Assassinat de Seydou Sacko sur la route de Kati : Voici la vérité

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Déclaré porté disparu à la police du 3e arrondissement par sa sœur, animatrice à la radio FM « Benkan », le 17 octobre dernier, le corps du jeune Seydou Sacko dit Médecin, âgé de 30 ans environ, a été retrouvé en état de putréfaction avancée dans un chantier non loin du centre émetteur de l’ORTM sur la route de Kati, par la brigade territoriale de gendarmerie de Kati, dans la journée du 23 octobre dernier. La nouvelle provoque un véritable séisme à la brigade de recherche du 3e arrondissement qui s’activait à faire la lumière sur les conditions dans lesquelles, le jeune homme a été porté disparu sous la direction du Contrôleur général de police Moussa Sissoko, chargé dudit commissariat de police. Faisons une projection du film.

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Seydou Sacko est un natif de Médina-Coura en Commune II du district de Bamako. Il est un inconditionnel du PMU-Mali. A force de jouer aux chevaux, il a fini par vendre ses offres à des parieurs. Sa spécialité était de combiner les chiffres avant de les proposer aux clients. Il lui arrivait de porter les numéros gagnants sur des anciens billets qu’il montrait aux parieurs pour attirer ces derniers sur sa marchandise (billets combinés). Mais, des témoignages recueillis aux alentours de la direction de PMU-Mali, l’homme est pacifique et respectueux.

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Voilà que son malheur commence dans la journée du 17 octobre dernier. Tout se passait normalement dans la famille Sacko jusque dans la nuit où le jeune Seydou Sacko ne se présentait pas toujours et il n’avait rien dit à ses parents à propos d’un éventuel voyage à l’intérieur du pays. Or, cela n’est pas dans ses habitudes. Qu’à cela ne tienne, il ne panique pas dans un premier temps, on croirait qu’il était encore devant le PMU-Mali, son lieu de travail.

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Mais, l’inquiétude et l’intrigue s’installent de plus en plus chez les Sacko lorsque le lendemain, le jeune homme ne donnait toujours aucun signe de vie. Toute activité cessante, ils se lancent à sa recherche. Sa sœur aînée, notre consœur Bougobaly Sacko, animatrice à la radio « Benkan » se transporte à la brigade de recherche du 3e arrondissement pour déclarer la disparition de son frère. Au même moment, ses frères fouinaient dans les autres commissariats de police, brigades de gendarmerie et hôpitaux du district de Bamako et Kati. Mais en vain ? Où était donc parti Seydou ? Ses parents n’en savent pas plus. Ils remettent alors le numéro de son portable à l’intraitable Epervier du Mandé, l’inspecteur principal de police Papa Mambi, chef de la brigade de recherche du 3e arrondissement, pour toutes fins utiles.

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Tradition obligeant, celui-ci informe le Contrôleur général de police Moussa Sissoko, chargé du 3e arrondissement. Ce dernier lui donne carte blanche de sévir. C’est ainsi que le policier ordonne à ses visiteurs de se fait établir une réquisition à personne qualifiée auprès du procureur de la République près le tribunal de la Commune II, devant s’adresser à la Direction de « Orange Mali » pour repérer les différentes communications sur son téléphone portable. La Direction de « Orange Mali » envoie alors ce précieux document aux policiers à la demande du parquetier du tribunal de la Commune II. Du coup, l’Epervier du Mandé et ses hommes entrent en ébullition.

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L’Epervier met à exécution son redoutable piège

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C’était dans la journée du 23 octobre dernier, Papa Mambi Keita, le digne élève du grand sorcier du commissaire principal de police Adama Baradji, compose le numéro du dernier appelant sur le portable du porté disparu. Celui-ci répond à l’appel du policier. L’Epervier du Mandé tente de le piéger. L’homme se dit être à Kati et se dit prêt à le rencontrer. Croyant avoir la chose dans le sac, le policier dépêche aussitôt une mission à Kati pour cueillir « le suspect. »

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Ce dernier est gendarme en service à la brigade territoriale de gendarmerie de Kati, celui-là même qui venait juste de faire la découverte macabre d’un corps non identifié sur lequel il a trouvé le numéro du téléphone de Seydou Sacko au cours de la traditionnelle fouille corporelle. Aux dires du gendarme, c’est un individu à la recherche des ferrailles aux alentours du centre émetteur de Kati qui aurait découvert le corps en état de putréfaction avancée. Ce dernier a aussitôt informé les gardes nationaux en faction au centre émetteur, qui à leur tour, ont alerté son service, territorialement compétent. Désigné par sa hiérarchie, il s’est transporté sur les lieux avec une équipe composée d’un médecin légiste et des éléments de la voirie municipale.

