Crime au grand marché de Bamako : Boubacar Djigué arrêté et relâché après un assassinat

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Répondant au nom de Issoufi Alhassane Abba, la victime de l’homicide est un ‘bana-bana’ (détaillant) qui n’a aucune chance d’amasser un jour une fortune comparable à celle de la famille Djigué, et pour cause. Après trois jours de séjour dans la morgue de l’Hôpital Gabriel Touré, son corps devrait avoir été inhumé et accompagné à sa dernière demeure, hier après-midi, par une foule nombreuses de ressortissants de Tasharan, un village non loin d’Ansongo.

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Ses parents, proches et tous ceux-là qu’il a côtoyés au Grand Marché n’ont que leurs yeux pour pleurer, en attendant d’être consolés par une saine application de la justice dans l’affaire. En effet, celui que tous appellent familièrement ‘Abba’ a été arraché à l’affection de tous, samedi, dans des circonstances très désacralisantes pour la vie humaine. L’incident découle, selon nos sources, d’un banal litige avec les occupants de la servitude d’un immeuble exploité par la famille Djigué en plein centre du marché. Lesdits occupants – auprès de qui la municipalité perçoit pourtant régulièrement des taxes – ont été sommés de libérer les lieux, à la demande de ses détenteurs légaux.

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Recours a été fait, pour ce faire, aux services de la Mairie, mais aussi à des loubards. Lesquels, de source concordante, auraient reçu comme instruction non seulement de protéger l’endroit contre d’éventuels occupants anarchiques, mais également de réserver la sentence capitale à tout contrevenant aux directives. Issoufi Alhassane Abba n’a sans doute pas intégré le sérieux de cette menace ou peut-être n’en avait-il aucune connaissance.

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En tout cas, qu’il s’agisse d’une ignorance, d’une témérité ou d’une méprise, il l’a payé au prix fort pour avoir franchi le seuil de l’immeuble sous haute protection. Le jeune homme (28 ans), en voulant s’y procurer de l’eau, affirme-t-on, a aussitôt buté contre la furie des loubards, dont il subi une stragulation avant d’être cogné au mur. Il paraissait toujours en vie lorsque qu’un parent de Boubacar Djigué alertait ses amis et connaissances du voisinage. Mais aux tentatives de diligenter son évacuation à bord d’un taxi, le riche commerçant, racontent nos sources, a opposé un refus catégorique de permettre l’accès à son immeuble. La victime dut ainsi souffrir les pénibles supplices des coups et blessures administrés par ses bourreaux, avant qu’une ambulance ne se fraie un passage par les allées impraticables du marché. Issoufi Alhassane Abba a finalement été transporté à l’Hôpital Gabriel Touré où il céda aussitôt l’âme.

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Des suites d’un traumatisme crânien, à en juger par un premier constat médical établi. Mais pour mieux élucider les causes du décès, un médecin légiste a été sollicité par l’avocat Me Malick Maïga, qui s’est en même temps constitué en partie civile contre Boubacar Djigué et ses loubards. Les derniers se trouvent d’ailleurs aux arrêts depuis samedi dernier, à la Brigade de Recherche du Camp I, tandis que l’employeur, lui, a majestueusement filé ente les doigts de la gendarmerie.

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Selon nos sources, le Commandant de la Brigade paraissait pourtant bien disposé à le maintenir en compagnie de ses vigiles, mais de fortes pressions émanant probablement d’autorités supérieures l’en aurait dissuadé. En recouvrant aussi miraculeusement sa liberté, Boubacar Djigué, cousin du richissime Amadou Djigué, vient ainsi justifier l’inquiétude des proches de la victime Issoufi Alhassane Maïga, quant au règne d’une justice à deux vitesses, se manifestant par la clémence ou la rigueur selon que les justiciables soient opulents ou pauvres. Les uns avec suffisamment de richesses pour se procurer des petites républiques et une sécurité propre, les autres assez démunis pour être lésés de la portion de droit qui leur revient dans la république commune : la protection contre les abus et sévisses exercés par les premiers.

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 A.K.

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La loubardisation en marche

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La tendance désormais à la mode à Bamako, est de recruter les loubards pour gérer certaines questions. A la lumière des faits, ce sont des gens fortunés, en tout cas, ceux en mesure de payer 5.000 voire 10.000 F CFA par jour pendant une semaine ou plus, pour les services d’une dizaine de loubards. Ces gens fortunés sont à l’image de Nimaga N°1 et aujourd’hui de la famille Djigué, entre autres. Ils préfèrent éviter la police puisque ne comptant pas agir dans la légalité. Ces jeunes hommes sont généralement désoeuvrés et se recrutent dans les quartiers populaires de la capitale. Ils sont haltérophiles pour les besoins de la cause.

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Les plus honnêtes parmi eux choisissent d’être portiers ou videurs dans les boîtes de nuit ou proxénètes. Nombre d’entre eux sont des malfrats généralement impliqués dans divers délits (vols à main armée, agression, trafics de stupéfiants, entre autres. Dans la majeure partie des cas, ils s’aident dans leurs activités, d’anabolisants, d’alcool et même de stupéfiants. Les plus chanceux parviennent à tirer leurs épingles du jeu en devenant plus tard garde rapprochée d’une personnalité. Mais tout le monde n’a pas cette aubaine. A l’heure actuelle, la concurrence est plutôt rude dans le milieu. Pour moins que 5.000 F CFA, on peut s’offrir leurs services. Et bonjour les dégâts. Ce phénomène menace très sérieusement la stabilité et la paix sociale et sape l’autorité de l’Etat. Il demeure persistant malgré les mises en garde du chef de l’Etat en personne.                                     

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B.S.D

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