Escroquerie contre les institutions de la République : ATT porte plainte contre un escroc

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Le Président de la République Amadou Toumani Touré et celui de l’Assemblée nationale Dioncounda Traoré, par l’entremise de leur avocat, ont porté plainte auprès du Contrôleur général de police Moussa Sissoko, chargé de la police du 3e arrondissement contre un escroc qui utilisait leurs noms pour faire des ravages à l’intérieur du Mali. Le préjudice causé à des notabilités villageoises est énorme, voire imparable.

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L’’escroc se fait appeler Mamadou Sylla, fils de Amadi et de Paye Doucouré, né le 22 septembre 1975 à Touba-Coura dans le cercle de Banamba, profession : commerçant, domicilié à Kalaban-Coura ACI chez lui-même, la carte d’identité établie le 19 juin 2006 à Konobougou. Sur une autre carte d’identité établie le 11 novembre 2005 à Markala, il s’appelle Mamadou Tamboura, fils de Hamadi et de Mariam Bagayogo, le 22 septembre 1975 à M’Pèbougou-Wèrè, profession : chauffeur, tandis que sur une troisième faite à Niono le 27 septembre 2005, on peut lire Kalilou Doucouré, fils de Makan et de Maïmouna Diallo, né le 22 septembre 1975 à Bamako profession : commerçant, domicilié à Séribala C dans le cercle de Niono.

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Multirécidiviste et notoirement connu des archives de l’administration pénitentiaire, Sylla est pire que la peste. Son malheur est parti cette fois-ci de l’aide de camp du Président de l’Assemblée nationale, le Lieutenant-colonel Moussa Diawara. Dans la journée du 12 novembre dernier, ce dernier s’est présenté au commissariat de police du 3e arrondissement pour expliquer au Contrôleur général de police Moussa Sissoko des faits d’escroquerie dont son patron est victime.

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Selon ses déclarations, des individus imiteraient la voix de l’honorable Dioncounda Traoré pour soustraire de l’argent à des communautés rurales, notamment celles de Diéma dans la région de Kayes. Le Contrôleur général de police Moussa Sissoko se fait accompagner par son visiteur au bureau de son chef de brigade de recherche, l’inspecteur principal de police Papa Mambi Keita, l’implacable Epervier du Mandé. Après la narration des faits, le Lieutenant-colonel met à la disposition de l’oiseau céleste et ses hommes, les numéros dont se servent les escrocs.

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Quelques heures après la visite de l’aide de camp du Président de l’Assemblée nationale, le Conseiller national au Haut Conseil des Collectivités Territoriales, le sieur Manaha Konté atterrit au même commissariat de police. Il explique que son frère Niankiri Konté, chef de village de Diéma vient d’être victime d’une escroquerie portant sur la somme de 500.000FCFA. Selon lui, dans l’après-midi du vendredi 2 novembre dernier, après la grande prière, un individu se faisant passer pour l’honorable Dioncounda Traoré, a joint par téléphone, le receveur de la commune de Diéma pour lui notifier sa brillante élection à la tête de l’Assemblée nationale du Mali. Il serait en tournée dans toutes les localités pour féliciter et remercier tous ceux qui ont aidé le Président de la République Amadou Toumani Touré à briguer une deuxième mandature.

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Car, son élection à la tête de l’hémicycle, il la doit en partie à cette autre victoire. Avec des récompenses qu’il a obtenues de ATT, il compte à son tour aider le chef de village en le faisant partir pour la Mecque cette année. Le chef de village, Niankiri Konté, âgé de 87 ans, décline l’offre. Il dit «au bienfaiteur» que son souci premier était de pouvoir nourrir sa famille. L’escroc voyant que sa cible ne mord pas à l’appât, change de fusil d’épaule. En lieu et place du Hadj, il propose des tracteurs du Président ATT à l’octogénaire. Il décrit les différentes sortes de tracteurs dont le montant varie entre 350.000FCFA et 500.000FCFA. Il précise que la manutention doit être versée au Trésor public. Si le vieil homme est intéressé par cette offre, il peut envoyer par Western Union la somme du tracteur qui lui convient à l’adresse d’un certain Kalilou Doucouré, chargé de mission au ministère de l’Equipement. L’escroc demande à son interlocuteur d’envoyer un crédit de 5000FCFA à Doucouré au numéro 915 39 12 pour que les choses aillent plus vite.

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Le chef de village se fait prendre au piège

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Cette nouvelle proposition va avoir raison du vieux Niankiri Konté. Dès le lundi 5 novembre dernier, lui et ses frères collectent la somme de 500.000FCFA et 19000FCFA pour les frais d’envoi par Western Union à l’adresse du chargé de mission. Après réception de cette somme, l’escroc téléphone encore au chef de village pour lui dire qu’il vient de bénéficier aussi d’un logement social offert par le Président de la République. Il demande pour cela 1.500.000FCFA. Le vieux Niankiri Konté explique les faits à son frère Manaha Konté qui conclut aussitôt à une escroquerie. L’Epervier du Mandé, après avoir écouté le sieur Manaha Konté comprit qu’il s’agit du même homme contre lequel le Président de l’Assemblée nationale se plaint. 

