Meurtre de Moussa Fofana : Les auteurs rattrapés par le temps

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L’on a beau se cacher la face ou mentir à son prochain, tôt ou tard, le temps, l’incorruptible, vous rattrapera. Cette vérité sied bien aux meurtriers de Moussa Fofana, qui, trois mois après, viennent de tomber dans le panier de la brigade de recherche du commissariat de police du 6e arrondissement. Ont-ils provoqué le courroux des dieux du mal pour qu’ils soient lâchés de la manière la plus banale ?

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Tout est parti d’une simple patrouille de police que le commissaire divisionnaire de police Mamadou Baka Sissoko a initiée périodiquement pour la sécurisation des populations et de leurs biens vivant sur son territoire. Dans la nuit du 24 au 25 novembre dernier, une équipe de patrouille mise en route, sillonne tous les coins suspectés criminogènes se trouvant dans son secteur. Après des heures de fouille, la pêche des patrouilleurs demeure toujours infructueuse. Qu’à cela ne tienne, ils ne démordent pas. Ils continuent la patrouille jusque dans la jungle de Konatébougou, derrière Boulkassoumbougou en Commune I du district, où, selon des renseignements fournis par des populations, des délinquants s’érigent en maîtres incontestés à une certaine heure de la nuit avant d’atterrir dans des quartiers nantis à des moments où rien ne bouge.

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Aux environs de 3 heures du matin, peu de temps après leur arrivée, ils accrochent trois individus suspects munis de cisailles, de tournevis, de torche et de couteaux. Interpellés, les trois hommes déclarent être des manœuvres en partance pour leur chantier. Cette explication ne convainc pas les policiers qui les mettent aux arrêts pour les vérifications d’un contrôle d’identité. Le lendemain, les nouveaux locataires de la garde-à-vue ont été mis à la disposition du chef de la brigade de recherche, l’inspecteur principal de police Ibrahim Maïga pour toutes utiles. C’est de là que commence le malheur des suspects parmi lesquels le policier connaissait Abdoulaye Doumbia dit Week-end alias Soutra pour ses activités hautement criminelles. L’inspecteur principal de police Maïga et ses hommes ouvrent ainsi une enquête.

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Week-end reconnaît avoir tué Moussa Fofana

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Abdoulaye Doumbia dit Week-end alias Soutra est un délinquant qui ne résiste pas devant les pièges. A peine l’inspecteur principal de police Ibrahim Maïga a-t-il lancé des peaux de banane sous les pieds que le bandit glisse et tombe dans le piège de son interlocuteur. C’était au sujet du meurtre du sieur Moussa Fofana âgé de 42 ans, dans la nuit du 7 au 8 septembre dernier à Banconi-Flabougou en Commune I du district. Interpellé sur son implication dans ce drame humain, Week-end tente de nier dans un premier temps.

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De question en question, le suspect se noie. Devant la toile d’araignée de questions, le délinquant craque avant de passer aux aveux. D’après lui, dans la nuit du meurtre, il était avec Mamadou Doumbia dit Madouni, 44ans, fils de Ousmane et de feue Koniba Traoré, se dit soudeur, domicilié à Banconi-Flabougou B. A en croire Week-end, c’est ce dernier, connaissant bien la victime et toute sa famille, lui a proposé une descente nocturne au domicile de Moussa Fofana. Car, ajoute-t-il, la cible est un fortuné du quartier, mieux, il est facile d’opérer dans sa famille du fait de la petite taille du mur d’enceinte et que les portes et les fenêtres de sa chambre sont permanemment ouvertes la nuit. Après avoir monté leur plan, ils choisissent la nuit du 7 au 8 septembre dernier pour frapper fort la cible.

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A leur arrivée, ils s’introduisent discrètement dans la chambre de Fofana où celui-ci dormait dans son lit pendant que son épouse roupillait sur une natte étalée à même le sol. Madouni bien connu de la famille, se poste dans un coin, laissant Week-end fouiner dans la chambre. Ce dernier tombe sur le téléphone portable de Moussa Fofana. Il le fait constater par son compère avant de l’empocher. Au moment où les deux voleurs s’apprêtaient à prendre congé de leur victime, Week-end, visiblement insatisfait de la moisson, retourne pour tenter de délester le dormeur de son portefeuille qui se trouvait dans la poche du pantalon qu’il portait. C’était sans compter avec l’hypersensibilité de Fofana.

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A peine a-t-il touché à la poche de Fofana que ce dernier sursaute de son lit pour se jeter sur lui. Un corps à corps s’engage entre les deux hommes pendant que Madouni avait déjà pris la poudre d’escampette pour se planquer derrière le mur d’enceinte. Week-end ayant compris qu’il ne pouvait pas se dégager des griffes de son vis-à-vis, se fait aider par son couteau qu’il plante au niveau du thorax de Fofana. Il tente d’escalader le mur, mais malgré sa blessure, Moussa Fofana s’accroche à sa jambe au moment où Madouni, de l’autre côté, tirait par la main son complice. Ce fut une épreuve de « Toto tire Naman. » Week-end jette le téléphone vers Madouni.

