Engorgement et insécurité à Bamako : Pourquoi ces problèmes persistent-ils?

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Le District de Bamako est confronté à plusieurs problèmes dont ceux liés à l’insalubrité, à l’insécurité de la circulation routière, l’incivisme et l’engorgement à tout bout de champ. De plus en plus on se demande pourquoi ces situations persistent à Bamako, la capitale, au moment où autorités communales, du District et Gouvernorat sont en train de mettre les bouchées doubles pour tenter d’améliorer le cadre de vie. Malgré leur volonté et leur détermination, force est de constater que les difficultés persistent. Au stade actuel, c’est à la limite l’impasse, tant les efforts déployés jusqu’ici n’ont pas permis de venir à bout des questions récurrentes.

En effet, dans le District de Bamako, le nombre élevé de véhicules, l’insalubrité, l’absence d’espace, l’incivisme des usagers des routes sont autant de situations auxquelles les autorités politiques et administratives doivent faire face. On ne peut affirmer qu’elles ont gagné le pari, malgré des actions faites par endroits dans le District de Bamako. C’est pourquoi les uns et les autres sont fortement interpellés.

Face à la question, les accusations vont dans plusieurs sens. Tantôt les autorités sont prises à partie, tantôt les élus communaux sont interpellés ou alors, ce sont les populations qui sont au banc des accusés. Mais, nous sommes à une étape où il devient nécessaire de prendre la situation plus au sérieux; toute chose qui exige sans doute l’organisation d’un grand forum sur ces questions existentielles pour les habitants de Bamako, qu’ils en soient originaires ou pas.

LES NATIFS DE BAMAKO INTERPELLES

La question aurait dû être posée logiquement par les natifs de Bamako organisés au sein d’une association dénommée Association des Natifs de Bamako (ANABA), à moins que ses membres n’aient pas prévu ces aspects pourtant pertinents pour un mieux être des habitants de Bamako. Logiquement ces aspects ne doivent pas être occultés par eux, puisque toutes les associations similaires se battent surtout pour le développement et l’amélioration du cadre de vie des habitants de leur ressort géographique.

Dans tous les cas, il y a de plus en plus des aveux d’impuissance et ce à tous les niveaux. Une rencontre récemment faite sous la forme de débat impliquant plusieurs parties prenantes à l’assainissement a été l’occasion de découvrir que les tendances actuelles ne sont pas bonnes et qu’il faille trouver une autre alternative.

LES DIRECTIVES D’ATT NON SUIVIES

Pratiquement à tous les niveaux c’est le même constat accablant d’impuissance. Et pourtant, dans le cadre de l’assainissement, on se rappelle que le président Amadou Toumani Touré avait indiqué le chemin à ceux qui ont en charge la gestion des affaires du District de Bamako: le Gouverneur, le maire du District, les maires des différentes communes.

En effet, après une visite de terrain, en particulier en commune II du District de Bamako où il était parti s’enquérir de l’expérience positive, incitative de l’aménagement des rues du quartier de Missira par Mme Aminata Dramane Traoré, ancienne ministre et son équipe, le président de la République a été inspiré par ces prouesses et avait, consécutivement à cela, promis de débloquer 300 millions de FCFA pour l’assainissement de District de Bamako.

A cet effet, une commission avait été mise en place, présidée par le Premier ministre, chef du gouvernement. Après l’euphorie d’un moment, c’est le retour à la case départ. Comment se fait-il ? A qui la faute? Il importe de chercher à situer les responsabilités de cette situation qui ne fait que prendre de l’ampleur.

QUE DIRE DES ELUS COMMUNAUX?

Les élus communaux, envers et contre tout, sont interpellés, eux qui ont pris l’engagement lors des campagnes électorales de créer les meilleures conditions du bien-être des habitants des communes respectives. Mais quelle ne fut la déception des habitants de plusieurs communes du District de Bamako qui sont dans une insécurité permanente pendant l’hivernage en particulier! Le constat est amer : des caniveaux non curés, des rues occupées par des engins hors d’usage, des rues envahies par des ordures ménagères entre autres.

