec un fétiche dénommé « Kunguéré » qu’il « arrose » avec du sang humain. En plus de l’affaire de vol de téléphone qui lui est reproché, l’insaisissable Epervier du Mandé et ses hommes ont aussitôt ouvert une enquête sous la supervision du Contrôleur général de police Moussa Sissoko et de son adjoint, le commissaire principal de police Adama Baradji. Il s’agit pour les policiers de faire la lumière sur tous les crimes rituels qu’a connus la ville des trois caïmans.rn

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Comme nous l’avons dit plus haut, tout est parti d’une affaire de vol de téléphone portable. Dans la journée du 11 mai dernier, vers 15 heures, le jeune Oumar Djiré, domicilié à Badalabougou, a été victime d’un coup violent au niveau de son bas-ventre administré par un motocycliste juste aux alentours du ministère de la Justice sis au Quartier du Fleuve. Dans un premier temps, la victime croyait à un simple accident de la circulation routière. Mais, ce n’est que plus tard qu’elle réalise la disparition de son téléphone portable qu’elle portait autour de son cou.

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Oumar Djiré se transporte au commissariat de police du 3e arrondissement pour non seulement faire la déclaration, mais pour se confier à l’Epervier du Mandé afin que celui-ci lui vienne au secours pour mettre le grappin sur son agresseur. Il ne coupe pas non plus sa ligne à Orange-Mali dans l’espoir de piéger tôt ou tard son voleur. Malheureusement, cela se retourne contre lui, car chaque fois que ses partenaires l’appellent sur sa ligne, son voleur les accueille avec des grossièretés. Il lui arrive d’insulter père et mère certains. Ces derniers demandent alors à Djiré d’interrompre sa ligne au cas contraire, ils mettent fin à leur collaboration.

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C’est dans la journée du 23 mai 2007 qu’il saisit le service commercial de Orange-Mali pour le renouvellement de son SIM. Le même jour, avec le concours de l’Epervier du Mandé, l’inspecteur principal de police Papa Mambi Keita, médaillé du mérite national, il introduit à Orange-Mali une réquisition à personne qualifiée pour lever le voile sur son voleur. Comme d’habitude, malgré les formalités administratives remplies, l’opérateur téléphonique traîne pour les raisons qu’il est le seul à connaître.

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Mais, c’était sans compter avec la détermination du jeune Djiré qui ne lâche pas de sitôt les affaires de ce genre. Finalement, dans la journée du 11 juin courant, le résultat de la réquisition tombe entre ses mains. Le lendemain, mardi 12 juin, il saisit l’Epervier du Mandé et ses cobras. Le même jour, ces derniers mettent leur machine en branle après avoir rendu compte à leur hiérarchie. L’inspecteur principal de police Papa Mambi Keita révise aussitôt les leçons que le sorcier lui a enseignées. Il sort la meilleure stratégie digne d’un super-flic. De quoi s’agit-il ? Il choisit dans le lot un numéro de téléphone. Il appelle sur le numéro. A la première sonnerie, un féticheur décroche.

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Le soma mord à l’appât

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Très intelligent, l’Epervier du Mandé lui annonce qu’il vient de gagner 100.000FCFA à un jeu de concours de Orange-Mali. Il pouvait aussitôt se présenter au centre Orange-Mali de l’Hippodrome où il s’adressera à un certain Sy pour retirer son argent. Le policier lui laisse le numéro de son téléphone pour l’appeler dès son arrivée. Le soma dont l’identité n’a pas été révélée, rend grâce à ses fétiches. Tout travail cessant, il se précipite au lieu indiqué. Arrivé sur les lieux, à peine s’est-il mis à appeler sur le numéro du policier que les agents postés dans les alentours, sortent de leur cachette pour le mettre aux arrêts.

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Le féticheur croit rêver. Il est conduit au commissariat de police du 3e arrondissement où il est accueilli par l’Epervier du Mandé. Ce dernier lui montre la photo d’un homme égorgé avant de lui expliquer que le propriétaire du numéro d’appel en direction de son téléphone portable en est l’auteur principal. Quant à lui, il pourrait être poursuivi pour complicité s’il ne le dénonce pas. Le soma s’est mis à trembler comme une feuille morte.