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Au cours du constat, poursuit le gendarme, ils ont découvert un morceau de papier sur le défunt sur lequel il était écrit Seydou Sacko, un numéro de téléphone portable de Orange-Mali et plusieurs tickets de PMU-Mali. Il a tenté d’appeler ledit numéro, malheureusement, il est parti directement sur répondeur. S’agit-il celui du défunt ? Difficile de le dire, car, aucun autre document administratif n’a été retrouvé sur le corps permettant de l’identifier. Vu l’état du corps, il a été inhumé sur place par la pompe funèbre de la voirie de Kati. Pour l’Epervier du Mandé et ses hommes, il n’y avait aucun doute, c’était le corps de Seydou Sacko. Le même jour, vers le petit soir, la police communique la triste nouvelle aux parents de la victime avant de leur promettre de déchirer tout le mystère qui entoure cette affaire.

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De l’enquête jaillit la vérité

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Comment faire tomber les tueurs de Seydou Sacko ? Les interrogations se cognent les unes contre les autres dans la tête de l’Epervier du Mandé et de ses hommes. Comme dans un laboratoire, chacun développe une formule. Finalement, ils ont dû recourir aux services de la Direction de Orange-Mali pour savoir le ou les présents utilisateurs du téléphone du défunt. C’est cela qui va faire lever le lièvre. Trois numéros apparaissent. Les policiers orientent les recherches sur leurs utilisateurs. Ils aboutissent à l’arrestation de Modibo dit Van alias Bani Keïta, affectueusement appelé par les siens Diop, se disant né en 1981 à Kanu, fils de Fadiala Keita, ex-directeur de l’office du Niger à Mopti, et de Kadi N’Diaye, revendeur de journaux hippiques, domicilié à Hamdallaye près de la maternité en Commune IV du district de Bamako. Il est retrouvé avec la moto Jakarta de couleur bleue claire censée appartenir au porté disparu et la puce dont les traces ont été affichées chez l’opérateur téléphonique « Orange-Mali ».

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Il faut préciser que les parents du suspect résident actuellement à Kati. Le nommé Boubacar Soumaré dit Baba ou« Kôrôbôrô », un inconditionnel du PMU-Mali, tombe également le même jour dans le panier des policiers. A leur interrogatoire, les deux hommes ont adopté la stratégie du niet catégorique. Mais, très vite, le nommé, Modibo dit Van ou Bani Keita alias Diop a pété les plombs. Il déclare que la moto trouvée en sa possession appartient à Boubacar Soumaré dit Baba ou « Kôrôbôrô ». C’est lui qui est en mesure de faire la lumière sur cette affaire d’assassinat. Ce dernier jure la main sur le cœur n’être au courant de rien et mieux, il n’a jamais conduit une moto.

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L’enquête que nous avons menée auprès de certains parieurs du PMU-Mali a révélé que Soumaré ou « Kôrôbôrô » est incapable de faire du mal à une mouche, tant il est pacifique. Qu’à cela ne tienne, les policiers continuent leur enquête en braquant leurs lampions sur Bani Keita alias Modibo dit Van ou Diop. Ils le conduisent dans sa famille à Kati pour les besoins de l’enquête. Ici, même si l’Epervier du Mandé et ses éléments n’ont trouvé aucun objet pouvant intéresser leur enquête, en fins pédagogues, ils constatent que leur client n’a pas bonne presse dans sa famille. Car, aux dires de la mère de Diop, à cause du comportement insupportable de son enfant, elle aurait préféré l’envoyer à Bamako dans l’espoir qu’il récupérerait. Sans compter qu’elle l’avait envoyé à l’université de la délinquance sans le savoir. Peut-être.

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Et depuis, il n’est plus retourner dans la famille.  La messe est presque dite. Le voile se lève sur le suspect lorsqu’un inspecteur de police en service au commissariat de police de Kati leur confie que l’oiseau est activement recherché par son unité pour viol. Comme on pouvait déjà l’imaginer, les choses se compliquent pour Bani Keita alias Modibo dit Van ou Diop. Les serres de l’Epervier se resserrent de plus en plus autour de lui. Ses poursuivants lui accordent un moment de repris, histoire pour lui de retrouver les esprits. Dans la nuit du 29 au 30 octobre dernier, il dénonce un certain Abdoulaye Diallo dit Ablo, revendeur de pièces détachées aux alentours de la dibiterie « Gigot d’or » sise sur la route de Koulikoro en face de Luna Park. Selon Diop, ce dernier serait l’auteur principal de l’assassinat du jeune Seydou Sacko et ses complices seraient Boubacar Soumaré dit Baba ou « Kôrôbôrô » et Kado sans d’autres précisions.