Le cas de la commune II attire particulièrement l’attention. En effet, elle compte parmi les communes les plus insalubres du District. C’est pourquoi récemment, quand les gens ont appris la signature d’une convention de partenariat entre la commune II et la commune de Mopti, ils ont sursauté et continuent à se poser des questions sur ce que ces deux communes pourraient faire ensemble dans le cadre de l’assainissement.

Vont-elles échanger les expériences sur leurs échecs en matière de mauvaise gestion de l’environnement? Ou ont-elles déjà déniché des partenaires dans le cadre de l’intercommunalité encouragée par le processus de décentralisation? Par rapport à cette initiative que nous voulons salutaire, il va falloir être patient, la fin justifiant les moyens.

L’incivisme, UNE SITUATION ENDEMIQUE

L’incivisme est une situation qui a de beaux jours devant lui dans le District de Bamako. En effet, la circulation routière est le cadre de cet incivisme à Bamako. Tout le monde se montre particulièrement pressés or, comme le dirait un policier, ils n’ont pas tous, à vrai dire, des préoccupations si urgentes qui les obligeraient à agir ainsi. Ainsi, on peut dire que rouler à tombeau ouvert est devenu un effet de mode dans le District de Bamako.

Pourtant, cet état d’esprit et cette attitude sont en train d’être à l’origine de pertes énormes en vies humaines. Malheureusement tout le monde assiste impuissants face au problème dont la solution n’est pas pour demain. Ainsi, chaque jour que Dieu fait, on enregistre de nombreuses pertes en vies humaines. Il faudra un sursaut à cette situation qui est à l’origine du malheur de nombreuses familles. La question ne concerne pas que les autorités du pays ou du District. Les usagers des routes sont fortement interpellés par ce véritable fléau social.

L’ENGORGEMENT, UNE AUTRE QUESTION RECURRENTE

L’engorgement dans le District de Bamako devient une question récurrente aujourd’hui. D’abord, les communes du District de Bamako ont toutes fini de vendre leurs parcelles à usage d’habitation, au point que, depuis plus d’un an, le District de Bamako est en train de convoitiser les terres des communes riveraines du District.

PLUS D’ESPACE DANS LE DISTRICT DE BAMAKO

On se rappelle que, dans ce sens, une rencontre s’est déroulée au Mémorial Modibo Kéïta avec les représentants de ces communes et les autorités du District. La demande des autorités du District était jugée trop forte, elles qui ont l’ambition de recaser sur ces parcelles des habitants de la capitale. On se demande si la question relative au recouvrement des impôts et taxes de ceux qui auraient la chance d’être recasés est déjà résolue. C’était là une question qui a suscité beaucoup de polémiques. Au-delà de cet aspect s’inscrivant dans les perspectives d’extension du District de Bamako, l’engorgement de la ville se traduit aussi par l’augmentation sans cesse du nombre d’engins à deux et quatre roues dans le District de Bamako. Toute chose qui explique en partie la multiplication des cas d’accidents de la circulation routière.

LE NOMBRE TROP ELEVE DE VEHICULES

En effet, la fluidité de la circulation est prise en otage par des engins de tous gabarits. C’est ainsi que les autorités du District ont récemment pris une mesure visant à interdire la circulation des camions-remorques et camions-bennes dans le District de Bamako pendant certaines heures de la journée. Cela est une initiative salutaire visant à rétablir une disposition ancienne depuis la deuxième République et grâce à laquelle les gros porteurs ne pouvaient circuler au centre-ville pendant les heures de pointe. Elle peut être de nature à contribuer au désengorgement de la circulation dans la District de Bamako.

En plus de cet aspect, pour progresser dans le sens du désengorgement du District de Bamako, les efforts sont en cours pour la finition de la Cité Administrative qui abritera le plus grand nombre de services administratifs. De cette manière, le centre-ville du District de Bamako pourrait être relativement plus fluide. Mais, en fait, la concentration des services publics dans une même zone ne va-t-elle pas être elle aussi source d’engorgement à cet endroit? Va-t-elle de pair avec l’esprit de la décentralisation? En tout cas, cette question mérite qu’on s’y penche.

Moussa SOW

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