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Après quelques minutes de réflexion, il dénonce le nommé Dramane Traoré dit Sitanè, alias Champion, spécialiste des arts martiaux (ceinture noire), féticheur et voleur professionnel, domicilié à Missira en Commune II du district de Bamako. L’Epervier du Mandé concocte encore une nouvelle stratégie. Il déguise un de ses éléments en client et l’envoie au domicile de Dramane Traoré dit Sitanè alias Champion avec un poulet en main. Celui-ci ne trouve pas le féticheur sur place. Mais en sa qualité d’élément en mission, il reste sur place du matin jusqu’aux environs de 18 heures 30 minutes, heure à laquelle le suspect est arrivé à son domicile.

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Discrètement, le policier téléphone à sa base. Au moment où il s’apprêtait à recevoir le faux client, les hommes de l’Epervier parachutent dans sa case de consultation. L’homme refuse de se mettre à la disposition de ses poursuivants. Mais, il déchante lorsque ces derniers se sont montrés plus perspicaces que lui. Maîtrisé comme un poulet, le féticheur est conduit à la police où il est écroué pour les besoins de l’enquête. Quelques instants après, l’Epervier du Mandé et ses éléments se transportent à son domicile pour la traditionnelle perquisition au cours de laquelle ils ont découvert des fétiches qu’ils ont saisis pour les besoins de l’enquête.

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Le « Kunguéré » du féticheur se nourrit de sang humain

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Interrogé sur les faits de vol de téléphone portable, Dramane Traoré dit Sitanè alias champion les a reconnus. Il affirme avoir volé d’autres téléphones qu’il a vendus à des personnes qu’il n’est plus en mesure d’identifier. Selon lui, sa spécialité ne se limite pas seulement au vol de téléphone, il s’essaye aussi dans le vol de motos. Il déclare avoir volé une moto en complicité avec un certain Sobré qu’ils ont vendue à Salif Traoré, réputé receleur irréductible, notoirement connu des archives de la police et de l’administration pénitentiaire. Mais, après vente, Salif et Sobré l’auraient trahi en s’accaparant de tout l’argent.

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N’ayant pas pu supporter cette trahison de la part de son coreligionnaire Sobré, il aurait entraîné ce dernier dans un endroit très discret pour lui planter le couteau dans le ventre. L’homme n’aurait pas survécu à ses blessures. Quelle terrible révélation ! Comme on pouvait déjà l’imaginer, les éléments de la brigade de recherche se battent comme ils le peuvent pour vérifier cette information. Quant à ses fétiches, Sitanè est très clair. Ils le protègent contre l’ennemi et procurent le bonheur à ceux qui les consultent. Ils se nourrissent de sang humain. C’est pour cette raison qu’il a une seringue avec laquelle il cueille son propre sang pour l’offrir à ses fétiches. Tous ceux qui disposent de « Kunguéré » (fétiche) s’interdisent de courir la femme d’autrui ou une fille dont les fiançailles sont déjà célébrées.

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L’Epervier est-il sur la piste d’un sacrificateur humain ?

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« Celui qui peut cueillir son sang avec une seringue pour l’offrir à un fétiche, est capable d’arroser « ses dieux » avec le sang d’autres personnes », lance un policier en pleine figure de Sitanè II. On se rappelle, le territoire du commissariat de police du 3e arrondissement a été pendant un certain temps le théâtre des crimes rituels courant 2006. L’événement qui a marqué le plus les esprits, est l’assassinat sauvage du jeune Dogon Moctar Yanogué, 26 ans, saisonnier de son état.

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Dans la nuit du 2 au 3 septembre dernier, le corps de ce jeune homme a été retrouvé abandonné dans des herbes sur des rails à la hauteur de Bakaribougou en face du restaurant « L’express » sur la route de Koulikoro. Il avait été sauvagement égorgé, le sang cueilli dans un récipient avant de jeter son corps sur un petit pont traversé par les rails pour simuler un accident de la circulation ferroviaire. Tout avait l’air d’un sacrifice rituel. Le commissariat de police du 3e arrondissement ouvre une enquête.

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Mais, au jour d’aujourd’hui le mystère n’a pu être percé. Il en est de même pour le petit Souleymane Camara tué sur le fleuve Niger et presque tous ses organes emportés et une fillette dont les restes ont été retrouvés dans un sac de riz dans une bananeraie à Sikoroni en Commune I à la veille de « arabanigalé »,( c’est-à-dire le premier mercredi du mois lunaire, date à laquelle les féticheurs célèbrent leur fête sacrée). Sans passion, les hommes du Contrôleur général de police Moussa Sissoko fouinent partout pour percer le mystère qui enveloppe tous ces crimes non élucidés. Espérons que cette piste puisse leur porter bonheur.

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O. BOUARE

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 Kabako du 22 juin 2007

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