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Mais, celui-ci ne constate rien du fait de l’obscurité. Au même moment, le délinquant use encore de son couteau. Cette fois-ci, il le plante dans son cœur de Fofana pour s’échapper pour de bon. Moussa Fofana tombe par terre et se met à vider de tout son sang. Selon, Madouni et Week-end, ils se morfondent dans la nature laissant derrière eux, leur butin et leur victime luttant contre la mort. Le premier déménage chez sa copine à Nafadji en Commune I tandis que le second trouve refuge chez ses parents à Banconi-Falikaré. Cette arrestation peut-elle blanchir Moussa Samaké sur lequel le portable du défunt a été retrouvé ?

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Les malheurs du premier suspect

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Le meurtre de Moussa Fofana avait à l’époque fait couler beaucoup de salives. Le commissariat de police du 6e arrondissement saisi de l’affaire, avait ouvert une enquête. Mais, voilà que la brigade de recherche du 3e arrondissement arrête le nommé Moussa Samaké à partir du téléphone du défunt. Mis à la disposition du 6e arrondissement, l’inspecteur principal de police Ibrahim Maïga en charge de l’enquête s’occupe du sort du suspect. A son interrogatoire, celui-ci a catégoriquement réfuté les faits de meurtre. Il reconnaît cependant avoir ramassé le téléphone de son homonyme sur les lieux du drame. N’ayant pas d’argent pour subvenir à ses petits besoins, il l’a vendu à Karim Diarra qui à son tour, l’a revendu à Youssouf Koné.

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Le policier et ses hommes se lancent à leurs trousses. Ils sont mis aux arrêts et conduits à la police. Le téléphone portable du défunt et sa puce sont retrouvés sur Youssouf Koné. Du coup, la piste du Colonel de l’Armée en « guerre » avec le défunt pour une histoire de visa, est écartée. Après la clôture du dossier, les trois hommes ont été mis à la disposition du procureur de la République près le tribunal de la Commune I. Mais, discrètement, l’inspecteur principal de police Maiga se battait comme il le peut pour faire toute la lumière sur ce drame qui a provoqué de vives émotions et d’indignation à Banconi-Flabougou.

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Les présumés sont à la tête d’une bande de caïds

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 Au cours de leur enquête, les éléments de la brigade de recherche du 6e arrondissement ont vite compris qu’ils ont affaire à des bandits de grand chemin. La présence de l’intraitable Abdoulaye Doumbia dit Week-end alias Soutra dans le groupe en est la preuve. Les suspects soumis au traditionnel interrogatoire, ont vite commencé à se dénoncer. D’après certains d’entre eux, ils appartiennent tous à la même bande qui sévit dans plusieurs quartiers de Bamako. Après leurs opérations, ils se tirent dans une grotte au pied de la colline du Point G pour se reposer ou élaborer des plans au cours de leur briefing journalier.

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Quant au butin, il est acheminé à Bagadadji chez un gardien du nom de Amadou Kassambara dit Nama, 32 ans, né à Borko à Bandiagara, fils de Alidiouma et de Issé Kassambara, se dit blanchisseur, domicilié à l’Hippodrome II, près de l’Eglise. Celui-ci se fait le devoir de ravitailler Arouna Cissé et Ba Chaka, les receleurs potentiels de la bande. L’inspecteur principal de police Ibrahim Maïga et ses hommes mettent le grappin sur les autres membres de la bande. Elle se compose de : Abdoulaye Kansaye, 40 ans, né à Bandiagara de Boubacar et de Fanta Kansaye, boucher, domicilié à Djalakorodji chez Cheickna Coulibaly. Bourama Coulibaly dit Boura, né en 1984 à Bamako, de feu Souleymane et de N’Tjo Diarra, marchand ambulant, domicilié à Kognoumani-Plateau.

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Amadou Coulibaly, 25 ans, né à Bamako, de F. Sourakaba et de Aminata Coulibaly, sans domiocile fixe. Sounko Diabaté dit Babylone, 28 ans, natif de Djidjéni à Kolokani, fils de F. Faboula et de Daba Coulibaly, apprenti-chauffeur, sans domicile fixe. Mamadou Traoré dit Ben Laden, né en 1968 à Sélibaly en Mauritanie, fils de Moussa et de Moulkel Fall, manœuvre, domicilié à l’Hippodrome II chez son père. Yassa Diarra, 27 ans, né à Kolokani de Mindy et de Flassou Diarra, ouvrier, domicilié à l’Hippodrome II chez son frère Bandiougou Diarra. Ils sont tous encadrés par les deux tristement célèbres Abdoulaye Doumbia dit Week-end alias Soutra et Mamadou Doumbia dit Madouni.

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Leurs victimes sont nombreuses et ne cessent d’atterrir à la police du 6e arrondissement depuis leur arrestation. Ils savent déjà ce qui les attend : le lycée technique de Bamako-Coura juste après la signature de leurs procès-verbaux par le divisionnaire de police Mamoudou Baka Sissoko, le policier pédagogue.

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O. BOUARE

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7 dec 2007

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