Le téléphone portable du malfrat décédé entre les mains des enquêteurs constitue une boîte noire qui peut vite faire accélérer l’enquête.
Les Bamakois se sont réveillés samedi avec une nouvelle peu ordinaire : des malfrats armés ont attaqué la résidence de l’ancien chef de l’Etat Alpha Oumar Konaré à Souleymanebougou. Ce dernier n’était pas là, mais son épouse Adam Ba Konaré et ses petits fils étaient bel et bien présents dans la maison au moment de l’attaque.
Selon nos informations, l’attaque s’est produite entre 4h et 5h du matin ce jour. Les malfaiteurs qui seraient venus en nombre ont d’abord coupé le câble électrique qui alimente la maison avant de passer à l’attaque. Les éléments de sécurité qui prenaient la garde ce jour là n’ont pas tardé à riposter avec force. Dans la fusillade qui a duré un bon moment, un des malfrats a été mortellement touché. Ses autres compagnons n’ayant pas pu résister à la puissance de feu des hommes de la garde ont pris la fuite avant de disparaitre dans la nature. Mais quand ils ont constaté qu’un élément manquait au groupe, ils l’ont appelé sur son portable, avant de tenter de revenir le récupérer. Mais sans succès.
Aussitôt informés, des éléments de la brigade territoriale de la gendarmerie de Sangarébougou et ceux du commissariat du 12è arrondissement de Boulkassoumbougou se sont transportés sur les lieux. Sur place, ils ont récupéré le corps du malfrat décédé et son téléphone portable. Ils ont aussi procédé à d’autres constatations. Une enquête a été ainsi ouverte et confiée principalement à la brigade territoriale de la gendarmerie de Sangarébougou.
Aujourd’hui, tout le monde s’interroge sur l’identité et surtout l’intention de ces malfrats. S’agit-il des simples voleurs de nuit ou des hommes en mission ? Pour en savoir davantage, notre équipe de reportage a fait hier un tour sur les lieux. Il était 10h30 quand notre véhicule se mobilisa devant la grande porte de la résidence de l’ancien chef de l’Etat au niveau de laquelle est érigé un poste de sécurité. Plusieurs militaires prenaient la garde. Certains étaient en uniforme et d’autres en tenue civile assis à côté de leurs armes. Apparemment, ils n’étaient pas du tout gênés de notre arrivée car, disent-ils, depuis que l’attaque a eu lieu, les journalistes n’arrêtent pas d’affluer. Nous nous sommes entretenus avec avec le chef de poste. C’est un jeune sergent habillé en civil. Courtois, discret et surtout peu bavard, il n’a pas voulu enter dans les détails des faits. « Si c’est le journal L’Essor, les gens auront certainement de bonnes informations. Je dis cela parce que certains de vos confrères ont dit des choses sur cette affaire qui ne reflètent pas toute la réalité», a-t-il dit en souriant. Le jeune militaire a tenu à préciser que les accrochages ont eu lieu aux alentours de la maison et que les malfrats n’ont jamais pu parvenir à escalader les murs. «Les gens qui nous ont attaqués étaient nombreux, mais dans le feu de l’action, il nous était difficile de connaître leur nombre exact. Il y avait aussi l’obscurité et il n’était pas non plus facile de les identifier», explique-t-il.
Alors que continuait notre entretien, l’équipe de la brigade territoriale de la gendarmerie de Sangarébougou chargée de l’enquête débarque avec à sa tête le commandant de brigade Pascal Dakono. C’était la deuxième descende de l’équipe sur les lieux, vingt quatre heures après les faits. L’information ayant pris de l’ampleur, les enquêteurs ont décidé de ne rien minimiser, de ne rien banaliser. «Nous sommes revenus faire le tour de la maison, vérifier endroit par endroit», dira le CB aux militaires qui montaient la garde. L’officier de la gendarmerie voulait savoir le nombre de postes de sécurité se trouvant dans la maison. Il y a un poste au niveau de la porte principale et un autre avancé à l’intérieur de la maison, a répondu un des gardes.
Nous avons demandé au commandant de brigade si l’enquête a évolué sur le terrain. Il a répondu en ces termes : « l’enquête n’a pas beaucoup évolué comme certains le pensent. Nous avons trouvé un corps parmi les malfrats et son téléphone portable, mais pour le moment ce corps n’est pas totalement identifié encore. L’enquête est en cours et il progresse lentement. Vous aurez d’autres détails après».
Beaucoup de gens pensent que le téléphone portable du malfrat décédé entre les mains des enquêteurs constitue aujourd’hui une boîte noire qui peut vite faire accélérer l’enquête. A ce niveau, le commandant de la brigade territoriale de la gendarmerie de Sangarébougou se veut très prudent. « La personne décédée a laissé un téléphone portable qui est pour nous un très bon élément de recherche. Elle avait aussi sur elle une carte d’invitation pour un mariage que nous avons récupérée. Tout cela peut nous aider à avancer dans notre enquête. Mais je pense qu’il faut rester prudent car au Mali les choses ne sont pas aussi faciles qu’on le pense», dit-il.
Nous avons appris que beaucoup de personnalités politiques, administratives et militaires sont venues apporter anonymement leur soutien à la famille Konaré, notamment l’épouse du président de la République Mme Kéita Aminata Maïga, le ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, le général Sada Samaké, le secrétaire général de la présidence, Toumani Djimé Diallo, le directeur national de la gendarmerie.
M. KEITA