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Après son forfait, il lui aurait remis la moto en attendant de trouver un preneur. La même nuit, les éléments de l’Epervier cravatent ce dernier avant de le conduire à la police pour les besoins de l’enquête. Une perquisition effectuée dans son kiosque a permis aux policiers de découvrir les deux rétroviseurs de la Jakarta du défunt dissimulés dans un coin discret. A la brigade de recherche du commissariat de police du 3e arrondissement où il a été conduit, Ablo n’a pas changé de langage. Il jure que Diop a menti sur lui. Les policiers ne le croient pas. Il est prié de se considérer comme pensionnaire de la garde-à-vue. Vu l’importance de l’affaire, la même nuit, l’inspecteur principal de police Papa Mambi Keita et ses hommes conduisent Diop et Ablo sur les lieux du crime. A quelques mètres, ils sont frappés par une odeur de nature à ne pas faciliter leur tâche. Malgré tout, ils persistent.

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Diop décrit succinctement le film du crime. Mais, c’est le lendemain qu’ils effectuent la reconstitution des faits proprement dite. Mais qui a tué Seydou Sacko ? Pour quelles raisons ? Voilà les deux questions auxquelles les enquêteurs n’avaient pas trouvé de réponse. C’est l’interpellation d’un certain N’Fa dit Gaoussou Traoré, revendeur de journaux hippique qui va lever le voile sur tout le secret. Il n’a ni participé au crime et ni mangé un centime dans le butin. Selon lui, quand il a voulu savoir la provenance de la Jakarta neuve que son ami Diop possédait dans les deux derniers temps, ce dernier a soutenu qu’elle appartenait à son frère aîné qui la lui a laissé quand il voyageait. Visiblement,  ladite moto sur laquelle il a aperçu un attaché-case, tous ressemblaient aux affaires du défunt. Mais, faute de preuve, il ne pouvait qu’avaler sa langue.

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Diop craque et lâche le morceau : « j’ai tué Seydou pour sa Jakarta »

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De son arrestation à la nuit du 30 au 31 octobre dernier, l’œil de feu Seydou Seydou Sacko n’avait pas quitté son assassin. N’en pouvant plus, Modibo dit Van ou Bani Keita alias Diop lâche le morceau. C’était aux environs de 20 heures 10 minutes. Il innocente ses deux accusés : Abdoulaye Diallo et Boubacar Soumaré dit Baba ou« Kôrôbôrô ». « Pardonnez-moi à cause de Dieu, je vous ai fait souffrir pour rien. Inspecteur, ceux-ci n’ont rien à voir dans cette affaire. Je suis prêt à vous dire la vérité, rien que la vérité. »

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C’est avec des larmes aux yeux que les deux accusés ont regagné la garde-à-vue en attendant d’être fixés finalement sur leur sort. Une fois de plus, il, s’essaye dans les commérages, car, de l’avis des criminologues, il, n’est pas facile pour un criminel de passer directement aux aveux. Mais, l’Epervier du Mandé et son bras droit, l’adjudant-chef Gagny Kanté, baptisé par le suspect « Ordinateur » le mettent en confiance. Diop lâche enfin le morceau. Selon lui, Seydou Sacko dit Médecin n’avait pas gagné à une quelconque course des chevaux du PMU-Mali. Loin s’en faut. Le jour de sa disparition, il lui a dit de l’accompagner à Kati pour vendre un billet gagnant qu’il avait sur lui.

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Mais auparavant, il avait acheté un couteau qu’il avait caché dans son pantalon. Seydou le transporte sur sa moto. Arrivés à la hauteur du centre émetteur de Kati, il le fait diriger sur un chantier comme étant celui de ses parents pour un travail de quelques minutes avant de continuer leur chemin. Seydou ne doutant de rien, accepte de le suivre. A peine sont-ils arrivés que Modibo dit Van alias Diop ou Bani Keita a sorti le couteau de son pantalon pour planter deux coups au niveau de son cœur. Au moment de son forfait, le sang de sa victime inonde sa chemise. Il balance son corps dans une fosse et s’accapare de sa moto et de son téléphone portable. Il fonce sur le fleuve dans lequel il jette l’arme du crime et sa chemise maculée de sang. Il prend soin de se laver pour faire disparaître toutes les traces de sang susceptibles d’être aperçues sur son corps.

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Sur son chemin, il achète un tee-shirt avant de se retirer dans un lieu discret. Quelques heures après, il reprend son travail avec la moto de sa victime comme si de rien n’était. S’agissant du téléphone du défunt, il l’aurait jeté dans un jardin vers la dibiterie « Gigot d’or » pour éviter toute surprise désagréable. C’est à cause de sa moto jakarta que j’ai tué Seydou contrairement pour plus de 12 millions de FCFA, information rapportée dans une certaine presse. Toute chose vérifiable à la Direction de PMU-Mali », déclare en conclusion, le suspect aux policiers. No comment ! En tout cas, voilà un acte parmi tant d’autres, sur lequel les abolitionnistes de la peine de mort au Mali doivent réfléchir.

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O. BOUARE

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2 nov 2007

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