La guerre larvée contre la pègre bamakoise est en marche. Rien ne semble arrêter la machine des commissariats de police malgré le manque de moyens logistiques auquel ils sont perpétuellement confrontés. La belle moisson que le commissaire divisionnaire de police Mamoudou Baka Sissoko, chargé du 6e arrondissement et sa redoutable brigade de recherche viennent d’ajouter à leur palmarès, a été une véritable descente aux enfers.
Depuis un certain temps, le commissaire divisionnaire de police Mamoudou Baka Sissoko en tandem avec la brigade de recherche, pilotée par « Lion de Djonkala », l’inspecteur divisionnaire de police Moussa Diarra, a organisé des opérations de nettoyage systématique de toutes les poches criminogènes de la Commune I où ils ont en charge, la protection des populations et de leurs biens. La pression devenant de plus en plus forte, les caïds ont opté pour la transhumance de peur d’être dévorés par le « Lion ». Mais, certains récalcitrants sachant bien que le terrain est fertile car regorgeant plusieurs millionnaires du district, ont préféré se planquer au pied de la colline de Nafadji pour frapper dans le noir. Sinaly Traoré, boucher de son état, en a fait les frais dans la nuit du 28 août dernier. Un voleur ayant profité de son sommeil profond, s’est furtivement introduit à son domicile pour commettre son forfait. Discrètement, le boucher mène des investigations au cours desquelles ses soupçons pèsent sur un certain Kassim Niaré qui habite dans une maisonnette perdue au flanc de la colline, n’ouvrant ses portes qu’à l’aube.
Convaincu que ce dernier est son voleur, Sinaly Traoré le dénonce aux autorités policières du commissariat de police du 6e arrondissement. Sous les ordres son chef hiérarchique, l’inspecteur divisionnaire de police Moussa Diarra et ses éléments organisent une descente dans la tanière du suspect, tôt dans la matinée du 6 septembre dernier. Ils le surprennent dans une famille sur une moto Yamaha 100. Croyant à la flexibilité de ses jambes, Kassim Niaré se débarrasse de son engin pour prendre le large. Il se dirige vers la colline de Nafadji pensant que ses poursuivants allaient vite décrocher. Mais, c’était sans compter avec la détermination de ces derniers à le mettre hors d’état de nuire. A l’issue d’une course-poursuite qui n’a duré que quelques petites minutes, ils mettent le grappin sur le fuyard et le conduisent à leur base pour les besoins de l’enquête.
Le délinquant confesse et dénonce un vendeur de colas comme son fournisseur en armes
Sommairement interrogé, le suspect dit s’appeler Kassim Niaré né en 1973 à Baniékébougou à Kita, des feus Moriba et de Makoro Niaré, chauffeur, domicilié à Banconi-Dianguinébougou chez Lassine Traoré. Il n’a pas hésité à reconnaître les faits qui lui sont reprochés. Mais, pour mieux le confondre et découvrir une éventuelle ramification du bandit, le « Lion de Djonkala » et ses hommes perquisitionnent son domicile où ils ont extrait des trous, un arsenal composé d’une paire de cisailles, de deux balles de pistolet automatique (PA), 7,65 court, des couteaux, des fausses clefs, des chaînes pour traquer les bœufs et des tournevis. Ils ont aussi découvert au cours de leur fouille, un sac contenant des chaussures pour enfant avec un album photos, un poste-radio six piles de marque AMSUA et un portefeuille contenant la photocopie d’un passeport scanné sur lequel on pouvait lire le nom d’un certain Sékou Keita sans autres précisions. Cette découverte accable le voleur qui a vu tout son espoir voler en éclats.
Puisqu’il doit effectuer le voyage pour le lycée technique de Bamako-Coura, il refuse alors de cavaler seul. Il dénonce alors son fournisseur en engin de mort, le nommé Al Hamoudou Maïga dit Haba, 52 ans, natif de Diré, revendeur de noix de colas, domicilié à Dialakorodji, chez lui-même. Sans tarder, les limiers du commissaire divisionnaire de police Mamoudou Kaba Sissoko atterrissent dans cette partie difficilement accessible de Dialakorodji pour mettre fin aux activités hautement dangereuses de ce trafiquant d’armes déguisé en revendeur de colas. Après son arrestation, les policiers soumettent sa maison à une perquisition digne de ce nom au cours de laquelle ils tombent sur un véritable arsenal de guerre. Il s’agit d’un pistolet automatique tchèque (PA), calibre, 7,65 sans numéro, avec son chargeur bien garni, d’un pistolet automatique (revolver italien, 12 coups, model 1917, calibre 1, de trois pistolets de fabrication artisanale, de deux cartouches et d’une bicyclette à moitié démontée. Le détenteur n’avait aucun document d’autorisation de port d’arme sur lui. Interrogé, le pauvre Maïga ne pouvait pas nier l’évidence. Mais, la question qu’on se pose, c’est de savoir si le trafiquant n’arme-t-il pas d’autres bandes de délinquants sévissant à Bamaiko et environs ? Les autorités policières du 6e arrondissement sont décidées à remonter le réseau pour la tranquillité des populations de leur commune. Mais, force est de reconnaître que cela ne peut pas se réaliser sans le concours de la population.
La sécurité n’a pas de prix, mais elle a un coût
Face à la recrudescence du grand banditisme, les populations doivent-elles rester les bras croisés ? Toute la question est là. Au commissariat de police du 6e arrondissement comme des bien d’autres dans le district de Bamako, on a de la peine à croire que les moyens les plus élémentaires manquent pour sécuriser les citoyens et leurs biens. On constate, avec des pincements au cœur, qu’il n’y a ni véhicule approprié ni d’autres moyens de transport pour que les policiers mènent à bien leurs nobles missions. Faut-il tout laisser à l’Etat ? En Commune I du district de Bamako que nous connaissons parfaitement, des milliardaires rivalisent. Ceux-ci préfèrent se faire voir ailleurs que de venir au secours de leur police. Alors qu’ils peuvent mettre à la disposition de celle-ci des moyens de transport et autres pour la sécurisation de leur quartier. Certes, diront-ils que la sécurité n’est pas leur affaire, mais le jour où la pègre frappera à leur porte, ils sauront sans doute que la sécurité est l’affaire de tout le monde. Mieux vaut donc prévenir que guérir. A bon entendeur salut.
O. BOUARE“