Bagadadji, un quartier miné par les dealers

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Le quartier de Bagadadji est, au jour d’ouie, le quartier le plus dangereux de notre capitale. Et pour cause, les gros dealers de la sous-région y ont élu domicile. La vente de cocaïne est banalisée. Et gare au petit indiscret, qui ose en piper mot !…. En faisant un tour dans ce quartier, nous avons été ébahie, face à ce triste spectacle. 

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Dans certaines  familles, la popote de la journée n’est assurée qu’après que le dealer ait fait un tour à son point de vente. Le cas de la famille Sacko en est la parfaite illustration. Dans cette famille, « MK», le dealer de renommée nationale, est roi. C’est lui, qui prend les dépenses de la famille en charge. Il bénéficie, donc, de la bénédiction de ses parents. Mieux, il est adulé par tous. Même son frère aîné lui cire les bottes. Dans la famille Dramé, une autre famille, située non loin de là, le propriétaire ne passe pas par dix mille chemins : il ne loue ses chambres qu’aux vendeurs de « coke ». Car, le loyer est deux, voire trois fois plus cher, mais régulier. Pire, ces dealers sont, très souvent, violents. Les voisins se plaignent de leurs bagarres nocturnes. Ces deux familles sont des exemples parmi tant d’autres, dans le quartier.  La drogue se vend plus cher que l’or, au Mali.

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Le chauve qui peut !

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Nous sommes sur la rue Patchanga de Bagadadji. Là, 55% des jeunes ne connaissent pas le chemin de l’école. La seule voie de réussite, pour ces jeunes, reste le trafic du chanvre indien, (appelée joint, dans leur jargon), mais surtout de la cocaïne. Sur cette rue, les stupéfiants se vendent comme de  petits pains. Les points de ventes sont connus des habitués, car les vendeurs ont leur style et leur jargon propres à eux : filles et garçons sont habillés en jeans et T short ; et sont percés, un peu partout, au visage : sur les oreilles, le nez, les pupilles…. Ils sont défoncés et malpropres. Un gramme de cocaïne est vendu à 30.000 CFA, soit l’équivalent de six grammes d’or ! La vente est rapide, mais indiscrète.  Un dealer peut en moyenne, en vendre 10 grammes par jour, soit l’équivalent de 300.000 CFA. Mais le hic, c’est que ces vendeurs ne sont que des employés. Après avoir leurs opérations nocturnes, les «  patrons » passent leurs journées à dormir, et confient leurs affaires aux initiés, fidèles aux postes. Car : «  pour être un grand dealer, il ne faut pas te soucier de l’argent. Tous nos patrons qui circulent dans de grosses bagnoles, ont commencé par ça. Ils ont obéi à leurs maîtres », nous confie un mineur de 17 ans, le protégé de Man.

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L’adolescent est respecté et craint des autres, car : « On ne touche pas au môgô de Man », selon la loi du coin. Selon le chef de la Brigade de Recherches du 3ème Arrondissement, Papa Mambi Keïta,  les causes de ces pratiques s’expliquent par la misère, qui s’accroît  dans les quartiers populaires. Malgré leurs descentes musclées dans ces foyers de la drogue, le mal persiste. D’où le départ de la plupart des cadres qui y résident. C’est le cas de ce pharmacien, qui nous explique la cause de son déménagement : « Je suis natif de Bagadadji. Mon frère ne vit que de la vente de stupéfiants. J’ai voulu le conseiller, mais mon père m’a suggéré de quitter la famille, si je ne suis pas d’accord. Il a même été envoyé à la Mecque par mon frère dealer. Pourtant, il sait d’où vient le financement de son pèlerinage. Je suis, maintenant, en location à Djélibougou, afin de mettre mes enfants à l’abri de ces pratiques, qui déshonorent ma famille ».

rnChrystelle

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