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Sous les ordres de sa hiérarchie, il avise le procureur de la République près le tribunal de la Commune II. Compte tenu de la gravité des faits, ce dernier lui instruit d’adresser une réquisition à personne qualifiée à Orange-Mali. Avec les résultats obtenus, le policier et ses hommes remontent la filière pour aboutir à l’arrestation à Ségou, le vendredi 16 novembre 2007 d’un étudiant répondant au nom de Mamadou Dembélé qui était en possession de l’appareil téléphonique que l’escroc a utilisé. Sommairement interrogé, ce dernier a dénoncé Mamadou Sylla qui serait son beau-frère et le vrai propriétaire de l’appareil incriminé. Le samedi, 17 novembre, l’escroc tombe dans les filets de ses poursuivants à la gare routière de Sogoniko. Il est conduit à la police pour les besoins de l’enquête.

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A son interrogatoire, il n’a pas pu nier les faits. Une perquisition effectuée à son domicile à Kalaban-Coro a permis de découvrir 17 puces téléphoniques, outils de travail de l’escroc. La Présidence de la République et l’Assemblée nationale sont informées de l’exploit. Dans la matinée du 19 novembre dernier, l’avocat du Président de la République et celui du Président de l’Assemblée nationale ont porté plainte contre l’escroc. Après les plaintes de ATT et de Dioncounda Traoré, d’autres plaintes tombent au 3e arrondissement. Il s’agit entre autres de celles des chefs de village de Diéma, de Kimparana dans le cercle de San, de Karangasso dans le cercle de Koutiala, tous victimes de l’escroc.

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Mamadou Sylla n’est pas à son premier coup

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L’enfant de Sébougou, un village situé juste à l’entrée de la ville de Ségou, n’est pas à son coup d’essai. Il est une figure emblématique de l’escroquerie au Mali. En 2005, le même homme avait pour cible les imams des mosquées à l’intérieur du Mali dont l’imam de Tombouctou. Le 15 mai 2005, il avait repéré le numéro de ce dernier dans un annuaire téléphonique. Il téléphone et tombe sur l’homme de Dieu. Après les salutations d’usage, il apprend que son frère pour lequel il avait fait des bénédictions pour sa réussite financière vient de lui envoyer en provenance d’Espagne une voiture Pagero, un téléviseur et un réfrigérateur en guise de reconnaissance pour ses bienfaits.

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Alors, pour lui faire parvenir ces matériels, il demande à l’imam de dépêcher un de ses parents pour accompagner son ami chauffeur pour les réceptionner et les transporter du port de Dakar à Tombouctou via Bamako. Avec, bien entendu, la somme de 300.000FCFA, représentant les frais du port. Notre imam ne pouvant pas dénombrer les dizaines de clients qui le consultent quotidiennement, ne croit pas trop à son interlocuteur. Qu’à cela ne tienne, il demande à Sylla de le rappeler dans les heures qui suivent, le temps de prendre les dispositions nécessaires pour mettre en route son envoyé.

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Entre temps, l’imam téléphone et explique les faits à son frère en service au Ministère de l’Agriculture en qualité de Conseiller technique. Celui-ci dont l’identité n’a pas été révélée, en homme averti, conclut aussitôt à une escroquerie. Il demande à l’imam d’orienter sur lui l’intéressé pour y voir clair. L’imam s’exécute. Il communique à l’escroc le numéro de téléphone de son frère et le rassure que celui-ci règlera tous les aspects financiers. Mamadou Sylla rassuré par sa cible affûte ses armes pour frapper le conseiller technique. Malheureusement, il va tirer à côté. Il téléphone à ce dernier à partir de son Ségou natal. Le conseiller confirme les propos de l’imam et lui fixe rendez-vous pour le lendemain matin. L’escroc sentant l’odeur de l’argent, n’avait qu’une seule envie : changer vite le cours de la nuit pour rencontrer le frère de sa cible.

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Au premier chant du coq à Sébougou, voilà que Mamadou Sylla se lève le premier. Il rassemble ses affaires et emprunte un car de la compagnie Bittar-Trans. En un laps de temps, il débarque à la gare routière de Sogoniko à Bamako. Il téléphone au conseiller pour lui annoncer son arrivée. Celui-ci alerte aussitôt le commissariat de police du 1er arrondissement avant d’instruire à Sylla de se dépêcher, car il s’apprêtait à sortir pour une réunion de cabinet. Le délinquant s’engouffre dans un taxi pour atterrir vers 10 heures dans les locaux du Ministère de l’Agriculture. L’escroc se présente dans le bureau du conseiller avec en main sa carte d’identité civile, sans compter qu’ici des éléments en civil de la brigade de recherche, tous en civil comme d’habitude l’attendaient.

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L’officier de police et chef des opérations, l’inspecteur de police Oumar Diarra, le reçoit en lieu et place du conseiller. Ne doutant de rien, Mamadou Sylla explique l’objet de sa visite et tente de convaincre son interlocuteur de la véracité de ses déclarations. Mal lui en prit le policier lui met autour de ses poignets des menottes pour le conduire au commissariat pour les besoins de l’enquête. A l’époque, plusieurs victimes ont porté plainte contre lui dont Salim Diaby, 54 ans, natif de Niamina et domicilié à Korofina Nord, sur lequel il avait spolié 250.000FCFA. Mamadou Sylla est mis à la disposition du tribunal de la Commune III. A la maison d’arrêt, il se repose quelques mois pour reprendre du service, cette fois-ci en s’attaquant à la dignité et à l’honorabilité des deux plus grandes institutions du pays. Pas de commentaire.

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 O. BOUARE

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23novembre 2007

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